Sport et santé

Football : jouer avec la tête nuit au cerveau

L’analyse d’échantillons sanguins montre une dégradation des taux de certaines molécules présentes dans le cerveau chez les footballeurs qui sont coutumiers du jeu de tête. 

  • Par Mégane Fleury
  • alphaspirit/istock
  • 17 Fév 2022
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    Quel danger peut représenter un ballon de football ? A priori, aucun. Pourtant, lorsqu’on joue avec la tête, celui-ci peut dégrader la santé cérébrale. Dans la revue spécialisée Brain Injury, des scientifiques expliquent comment ils sont parvenus à ce constat. Ils ont analysé des échantillons de sang de 89 joueurs de football professionnels. Dans leurs résultats, ils constatent des "altérations spécifiques" des niveaux de marqueurs sanguins, ce qui suggère des dégradations cérébrales. 

    Des liens avec l’expression des gènes

    Précédemment, des études ont démontré que certains microARN présents dans le sang sont altérés suite à une lésion cérébrale traumatique légère. Ces petites molécules sont présentes dans nos cellules, et impliquées dans différents processus, dont l’expression des gènes. Pour cette raison, les scientifiques ont voulu utiliser cette technique pour observer l’activité cérébrale des footballeurs. Les échantillons sanguins ont été récoltés au repos, puis une heure après l’exercice physique et douze heures après. Les chercheurs ont réalisé ces prises de sang suite à des évènements précis : après un impact accidentel à la tête lors d’un match, après des jeux de tête répétitifs à l’entraînement ou après un exercice de haute intensité. 

    Un nouvel outil de dépistage 

    Les scientifiques constatent que ces biomarqueurs, dits microARN, affectent différentes voies de signalisation liées à l'activité cérébrale. Ces microARN sont impactés uniquement lorsque les footballeurs jouent avec la tête et pas lorsqu’ils réalisent d'autres exercices de haute intensité. Leurs découvertes attestent de la dérégulation de huit microARN. "Les résultats ajoutent des preuves supplémentaires pour démontrer que les microARN peuvent être utilisés comme biomarqueurs de lésions cérébrales, précisent l’équipe de recherche. Ceux-ci ont le potentiel de différencier la gravité des blessures et de faire la distinction entre les différents types d'impacts à la tête observés au football." Ils notent toutefois des limites à leur recherche, notamment la taille de l’échantillon et l’absence de relevés biomécaniques sur les impacts subis à la tête, car les chercheurs se sont basés sur l’observation en temps réel et en vidéo. D’autres recherches complémentaires seront nécessaires, mais les scientifiques sont optimistes. "Les découvertes futures pourraient conduire à une meilleure compréhension des potentiels effets dangereux des impacts répétitifs sur la tête, estime Stian Bahr Sandmo, co-auteur et chercheur au sein du Centre de recherche sur les traumatismes sportifs à l'École norvégienne des sciences du sport. Avec des millions de personnes jouant au football dans le monde, cela pourrait avoir une influence substantielle sur la santé publique."

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