Pensées intrusives, idées noires...

L'attentat d’Orlando peut réactiver des troubles chez les victimes de Paris

Pour le Pr Thierry Baubet, la fusillade d'Orlando pourrait aggraver des troubles post-traumatiques chez des victimes des attentats de Paris. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • SIPANY/SIPA
  • 13 Jun 2016
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    Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, un homme lourdement armé à ouvert le feu dans une boîte de nuit LGBT d’Orlando (Floride, Etats-Unis). Après avoir tiré sur l’officier de police qui assurait la sécurité de ce club très fréquenté, l’assaillant s'est retranché dans les toilettes avec des otages.

    En moins de 3 heures, l’attaque revendiquée par l’état islamique a fait 49 morts et 53 blessés, dont certains dans un état grave. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier perpétré sur le sol américain depuis le 11 septembre 2001.
    « Ce nouvel attentat présente des points communs avec l’attaque terroriste du 13 novembre 2015 au Bataclan, soulève le Pr Thierry Baubet, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique de Seine-Saint-Denis, hôpital Avicennes (AP-HP). Il s’agit pour tous les deux d’un massacre commis dans un lieu de spectacle et de fête. »

    A nouveau, les témoignages bouleversants et glaçants se succèdent dans les médias. Les mêmes scènes d’horreur sont décrites par les rescapés. La même angoisse insoutenable des proches sans nouvelles. Plus de 24 heures après la tuerie, 48 personnes ont été identifiées, mais toutes les familles n’ont pas encore été prévenues.


    Troubles différés

    Pour les personnes touchées au plus près par les attentats de janvier et novembre 2015, ce nouvel attentat pourrait avoir des répercussions psychologiques en ravivant leur souvenirs douloureux et leurs peurs.
    « Chez les victimes des attaques de 2015, la survenue de tels évènements peut réactiver ou aggraver la symptomatologie post-traumatique chez des personnes souffrant déjà de stress post-traumatique, explique le Pr Thierry Baubet. Mais cette attaque peut aussi être un facteur déclencheur de troubles post-traumatiques chez des personnes qui ont vécu les attentats mais qui n’avaient pas développé de troubles jusque là. »

    Au cours de cette période post-traumatique, qui peut durer plusieurs semaines, les personnes peuvent être hypervigilantes et être en état d’alerte constant, éviter certains lieux publics comme les transports en communs jugés trop dangereux ou revivre l’événement traumatisant par flash-back ou pensées intrusives.
    « Mais le point important est qu’un tel événement ne peut pas déclencher de troubles post-traumatiques chez des personnes qui n’ont pas vécu les attentats de janvier ou novembre 2015 », insiste le psychiatre.

    Ces troubles ne sont pas à prendre à la légère. Si pour certains, ce n’est qu’un état d’angoisse transitoire, pour d’autres, il s’agit d’un état de stress post-traumatique qui demande une prise en charge spécialisée, comprenant une psychothérapie voire un traitement médicamenteux.
    Un suivi qui peut être très long comme le montrent les résultats préliminaires de l’étude I.M.P.A.C.T.S (investigation des manifestations traumatiques post attentats et de la prise en charge thérapeutique et de soutien) auxquels a participé le Pr Baubet. En effet, six mois après l’attentat de Charlie Hebdo, l’impact psycho-traumatique est encore visible chez quatre victimes sur dix. 

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