Réunion de Haut niveau de l’ONU consacrée au VIH
Sida : les associations veulent que Marisol Touraine aille plus loin
Les associations ont salué le discours de Marisol Touraine lors de la Réunion de l’ONU consacrée au sida. Elles veulent désormais des actes.
« La France regrette que nous n’ayons pas été en mesure de prendre pleinement en compte les populations clés dans notre déclaration ». Participant à la Réunion de Haut niveau de l’ONU consacrée au sida, Marisol Touraine, a reconnu les faiblesses que comporte la déclaration finale sur ces populations qui sont les plus exposées au VIH (les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les travailleurs du sexe, les injecteurs de drogues, les transsexuels). La ministre de la Santé a aussi autorisé la dispensation au sein de l'Hexagone de PrEP (prophylaxie pré-exposition) dans les tout nouveaux Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Des actions positives même si les associations souhaitent qu'elle aille encore plus loin.
Dans un communiqué, Coalition PLUS, union internationale d’associations de lutte contre le sida, et AIDES, son membre français, saluent la prise de position de la ministre à la tribune des Nations-Unies, « alors que la bataille pour renforcer le texte de l’ONU sur les populations clés a été perdue », déplorent-ils. Mais ces militants appellent désormais la France à concrétiser cet engagement politique en annonçant une augmentation des efforts financiers au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, « seule institution internationale qui parvient à soutenir financièrement des programmes de prévention, de soin et d’accès aux droits pour les populations clés, y compris dans les pays où celles-ci sont criminalisées ».
Le Canada et les Etats-Unis passent aux actes
Ainsi, il n'a pas échappé aux deux associations que des gouvernements ont déjà mis la main à la poche. Le Canada, qui accueillera en septembre prochain la conférence de reconstitution du Fonds mondial (1), a par exemple annoncé une augmentation de 20 % de sa contribution au Fonds le 9 mai dernier.
Les Etats-Unis ont pour leur part confirmé à la Réunion de Haut niveau des financements supplémentaires s’élevant à 100 millions de dollars pour développer des programmes spécifiques aux populations clés.
« Sans augmentation des financements du Fonds mondial, son soutien aux associations LGBT, d’usagers de drogues et de travailleurs du sexe sera fortement menacé, notamment dans les pays à revenu intermédiaire comme le Maroc ou l’Ile Maurice », avertissent AIDES et Coalition PLUS. Faute de moyens supplémentaires, ils rappellent que le Fonds mondial a dû cesser de soutenir ces programmes en Tunisie en 2016.
Les projets financés sont efficaces
Selon l’ONUSIDA, il faut parvenir à déployer des services de prévention et de soin adaptés pour 16 millions de gays, 13 millions de travailleurs du sexe, 7,5 millions d’usagers de drogue et 1 million de femmes trans d’ici à 2020 pour parvenir à mettre fin au sida.
« Des projets pilotes ont démontré l’efficacité de programmes dédiés pour réduire drastiquement les nouvelles infections chez ces populations : dépistage démédicalisé, centres de santé sexuelle communautaires, éducation par les pairs, réduction des risques à l’injection, assistance juridique, campagnes de lutte contre les discriminations...», concluent les deux associations.
(1) La conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se tiendra le 16 septembre prochain à Montréal, au Canada