Santé osseuse
Ostéoporose masculine : une condition méconnue mais bien dangereuse
L'ostéoporose, une maladie qui réduit la densité osseuse, est sous-diagnostiquée chez les hommes, ce qui conduit à augmenter le risque de mortalité post-fracture avec l'âge.
Avec l’âge, tout le corps s’abîme et le tissu osseux ne fait pas exception : il se détériore et perd en densité, ce qui le rend moins solide. C’est ce qu’on appelle l’ostéoporose. Chez les femmes, cette baisse de la qualité osseuse devient particulièrement évidente après la ménopause, car l’œstrogène, une hormone sexuelle qui a un effet protecteur sur le squelette, est moins produit (notamment par les ovaires). Cependant, ce qui est moins connu, c’est que les hommes aussi sont affectés. The Conversation revient dans un article écrit par deux chercheurs espagnols en physiopathologie osseuse et professeurs de biologie cellulaire, Arancha R. Gortázar et Juan Antonio Ardura, sur les dangers de l’ostéoporose masculine.
25 % des fractures ostéoporotiques surviennent chez les hommes
“Bien qu’ils ne subissent pas une perte brutale d’hormones sexuelles comme les femmes, ils peuvent également être frappés d’ostéoporose. Il se produit ainsi un nombre bien plus important de fractures masculines que ce que l’on croit souvent”, soulignent les chercheurs.En effet, 25 % des fractures ostéoporotiques surviennent chez les hommes. Surtout, les complications et la mortalité associées à ces fractures sont plus élevées chez les hommes que chez les femmes. On estime en effet qu’environ 80.000 hommes développeront, chaque année, une fracture de fragilité de la hanche, qu’un sur trois en mourra au cours de la première année et qu’une même proportion sera sujette à de nouvelles fractures.
Malgré ces chiffres, “l’ostéoporose reste sous-diagnostiquée chez les hommes et donc, dans de nombreux cas, non traitée. Les professionnels de la santé ne sont parfois pas suffisamment conscients du phénomène, ce qui contribue à retarder son diagnostic”, regrettent les chercheurs. Les hommes concernés, et qui ignorent l’être, ne seraient donc pas incités à prendre les précautions adéquates. Le problème, c’est que les hommes développent l’ostéoporose au moins une décennie plus tard que les femmes, avec une incidence des fractures qui augmente fortement entre 70 et 75 ans. “Cela contribue à l’augmentation de la gravité et du risque de mortalité post-fracture, notamment parce que le vieillissement produit également une situation d’inflammation chronique de faible intensité qui accélère le processus de dégradation osseuse – et donc accroît le risque de fracture”, indiquent Arancha R. Gortázar et Juan Antonio Ardura.
Quelles sont les causes de l'ostéoporose ?
L’ostéoporose se caractérise par une diminution de la masse osseuse et une détérioration de la microarchitecture et de la qualité de l’os. Ces changements augmentent leur fragilité et entraînent par conséquent un risque accru de fractures. Certaines zones du squelette sont particulièrement vulnérables : hanches, colonne vertébrale et poignets sont concernés. “L'ostéoporose passe souvent inaperçue, car il s’agit d’une maladie qui se développe en silence et est asymptomatique… jusqu’à un certain point. À un moment donné, la détérioration du squelette va être à l’origine d’une première fracture qu’aucun signe avant-coureur ne laissait présager”, remarquent les biologistes espagnols. Ainsi, plus de 370.000 fractures seraient dues à l’ostéoporose chaque année (entre 9 et 200 millions dans le monde), dont 74.000 de la hanche. En plus de la hanche, les fractures liées à l’ostéoporose sont le plus fréquemment des fractures vertébrales, des fractures du col du fémur et des fractures du poignet.
Mais pourquoi perdons-nous de la masse osseuse ? Arancha R. Gortázar et Juan Antonio Ardura expliquent : “Tout au long de la vie, notre squelette connaît des cycles de renouvellement ou de remodelage au cours desquels le tissu osseux ‘ancien’ est dégradé (par des cellules appelées ostéoclastes) et, dans le même temps, est remplacé par de l’os neuf (par les ostéoblastes). Cette régénération permanente lui permet de continuer à résister aux défis parfois brutaux auxquels nous le soumettons au quotidien…” Le problème est qu’au fil des décennies, ce processus de remplacement se fait moins efficace. “Les cellules responsables de la (re)formation de l’os ne sont alors plus en mesure de compenser la perte de matière qui, elle, continue au même rythme. En conséquence, le bilan devient négatif. Nous perdons, à la fois en quantité et en qualité, du tissu osseux dans le cadre d’un processus naturel inhérent au vieillissement”, détaillent les deux professeurs.