Gériatrie

Zona : la France très en retard sur la vaccination

La vaccination contre le zona est recommandée chez le sujet âgé pour prévenir la maladie et ses complications mais est très peu utilisée en pratique. Le congrès Prescriptions et Parcours Adaptées aux Personnes Âgées a été l'occasion de faire une piqûre de rappel sur l'intérêt de la vaccination,  les récentes données de son efficacité et le futur de la vaccination anti-zona en France.

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  • 07 Jul 2023
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    230 000 cas de zona sont diagnostiqués en médecine générale tous les ans. Une pathologie fréquente et très handicapante en raison notamment des douleurs post-zoostériennes qui peuvent subsister longtemps après l'infection. Les personnes âgées sont de loin les plus touchées par la maladie, ses conséquences et leur impact parfois majeur sur la qualité de vie. Une prévention existe et peut réduire considérablement le fardeau de la maladie : la vaccination. Mais « elle est sous-utilisée » regrette le Dr Liem Binh Luong.

    Ce dernier, spécialiste des questions vaccinales et exerçant au centre d'investigation clinique de l'hôpital Cochin est intervenu sur la question de la vaccination contre le zona lors d'un topo consacré à la maladie pendant le dernier congrès PAPA,  Prescriptions et Parcours Adaptés aux Personnes Âgées. Et « sous-utilisée » est un moindre mot quand on prend connaissance des chiffres de la couverture vaccinale anti-zona en France. Un fait regrettable en termes de santé publique car les données d'efficacité en population sont encourageantes même chez les personnes les plus âgées et un nouveau vaccin encore plus performant devrait bientôt arriver sur le marché français.

    « Le risque de faire un zona après 80 ans est de 50% »

    L'incidence du zona est très clairement corrélée à l'âge. La majorité des cas surviennent après 60 ans avec une augmentation de l'incidence avec les années qui en fait une pathologie très courante du grand âge : « le risque de faire un zona à 80 ans est de 50% » a souligné le professeur Jeandel, chef du service de gériatrie au CHU de Montpellier pendant la première partie du topo, dédiée aux particularités cliniques du zona chez le sujet âgé.

    De nombreuses études ont aussi démontré que la population âgée est plus à risque de formes graves, mais surtout bien plus sensible aux conséquences générales de la maladie. Un zona provoquera ainsi facilement chez le sujet âgé des décompensations de maladies chroniques - notamment cardio-vasculaires - associé au risque de la tristement connue « cascade gériatrique » qui peut entraîner perte d'autonomie voir décès. Une mortalité conséquente pour une pathologie d'apparence « bénigne » estimée à près de 7% chez la population âgée entre 85 et 94 ans.

    Au-delà des chiffres de mortalité, l'impact est surtout énorme sur la qualité de vie insiste le Pr Jeandel avec « des personnes invalidées sur le plan physique mais aussi psychologique » précise-t-il, en lien essentiellement avec les douleurs post-zoostériennes, névralgies chroniques qui touchent près d'un tiers de la population âgée de plus de 80 ans après un zona.

    Vacciner pour éviter la moitié des cas de zona après 60 ans

    Actuellement un seul vaccin contre le zona est disponible, le Zostavax®. Les recommandations préconisent la vaccination des personnes âgées de 65 à 74 ans révolus. Mais son utilisation est loin, très loin d'être ancrée dans les pratiques : « on estime malheureusement que la couverture vaccinale est à moins de 5% » regrette le Dr Luong. L'efficacité vaccinale est pourtant bien prouvée, enchaîne-t-il : « elle est plus importante que le vaccin de la grippe, pour donner un ordre de grandeur ».

    Plus précisément, une récente méta-analyse, incluant plus de 10 millions de personnes dont 3,3 millions de personnes âgées, publiée dans The Lancet a mis en évidence une efficacité vaccinale allant de 50% pour les 60-70 ans à 45% pour les plus de 80 ans. A cela s'ajoute une « efficacité plutôt satisfaisante » sur les douleurs post-zoostériennes avec une réduction de plus de 75% de leur survenue 1 an après la vaccination. Un vaccin donc relativement efficace mais bien « boudé » : pourquoi ?

    Tout d'abord pour le Dr Huong, il y a le problème du « coût non négligeable » du reste à charge au patient. En effet le vaccin vendu au prix de 105 euros n'est pris en charge qu'à 30% par la sécurité sociale obligeant tout patient à débourser plus de 70 euros pour se faire vacciner. Il évoque aussi un autre frein lié à la pratique médicale avec des médecins généralistes qui, selon lui, « n'ont pas l'habitude de manipuler les moyens de prophylaxie de la varicelle (ndlr : vaccin varicelle chez l'enfant et vaccin zona chez l'adulte) ».

    La France « très en retard » pour la mise sur le marché d'un nouveau vaccin, encore plus efficace 

    « L'efficacité vaccinale à 5 ans : diminuer de moitié le risque de faire un zona, ce n'est quand même pas négligeable lorsqu'on voit la fréquence de cette maladie » conclut le Dr Luong pour terminer son argumentation relative à l'importance de vacciner les 65-74 ans contre le zona.

    Et bientôt les chiffres d'efficacité vaccinale devraient grimper et achever de convaincre ceux qui trouveraient le chiffre actuel trop bas, avec l'arrivée très attendue d'un nouveau vaccin, Shingrix®.

    Les études post-AMM, en vie réelle, dans les pays où il est déjà commercialisé, montrent une efficacité vaccinale aux alentours de 70% même chez les plus de 80 ans. Le vaccin, administrable sous forme d'un schéma à deux doses, est déjà disponible depuis longtemps aux USA et dans plusieurs pays européens, en France « on est très en retard », regrette le Dr Huong, qui a bon espoir de le voir prochainement disponible en France.   

     

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