Pneumologie

Sarcoïdose : l'inflammation précède le diagnostic de plusieurs années.

Des protéines de l’inflammation seraient présentes dans le plasma plusieurs années avant la déclaration clinique de la sarcoïdose. Ce terrain inflammatoire préexistant, lorsqu’il est en présence d’un facteur supplémentaire, pourrait suffire à déclencher la maladie. Des résultats qui apportent une meilleure compréhension du mécanisme physiopathologique de la sarcoïdose. D’après un entretien avec Florence JENY.

  • 28 Nov 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2024 dans l’European Respiratory Journal, à cherché à déterminer si les taux de protéines plasmatiques inflammatoires étaient  élevés avant le diagnostic de sarcoïdose par rapport aux témoins. Pour cela, les auteurs ont utilisé une cohorte nationale suédoise, comprenant plusieurs milliers de sujets et ont relevé les codages sur plusieurs années. Le sujets ont répondu à un questionnaire de qualité de vie et ont bénéficié d’un prélèvement sanguin ave congélation rapide. Les auteurs ont ensuite inclus des patients avec un diagnostic de sarcoïdose, posé au moins 2 ans après le prélèvement. Ils ont étudié quelles protéines étaient augmentées et combien de temps avant le diagnostic elles étaient élevées. Tous les dossier sont été relus par des experts de la sarcoïdose, qui ont établi une date de début des symptômes authentifiée, pour être certains qu’ il n’existait aucun symptôme au moment du prélèvement .

     

    Un profil existant dans le plasma 10 ans auparavant

    Le docteur Florence JENY, pneumologue à l’Hôpital Avicenne de Bobigny, spécialisée dans la sarcoïdose, félicite ce travail intéressant et original, à la méthodologie sérieuse, réalisé par une équipe très rigoureuse. Elle rappelle  que la sarcoïdose est une maladie multi-systémique sans cause retrouvée, sans biomarqueurs diagnostique ni pronostique. L’origine auto-immune ou inflammatoire n’est pas clairement définie. La principale hypothèse est que le système immunitaire es dérégulé, phénomène associé à des facteurs génétiques et qu’un trigger vient activer une réaction inflammatoire. Florence JENY explique que 91 protéines du plasma ont été observées dans les prélèvements sanguins des sujets inclus et que 44 d’entre elles sont spécifiquement associées à  la sarcoïdose : les cytokines, qui multiplient par trois le risque de sarcoïdose, les récepteurs aux TNF, des glycoprotéines transmembranaires, les cytokines d’activation macrophagique… Ce profil de plasma est déjà présent 10 ans avant le diagnostic de sarcoïdose. Toutefois, Florence JENY  souligne que la population étudiée n’est pas représentative de manière optimale, ce qui donne un manque de puissance à cette étude : elle est à prédominance masculine, avec un âge moyen au diagnostic de 57 ans, ce qui est déjà avancé, 24% des sujets ont  une présentation par un syndrome de Löfgren, qui n’est pas très différent de la population contrôle,  et 12% avaient une atteinte extra-pulmonaire. De plus, un BMI élevé constitue une comorbidité qui modifie les taux des protéines de l’inflammation.

     

    Une avancée dans la compréhension de la maladie

    Florence JENY explique que ces résultats renvoient vers l’interrogation selon laquelle les patients, en bon état général,  auraient déjà une sarcoïdose peu ou non symptomatique auparavant ou encore si  les comorbidités pourraient expliquer ce profil protéique. Pour elle, le message important est qu’il existe une dérégulation immunitaire très antérieure au développement de la maladie et qu’un trigger environnemental, infectieux, génétique ou lié au stress vient activer ce terrain. Florence JENY souligne l’importance de ce travail dans la compréhension, encore bien mystérieuse, des mécanismes physiopathologiques de la sarcoïdose.

     

    En conclusion, ces résultats pourraient permettre la mise ne évidence d’un biomarqueur de la sarcoïdose. L’expression d’un terrain inflammatoire préexistant, mis en présence d’un facteur supplémentaire, environnemental, infectieux ou génétique,  peut déclencher la maladie. Le mécanisme physiopathologique de la maladie est de mieux en mieux compris.

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