Rougeole : ne pas se vacciner fait resurgir le risque lié à la maladie

Publié le 04.11.2019
Mise à jour 26.01.2024
Rougeole : ne pas se vacciner fait resurgir le risque lié à la maladie
s-dmit/iStock

La rougeole est une maladie infectieuse causée par un virus. Généralement bénigne, elle peut donner des complications et des séquelles graves. La baisse de la couverture vaccinale à la fin des années 2000 a entraîné une recrudescence notable des infections et des complications respiratoires, sources de séquelles à vie.

Rougeole : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
La rougeole tient son nom de l’apparition de boutons que l’on appelle « une éruption cutanée ».
Ces taches roses, bombées et irrégulières, sont des « maculo-papules ».

Qu'est-ce que la rougeole ?

La rougeole est une maladie infectieuse d’origine virale, éruptive et très contagieuse.
Elle se transmet principalement par voie aérienne ; par exemple, lorsqu’un malade contagieux tousse, il envoie dans l’air des microgouttelettes de salive infectées de virus. Il est possible également de contracter la rougeole après contact avec une surface contaminée par des sécrétions nasopharyngées.
Elle touche de façon plus fréquente les enfants avant l’âge d’un an et les jeunes adultes non vaccinés.
Le risque lié à la rougeole est principalement celui d’une infection grave du poumon, à l’origine de séquelles à vie, et d’une contamination du bébé d’une femme enceinte avec l’apparition d’une infection neurologique (« encéphalite virale ») gravissime.

Quelle est la cause de la rougeole ?

La rougeole est causée par un virus de la famille des « paramyxovirus » qui s’appelle le « morbilivirus ». Ce virus pénètre dans l’organisme par le système respiratoire et se loge dans les cellules immunitaires du poumon pour s’y multiplier. Ces cellules immunitaires vont alors se déplacer vers les ganglions et propager l’infection dans tout le corps.

Rougeole : DIAGNOSTIC

Quels sont les signes de la rougeole ?

Les signes de la rougeole sont typiques et suivent une chronologie précise en rapport avec le développement du virus dans l’organisme.
Tout d’abord, il existe une période d’incubation du virus de 10 à 12 jours pendant laquelle aucun signe n’apparaît. C’est une période muette pendant laquelle le virus se multiplie.
Ensuite, les premiers signes se déclenchent lors de la phase d’invasion. Elle dure 3 à 4 jours au cours desquels le malade est fatigué, fait de la fièvre à 38,5-40°, et a une toux sèche, les yeux rouges et le nez qui coule. Les enfants peuvent souvent en plus se plaindre d’un mal de ventre. Dans la bouche, on retrouve des petits points blancs sur la muqueuse des joues, c’est « le signe de Köplik ».
L’éruption cutanée caractéristique arrive de façon brutale au 15ème jour après la contagion, c’est « l’exanthème morbiliforme ». Elle commence derrière les oreilles et descend rapidement sur le visage et le tronc, puis sur le corps tout entier.
Les boutons sont des taches roses, bombées et irrégulières, « les maculo-papules », séparées par des intervalles de peau saine. Elles ne démangent pas et disparaissent en 5 à 6 jours.
Durant cette phase d’état, la fièvre persiste tant que l’exanthème ne s’est pas stabilisé. Petit à petit, les différents signes disparaissent les uns après les autres en une semaine. La fatigue et la toux peuvent persister au-delà de 15 jours.

Comment faire le diagnostic de rougeole ?

Le diagnostic de la rougeole se fait principalement sur les signes cliniques caractéristiques de la maladie. Dans la plupart des cas, il n’y a pas d’intérêt à réaliser des examens complémentaires.
Néanmoins, lorsque le diagnostic doit être confirmé avec certitude, il est possible de réaliser une prise de sang à la recherche d’anticorps dirigés contre le virus de la rougeole ; on fait alors une « sérologie virale ».
La présence d’anticorps « IgM » est caractéristique d’une infection récente, alors que la présence d’anticorps « IgG » est caractéristique d’une infection ancienne pour laquelle la personne est immunisée.
Des techniques plus coûteuses de biologie moléculaire existent pour rechercher directement la présence du virus dans les sécrétions, c’est la « PCR » ou « Polymerase Chain Reaction ».

Quand faut-il consulter en urgence ?

La rougeole dans sa forme classique n’est pas dangereuse et ne nécessite pas forcément une consultation aux urgences. Il est toutefois important de prévenir son médecin traitant pour faire le diagnostic de certitude de la maladie. Il est préférable de l’appeler au téléphone avant de se rendre dans sa salle d’attente et de contaminer des personnes non vaccinées.
Lorsqu’elle se déclare chez des nourrissons ou chez des personnes fragiles ou dont les défenses immunitaires sont affaiblies, la rougeole peut se compliquer et nécessiter une hospitalisation.
• Toute fièvre persistante après 15 jours avec une toux grasse peut être le signe d’une surinfection par une bactérie à traiter par antibiotiques. Si le malade a des difficultés pour respirer, il s’agit peut-être d’une infection grave du poumon, une « pneumopathie ».
• De plus, tout signe neurologique comme une perte de conscience, une faiblesse musculaire ou une convulsion doit faire consulter rapidement aux urgences car il y a un risque d’infection cérébrale.
Ces complications peuvent donner des séquelles pulmonaires et neurologiques à vie et aller jusqu’à entraîner la mort.

Rougeole : TRAITEMENT

Quel est le traitement de la rougeole ?

Il n’existe pas de traitement spécifique antiviral pour soigner la rougeole. Le médecin va donner uniquement des conseils hygiéno-diététiques ou des médicaments pour agir sur les signes cliniques les plus gênants : c’est ce que l’on appelle un « traitement symptomatique ». Par exemple, pour baisser la fièvre, on donnera des « antipyrétiques » (paracétamol). Faire boire de l’eau ou toute autre solution de réhydratation en quantité suffisante est important pour éviter la déshydratation de l’enfant.
Il n’y a pas d’indication à donner des antibiotiques d’emblée, car la rougeole est une infection due à un virus et non à une bactérie, mais cela peut devenir nécessaire secondairement, en cas de surinfection respiratoire d’origine bactérienne.
En l’absence de complications, le malade guérira spontanément au bout de quelques jours et sera immunisé à vie contre cette maladie.

Qu’en est-il de la vaccination contre la rougeole ?

Le seul moyen d’éviter de contracter la rougeole est de se faire vacciner. Le vaccin contre la rougeole n’est pas obligatoire mais recommandé chez les nourrissons.
Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois.
Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle.
Il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec la rougeole pour éviter la survenue de la maladie chez les personnes non vaccinées.
Très efficace, la vaccination est seulement contre-indiquée chez l’allergique au blanc d’œuf, chez l’immunodéprimé, et pendant la grossesse.
La vaccination est un acte de prévention qui permet de se protéger soi-même contre des microbes, mais également d’en protéger les autres. En effet, se vacciner permet de diminuer la transmission du virus à des personnes vulnérables comme les nouveau-nés, dont le système immunitaire ne fonctionne pas encore bien, ou à des personnes immunodéprimées du fait de l’âge, d’une maladie ou d’un traitement. Il est faux de penser qu’il n’y a plus besoin de se faire vacciner contre des maladies peu fréquentes ou disparues. Au contraire, ne pas se faire vacciner augmente le risque de les voir réapparaître.

Rougeole : VIVRE AVEC

Jusqu’à quand un malade atteint de rougeole est contagieux ?

Une personne atteinte de rougeole est contagieuse dès l’apparition des premiers signes et jusqu’à la stabilisation des lésions cutanées. Seules les sécrétions (salive, morve, toux) sont contagieuses, pas les boutons. Dans cet intervalle, il est préférable que le malade n’entre pas en contact de personnes non vaccinées ou des personnes à risque de faire des complications comme les nouveau-nés, les immunodéprimés ou les femmes enceintes.

Faut-il retirer l’enfant de l’école ?

En cas de rougeole, l’enfant doit obligatoirement rester à l’écart de son établissement scolaire ou des collectivités (crèche) dès les premiers signes et jusque cinq jours après l’apparition de l’éruption cutanée.
Il en est de même pour les adultes qui doivent être en arrêt maladie pour éviter de propager l’infection.

Que faire pour les femmes enceintes ?

Si une femme enceinte contracte la rougeole, elle peut transmettre le virus à son fœtus. La « rougeole congénitale » peut entraîner des fausses couches ou un accouchement prématuré.
Il est contre-indiqué d’administrer le vaccin à une femme enceinte ; en revanche, il est possible de la traiter avec des anticorps pour booster son système immunitaire : c’est le traitement par « immunoglobulines polyvalentes ».
Lors de la grossesse, si la femme n’est pas vaccinée, il est recommandé de réaliser une prise de sang pour rechercher d’éventuels anticorps, témoins d’une infection ancienne. En cas de sérologie négative, il est conseillé de contrôler la sérologie tous les mois et d’éviter tout contact avec des enfants en bas âge non vaccinés, ou plus généralement, toute personne présentant une éruption cutanée étendue.

Rougeole : PLUS D’INFOS

La rougeole en France

En France, le vaccin contre la rougeole est disponible depuis 1983 et les réseaux de surveillance de la santé ont observé une diminution significative du nombre de cas de rougeole avec la vaccination (en 1985, 331 000 malades ont été déclarés, 4500 en 2004, et seulement 40 en 2007).
Mais, depuis 2008 et jusque 2012, la couverture vaccinale des Français s’est détériorée et le nombre de cas a franchi la barre des 23000 cas, dont 15000 pour la seule année 2011.

Les liens de la rougeole

Le site de l’Institut National de Veille Sanitaire
http://www.invs.sante.fr/fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-prevention-vaccinale/Rougeole/
Le site d’Info Rougeole
http://www.info-rougeole.fr/index.html
Le site d’E-vaccination
http://www.e-vaccination.fr/ROR
Les liens Pourquoi Docteur
Vaccins
Rougeole : les autorités sanitaires pointent plusieurs départements
Rougeole : l'OMS alerte sur une stagnation de la vaccination
Marisol Touraine veut lutter contre la non-vaccination
Rougeole : 150 cas en Alsace
La rougeole affaiblit le système immunitaire pendant trois ans
Les vidéos You tube

Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.