Le coût de l'erreur

Il touche 200 000 euros pour avoir perdu ses 2 testicules. Les erreurs médicales ont un prix

Les Français découvrent que l’erreur médicale a un prix. Ce que savent depuis très longtemps les patients américains, où des avocats spécialisés recrutent à coups de spots télévisés, aux heures de grande écoute.  

  • Par le Dr Axel de Saint-Cricq
  • lightsource/Epictura
  • 25 Jan 2018
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    Le tribunal de grande instance vient de condamner un médecin à verser près de 200 000 euros à un de ses malades dont le retard pris au diagnostic avait imposé l’ablation de ses testicules. Confirmation en appel.

    Cette semaine, une femme attaque le gynécologue, qui a « oublié » cinq compresses et un gant dans son vagin, après une ablation de l’utérus. Les histoires de doigt, bras ou jambe, enlevés par mégarde, sont aussi des grands classiques des histoires d’erreurs médicales que se racontent les médecins.

    L’exemple des Etats-Unis

    « Vous êtes certains que votre médecin n’a pas fait une erreur médicale ? Attaquons-le ensemble… Vous ne savez pas pourquoi ? Lui le sait. »

    Cette vilaine blague machiste des années 90 a été détournée par un cabinet d’avocats du sud des Etats-Unis.

    Ces avocats spécialisés sont rémunérés uniquement en cas de succès. Un tiers de ce que gagne le patient. Ce qui représente des sommes extrêmement importantes et reste – pour le moment – interdit en France. Ce système n’est pas sans conséquences, puisque n’importe qui peut se lancer dans un procès, en se moquant du coût de celui-ci, si l’avocat accepte de jouer le jeu. Et ils sont nombreux, tentés par l’appât du gain, puisque ce qui réussit pour un fait médical est facile à répliquer à l’infini… C’est ce système qui justifie le recrutement publicitaire par ceux que la profession appelle les « ambulance chasers », les chasseurs d’ambulance. Joli surnom.

    Les procédures sont devenues tellement nombreuses que désormais, dans la plupart des Etats, le juge consigne une certaine somme, pour dédommager l’accusé des frais du procès si aucune charge n’a été, au final, retenue contre lui.

    Les médecins font (beaucoup) d’erreurs

    En Angleterre, le British Medical Journal s’est penché, en 2016, sur l’estimation des erreurs dues aux médecins. Un chiffre pas facile à obtenir, mais la conclusion est qu’environ 200 000 malades décèdent de causes médicales évitables. Ces chiffres prennent en compte les milliers de morts dus aux infections attrapées à l’hôpital, et où la faute est probablement collective (trop d’antibiotiques prescrits et consommés, par les hommes et les animaux, hygiène médiocre…).

    En France, on ne dispose pas de chiffres officiels. Celui qui court chez les médecins est de 20 à 30 000 décès. Mais les erreurs non mortelles, comme celles qui viennent de faire la une des médias,  ne sont pas correctement répertoriées au niveau national.

    Les plaintes doivent être suffisamment nombreuses pour que, un rapide tour sur Internet vous le montrera, certains cabinets fassent désormais paraître des annonces payantes sur la toile.

    Il faut dire que quelques procès récents et célèbres donnent le vertige, par le montant des sommes obtenues.
    Ce n’est pas à nous de juger, mais si deux testicules valent 100 000 euros pièce, on peut imaginer les prix d’un bras ou d’une jambe, erreur de côté par le chirurgien au moment d’amputer, ce qui peut paraître incroyable, mais s’est déjà malheureusement produit.

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