Méta-analyses
La solitude est aussi meurtrière que l’obésité
Selon les psychologues réunis en congrès, la solitude constitue un facteur de risque de décès prématuré particulièrement lourd.
Un fléau, une épidémie, un mal insondable. Les mots pour qualifier la solitude ne manquent pas. Car au 21e siècle, nombreuses sont les personnes seules. Et les conséquences sur leur santé sont particulièrement néfastes. C’est ce qu’ont rappelé les experts internationaux lors de la convention annuelle de l'Association américaine de psychologie, à Washington. Les chercheurs ont présenté les résultats de deux méta-analyses pourtant sur la santé des personnes souffrant de solitude.
Selon ces travaux, la solitude est en expansion dans tous les pays du monde et tuerait au moins autant que l’obésité. Une première méta-analyse portant sur 148 études et 300 000 participants montre ainsi qu’une vie sociale riche, en relations et en connexions, est associée à un risque réduit de 50 % de décès prématuré.
Isolement et vieillissement
Des conclusions que l’on retrouve dans la seconde méta-analyse, qui regroupe 70 études et 3,4 millions de personnes. Ces travaux montrent qu’au contraire, l’isolement social et la solitude constituent des facteurs de risque importants de mortalité prématurée.
« Avec une population vieillissante, l'effet sur la santé publique [de l'isolement social] ne pourra qu'empirer », a alerté l'auteur principal, Julianne Holt-Lunstad, de l'Université Brigham Young.
Santé cardiovasculaire
De fait, la solitude affecte le mode de vie et, par voie de conséquence, la santé. Une personne seule aura tendance à moins se dépenser, à fumer davantage, à manger de manière moins équilibrée. Elle sera ainsi plus exposée au risque d’hypertension artérielle, d’hypercholestérolémie ou encore de diabète.
Des travaux précédents ont déjà démontré que la solitude affectait la santé cardiovasculaire. En 2016, des chercheurs de l'université de New York ont ainsi démontré qu'une personne seule avait un risque accru de 29 % de souffrir d'une crise cardiaque ou d'une angine de poitrine, et de 32 % de faire un accident vasculaire cérébral (AVC).
Selon les psychologues réunis à Washington, au-delà du bien-être mental, le fait de s'investir socialement dans des activités est l'une des clés d'un bon état de santé général. Cela passe par des hobbies, des moments en famille ou entre amis, la conscience d’appartenir à un groupe, de ne pas être personne au milieu de nulle part.
Une personne sur dix est seule
En France, une personne sur dix est seule – une sur quatre aux Etats-Unis. Les réseaux sociaux, les applications de rencontre, les clubs de seniors ou de célibataires, n’ont pas réussi à endiguer la solitude de l’Homme moderne, pas tout à fait, en tout cas.
Selon les chercheurs, il faut se prémunir de la solitude et préparer ses vieux jours : une fois à la retraite, notamment, les individus perdent un lien social important – quand bien même ils seraient soulagés d’arrêter de travailler. De la même façon qu’il est prudent de se mettre un peu d’argent de côté pour affronter cette nouvelle période de la vie, les scientifiques préconisent de se préparer à renforcer ses liens sociaux et amicaux. Les managers peuvent avoir un rôle à jouer, en organisant le plus souvent possible des interactions entre les salariés et des événements sur le lieu de travail.