Hôpital

Reims : une femme âgée décède aux urgences, après deux heures et demi d’attente

Une femme de 73 ans est décédée aux urgences de Reims, mardi en fin de journée. Après plus de deux heures d’attente, elle était toujours sur le brancard. Certains médecins du CHU de Reims dénoncent leur manque de moyens. 

  • Par Johanna Hébert
  • ricochet64/iStock
  • 08 Mar 2018
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    Mardi, aux alentours de 16h, une femme de 73 ans est admise aux urgences du CHU de Reims. Elle a les jambes marbrées, c’est-à-dire avec des marques violacées. Un signe qui ne présage généralement rien de bon, et peut témoigner d'un choc d'après notre consultant médical. 

    Deux heures plus tard, elle est toujours sur le brancard et succombe à une crise cardiaque. Le personnel tente de la réanimer, en vain. Le fils de cette femme, qui résidait à la maison de retraite de Wilson, songe à porter plainte afin de comprendre pourquoi aucun médecin n’a pu l’examiner à temps. 

    Une enquête a été menée. Selon les résultats, aucun dysfonctionnement n’a été constaté. Plusieurs urgences vitales devaient, en effet, être gérées en même temps, selon un communiqué publié par le CHU de Reims. S'agit-il d'un problème de triage des malade ou d'un problème de gestion de plusieurs urgences. L'enquête le déterminera.


    L'organisation des urgences du CHU de Reims mise en cause 


    Même si l’enquête interne de l'hôpital conclue que tout le personnel était à son poste à ce moment et que la chaîne des décisions a été respectée, certains médecins dénoncent leur manque de moyens et leurs conditions de travail. D’abord, les urgences étaient totalement saturées en ce début de semaine. En cause, les pics épidémiques de grippe et de diarrhée aigüe, mais aussi les vacances scolaires. 

    Cependant, c’était le cas aussi dans les autres établissements de la région… Dans le journal l’Union, un ambulancier témoigne: « Les délais d’attente se sont dangereusement allongés depuis un an, avec la mise en place des nouvelles urgences qui devaient tout révolutionner… Mais, plus ça va et plus ça devient problématique : tout cela au détriment de la santé du patient qui se retrouve pris en otage. »

     

    Il poursuit: « Il n’y a qu’à Reims où l’on rencontre un vrai problème d’organisation des urgences ! À Vitry, Épernay, et même maintenant Châlons, les délais d’attente sont corrects, tout comme pour les hôpitaux de Paris et Nancy. »


    Un manque de moyens partout 


    Bien évidemment, ce décès au sein des urgences ravive le débat autour des conditions de travail du personnel hospitalier. En sous-effectif, avec de plus en plus de travail et de moins en moins de moyens.

    En témoignent les récentes manifestations qui ont eu lieu partout en France. En janvier dernier, plus de mille médecins et professionnels de santé ont signé « l’appel des 1000 » afin de dénoncer la crise financière qui frappe le milieu hospitalier. 

    Il y a une semaine, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé le dégel de 250 millions d’euros destinés aux établissements de santé publics et privés. Il s’agit de crédits gelés l’année dernière et réclamés depuis par les hôpitaux.

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