Santé physique et mentale
Expulsions de logement : des conséquences sur la santé
Les personnes sous le coup d’une procédure d’expulsion de logement seraient plus sujettes aux troubles cardiovasculaires et mentaux, selon une étude espagnole.
Les expulsions nuisent à la santé humaine. Si ce constat semble prévisible, il fait pour la première fois l’objet d’une étude scientifique qui objective les conséquences sanitaires des expulsions de logement – un sujet plus que jamais d’actualité, alors que la trêve hivernale vient de s’achever.
Des scientifiques de l’université de Grenade (Espagne) et de l’Ecole Andalouse de la Santé Publique ont ainsi analysé les données de 205 personnes (122 femmes et 83 hommes) sous le coup d’une procédure d’expulsion.
Un risque multiplié par 13
Dans leurs conclusions, publiées dans la revue scientifique espagnole Gaceta Sanitaria, ils démontrent que les personnes qui sont sous le coup d’une telle procédure, qu’ils soient locataires ou propriétaires, manifestent un état de santé physique et mentale de moins bonne qualité que le reste de la population.
Dans le détail, vivre une procédure d’expulsion multiplie par 13 les risques de se sentir en mauvaise santé (57,3 % des hommes et 80,9 % des femmes). Les risques de maladies cardiovasculaires sont multipliés par trois, et ceux de consommer du tabac, par deux. Parmi les personnes expulsées, on observe également une plus grande proportion de troubles mentaux (dépression, anxiété…).
Une cohorte pourtant jeune
Parmi la cohorte étudiée, 43,4 % des hommes et 55,7 % des femmes avaient entre 36 et 50 ans – soit une population plus jeune, en moyenne, que la population andalouse. La majorité des participants étaient au chômage (74,4 % des hommes et 53,9% des femmes). Une grande partie d’entre eux avaient suivi des études secondaires. Pour 45,8 % des hommes et 42,5 % des femmes, les revenus mensuels moyens du foyer étaient inférieurs à 500 euros.
« Étant donné l’influence sur la santé du logement et des politiques qui lui sont liées, il est nécessaire de continuer la recherche et de générer de nouvelles preuves sur la relation entre la santé et les expulsions en combinant différentes approches méthodologiques afin d’arriver à une meilleure compréhension du phénomène », précisent les auteurs de l’étude.