Etude dans PNAS
Obésité : son impact sur la santé est sous-estimé
Pour évaluer correctement les effets de l'obésité sur la santé, il serait nécessaire de prendre en compte l'évolution du poids au cours de la vie, et non l'IMC seul.
Le milieu scientifique serait-il dans l’erreur depuis plusieurs années ? Plusieurs travaux ont vanté les vertus protectrices du surpoids contre certaines maladies, aboutissant au concept de « paradoxe de l'obésité ». Une erreur lourde de conséquences, selon deux experts américains en santé publique. Ces publications n’utilisent que l’indice de masse corporelle (IMC) pour évaluer le risque de mortalité. Pour refléter la réalité, il faudrait utiliser des données sur le long terme. C’est ce qu’ils expliquent dans la revue de l’Académie américaine des sciences, PNAS.
Les recherches sur le surpoids et l’obésité font l’objet de controverses. L’une d’entre elles, parue dans 2013, a conclu que l’obésité n’augmentait pas la mortalité et que le surpoids était associé à moins de décès au cours du suivi. Mais cette étude comporte un défaut majeur, soulignent Andrew Stokes et Samuel Preston, celui de ne mesurer qu’une seule fois le poids des participants.
Une mortalité 27 % plus élevée
Ces deux chercheurs de l’Ecole de santé publique de l’université de Boston (Massachussetts, Etats-Unis) ont donc développé un modèle mathématique. Ils y ont inclus les données du sondage national menée entre 1988 et 2010. Les personnes interrogées ont notamment été interrogées sur le poids maximal qu’elles ont atteint au cours de leur vie. Parmi celles dont l’IMC était normal, 39 % avaient déjà appartenu à une catégorie supérieure: surpoids, ou obésité.
Tenir compte des variations de poids comporte bel et bien un intérêt. Le taux de mortalité est 27 % plus élevé lorsqu’un participant a changé de classe d’IMC lors de son existence. Et le surpoids ne confère aucun effet protecteur : diabète et maladies cardiovasculaires sont plus fréquents chez ceux qui font le yo-yo, ou dont le poids est excessif.
Ce mauvais état de santé, même après un retour à une corpulence normale, s’explique par les dégâts d’un surpoids sur l’organisme. Mais selon les auteurs, un second facteur doit être pris en compte : une perte de poids peut aussi être causée par la maladie.