Exercice illégal de la pharmacie
Viralgic : l'herboriste parisien encourt un an de prison ferme
Il affirmait combattre 80 % des maladies, dont le sida, avec des préparations de plantes médecinales. Accusé d'exercer illégalement la pharmacie, il encourt la prison et 50 000 euros d'amende.
Huiles essentielles, tisanes, teinture mère… Il prétendait combattre 80 % des maladies, y compris le sida, avec des plantes. Résultat : le tribunal correctionnel de Paris a requis un an de prison ferme et 50 000 euros d’amende contre Jean-Pierre Raveneau pour « exercice illégal de la pharmacie ».
Dans sa boutique parisienne à quelques pas de la place Clichy et de la gare Saint-Lazare, le docteur en pharmacie expliquait à ses clients pouvoir combattre l’hypertension, la grippe H1N1, le paludisme ou encore le sida grâce à des préparations de plantes.
Or, depuis 1941, seuls les pharmaciens inscrits à l’ordre nationale et leurs officines ont le quasi-monopole des ventes des plantes médicinales, excepté 150 d’entre elle jugées non toxiques. L’herboriste, bien que pharmacien de formation, n’est pas inscrit à l’ordre et n’exerce pas dans une officine.
Déjà condamné en 2011
L’un des ses produits « miracles » le Viralgic, interdit en France depuis 2011, lui a déjà valu une condamnation : un an de sursis et 15 000 euros d’amende. Il affirmait qu’il agissait directement sur le VIH et renforcer le système immunitaire. Aujourd’hui, il est considéré par l’accusation en état de récidive.
A la barre, il s’est défendu en expliquant avoir délivré uniquement des conseil à ses clients, et vendu des plantes et non des médicaments. « Quand je parle de combattre (une maladie), c'est s'y opposer, mais je n'ai jamais prétendu guérir telle ou telle pathologie », a plaidé le prévenu.
De son côté l’accusation rappelle que Jean-Pierre Raveneau avait déjà été prévenu qu’il pratiquait une activité illégale. Mais il n’aurait pas pris en compte cet avertissement, et a continué à vendre le Viralgic et autres potions concoctés par ses soins.
Plusieurs signalements
A l’origine de cette nouvelle procédure, le signalement aux autorités d’un pharmacien de la Loire. Un de ses clients lui avait réclamé une préparation hypnotique forte qu’il s’était déjà procuré chez l’herboriste parisien. En 2012, le procureur de la République a eu connaissance d’un prospectus ventant les vertus du Viralgic. Ce tract affirmait que cette préparation de plantes contenait « 600 molécules associées et combat efficacement le VIH/Sida et plusieurs autres maladies ».
Outre la condamnation de l’herboriste, la procureure Flavie Le Sueur a réclamé la fermeture de deux herboristeries ainsi que 3 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour la propriétaire des boutiques, Nicole Sabardeil. Sa société, Pharma Concept, pourrait également être condamné à verser 100 000 euros d’amende.
Les avocats des prévenus ont demandé la relaxe de leurs clients. Le jugement a été mis en délibéré au 17 février.