Pneumologie

Hôte et pathogènes, des interactions différentes selon l'âge d'apparition de l'asthme.

L’hétérogénéité de l’asthme n’est plus à discuter et des différences entre l’âge de début précoce et l’âge de début tardif pourraient expliquer les variations dans le déclin de la fonction respiratoire et dans la réponse aux traitements. Une étude sur le microbiome des voies respiratoires a cherché à savoir si une association existe entre la composition du microbiome et l’âge de survenue de l’asthme. D’après un entretien avec Pascal CHANEZ.

  • 19 Sep 2024
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    Une étude dont les résultats sont parus en août 2024, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à déterminer l’existence d’un lien entre le microbiome bactérien des voies respiratoires et l’expression transcriptomique des différentes voies métaboliques, en fonction de l’âge d’apparition de l’asthme. Pour cela, les auteurs ont réalisé une étude transversale avec la cohorte U-BIOPRED. Ils ont fait des expectorations induites chez des patients asthmatiques et en ont fait l’analyse transcriptomique afin de décrire le microbiome bactérien et l’expression transcriptomique des différentes voies métaboliques. Ils ont ensuite utilisé des méthodes statistiques complexes pour croiser les données obtenues et ont demandé aux patients à quel âge leur asthme avait débuté. L’asthme a été qualifié de tardif s’il est survenu après l’âge de 18 ans et de précoce en cas de survenue avant cet âge.

     

     

    Une identification de clusters mais quelques écueils

     

    Le professeur Pascal CHANEZ, chef du service de la Plate-forme Ambulatoire de Pneumologie de l’Hôpital Nord de Marseille, explique que les résultats de ce travail  ont permis d’élaborer un certain nombre de clusters différents, en fonction de la corrélation qui existerait entre certains acide nucléiques bactériens présents dans les expectorations  et l’âge de survenue de l’asthme de leur hôte. Il cite comme exemple, l’Haemophilus influenzae, qui serait présent dans les expectorations des patients asthmatiques précoces et tardifs, alors que la Moraxella Catarrhalis serait plus présente dans les expectorations des asthmatiques précoces. Tropheryma Whipplei utiliserait les voies métaboliques à début d’asthme tardif. Pascal CHANEZ précise donc qu’il existe une relation non biaisée, liée à certaines voies métaboliques, entre la présence d’acides nucléiques bactériens dans les expectorations et l’âge de début de l’asthme. Toutefois, il relève quelques écueils. Le premier est lié à la notion de mémoire de l’âge de survenue des premiers symptômes ce qui peut être subjectif, car issu de données déclaratives. Le second écueil est la difficulté de déterminer précisément l’apport des ces informations en pratique clinique quotidienne.

     

     

    Une nouvelle description de l’hétérogénéité dans l’asthme

     

    Pascal CHANEZ souligne que ce travail montre une nouvelle façon d’essayer de décrypter l’hétérogénéité de l’asthme, de manière différente des critères phénotypiques, liés au sexe ou encore aux expectorations. . Pour lui, l’objectif est de classifier les patients d’une autre manière, en fonction des données biologiques et pas seulement cliniques. Toutefois, Pascal CHANEZ estime que la technologie nécessaire est lourd et coûteuse pour un intérêt limité pour les praticiens, à part celui de mieux comprendre l'immuno-physiopathologie de l'asthme, peut-être grâce aux interactions hôte-microbiome. La composition du microbiome varie tout au long de la vie mais davantage pendant les premières années de vie, ce qui pourrait avoir un impact sur l’âge de déclaration de la maladie asthmatique.

     

    En conclusion, même s’il est difficile de trouver un message pratique à donner aux cliniciens face à ces résultats, les auteurs de ce travail ont la volonté de continuer à préciser ces résultats sur la cohorte U-BIOPRED. Encore des nouveautés à attendre sur la riche physiopathologie de l’asthme…

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