Espoir de traitement
Sclérose en plaques : la principale mutation génétique identifiée
Des chercheurs ont découvert une mutation génétique liée au développement de la sclérose en plaques. Une première qui offre l'espoir de nouveaux traitements.
La première cause génétique de la sclérose en plaques vient d’être découverte. Dans une étude parue ce mercredi dans Neuron, une équipe de l’université de Colombie-Britannique (Canada) décrit cette mutation génétique qui serait directement liée au développement de cette maladie qui attaque le système nerveux.
« Ce résultat est crucial pour notre compréhension de cette pathologie, se réjouit Carles Vilariño-Güell, professeur adjoint au département de génétique médicale de l’université de Colombie-Britannique et l’un des auteurs de l’étude. Nous connaissons très peu les mécanismes biologiques qui contribuent à la survenue de la maladie. Cette découverte ouvre la voie au développement de nouveaux traitements qui lutteraient contre les causes profondes, et pas uniquement sur les symptômes. »
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire se retourne contre les cellules productrices de myéline, une membrane qui entoure les neurones pour les protéger. Selon les zones du cerveau touchées, les malades peuvent souffrir de troubles moteurs ou de la sensibilité, visuels, urinaires ou sexuels. Au début de la maladie, les symptômes disparaissent après une crise, mais à long-terme un handicap permanent peut s’installer. En France, environ 80 000 personnes sont touchées. Pour près de 15 % d’entre eux, la sclérose en plaques a une composante héréditaire.
Une mutation rare
Mais jusqu’à présent, les scientifiques n’avaient pas réussi à identifier clairement des facteurs génétiques pouvant expliquer cette prédisposition familiale. En revanche, la mutation génétique découverte par l’équipe canadienne augmente le risque de développer la sclérose en plaques de 70 %.
Les chercheurs ont pu faire cette découverte déterminante en s’appuyant sur les données génétiques de 2 000 familles canadiennes affectées par cette maladie auto-immune. Ils se sont particulièrement concentrés sur les familles ayant au moins 5 cas sur 2 générations. L’analyse génomique a révélé une rare mutation dans le gène appelé NR1H3 qui conduit à la production d’une protéine LXRA non fonctionnelle. Une modification retrouvée par la suite chez d’autres familles, et notamment chez tous les malades souffrant d’une forme progressive de sclérose en plaques.
Une piste thérapeutique
Des travaux chez la souris ont montré que cette même mutation induisait des troubles neurologiques, y compris une diminution de la production de la myéline comme dans la sclérose en plaques. « Il ne fait aucun doute que cette modification a des conséquences biologiques, et que la protéine défectueuse LXRA favorise le développement de la sclérose en plaques », assure Weihong Song, l’un des auteurs de l’étude.
« Il est important de noter que même si cette mutation est présente uniquement chez un malade sur 1 000, notre analyse génétique a mis en évidence d’autres variants communs dans le même gène qui sont aussi des facteurs de risques. Ainsi, si les patients ne sont pas porteurs de la mutation rare, les traitements ciblant ce gène pourront les aider », souligne Carles Vilariño-Güell, ajoutant que des médicaments en cours de développement pour d’autres pathologies se présentent comme des candidats prometteurs.