Coronavirus
Covid-19 : une immunité collective l'été prochain, peut-on y croire ?
Dimanche soir, Thierry Breton, le commissaire européen au Marché Intérieur en charge des vaccins, a annoncé que l’Europe pourrait atteindre l’immunité collective au 14 juillet. Et lundi matin, Alain Fischer, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, lui a emboité le pas et table sur un retour à la vie normale “à l’été, automne”.
À quand un retour à la “vie d’avant” ? “À l’été, automne”, a répondu ce matin Alain Fischer, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, à BFM TV. Une perspective encourageante, au lendemain des annonces de Thierry Breton, le commissaire européen au Marché Intérieur en charge des vaccins, qui a estimé que l’Europe pourrait atteindre l’immunité collective au 14 juillet. “Prenons une date symbolique : le 14 juillet nous avons la possibilité d'atteindre l'immunité au niveau du continent”, a-t-il déclaré au 20 heures de TF1.
Vacciner 30 millions de Français d’ici à la mi-juin
La poursuite et l'intensification de la vaccination font espérer, d’ici quelques mois, ce retour à la vie normale, symbolisée par la fin des mesures de restrictions sanitaires et la réouverture des lieux de culture, des bars ou encore des restaurants. “C'est la dernière ligne droite parce que nous savons que pour vaincre cette pandémie, une seule solution : se faire vacciner. Les vaccins arrivent, ils seront là”, a avancé Thierry Breton. Entre les mois de mars et juin, ce sont entre 300 et 350 millions de doses de vaccin qui vont, selon lui, être livrées en Europe. Dans le détail, 60 millions de doses vont être livrées en mars, 100 millions en avril et 120 millions en mai.
Mais il reste encore plusieurs étapes à franchir avant de pouvoir retrouver notre “vie d'avant”. “Il faut un certain temps, parce que pour que la vie redevienne normale, il faut que la circulation du virus ait franchement diminué et que les personnes les plus vulnérables soient protégées, soit 20 millions de Français. En tous les cas, toutes celles qui le veulent. Donc il faut un certain temps”, a tempéré Alain Fischer. Le gouvernement espère vacciner 30 millions de Français d’ici à la mi-juin, soit plus de la moitié de la population majeure française - sur un total de 53 millions. “Pour les personnes fragiles, on ne devrait pas être pas loin du but d'ici fin mai. Mais pour faire diminuer la circulation du virus, il faut que les plus jeunes, moins fragiles mais qui disséminent le virus, le fassent cet été. Donc on arrive à l'été, l'automne pour une vie normale”, a détaillé Alain Fischer.
Les effets de la vaccination déjà visibles chez les plus de 80 ans
Pour atteindre ces objectifs, la campagne de vaccination va connaître deux grandes étapes. En avril, toutes les personnes de plus de 65 ans devront pouvoir se faire vacciner et en mai, ce sera au tour des plus de 50 ans. Actuellement, seuls les plus de 75 ans, les personnes âgées de 50 à 74 ans atteintes de comorbidités, les personnes atteintes d'une pathologie à haut risque et certains professionnels sont éligibles. Dans cette catégorie de population, déjà, les effets de la vaccination se font ressentir. “On observe aussi que pour les personnes âgées d'une manière plus générale, au-delà de 80 ans au moins, le nombre de personnes hospitalisées diminue très franchement. Donc on observe des effets, bien sûr on en est qu'au début, mais ce sont des effets tangibles de la vaccination”, poursuit le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale.
Ces chiffres et estimations ne sont possibles que s’il y a une forte adhésion au vaccin, qui reste sur la base du volontariat. Pour pallier ce risque, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a proposé d’ouvrir la vaccination à “tous ceux” qui le souhaitent. “Pas vraiment une bonne idée, lui répond Alain Fischer. La priorité c'est de sauver ces vies et de protéger autant qu'on le peut notre système hospitalier. (...) Il faut faire des choix et le choix c’est priorité toute, et après on passera aux autres.”
Pfizer devrait compenser les retards des livraison de AstraZeneca et Johnson & Johnson
L’autre inconnue reste le nombre de doses qui seront livrées alors que des retards ont déjà eu lieu, notamment avec la suspension provisoire du sérum d’AstraZeneca avant de reprendre pour les plus de 55 ans. Dans son dernier calendrier prévisionnel, daté à vendredi, le ministère de la Santé a réévalué les échéances pour les vaccins d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson. Le gouvernement n'attend pour le premier plus que 4,5 millions de doses à la fin mars, et 7,4 à la fin avril alors qu’une livraison de 9 et 13 millions de doses était prévue. Janssen, filiale européenne de Johnson & Johnson, livrera pour sa part 400 000 doses en avril, au lieu des trois millions envisagés avant son homologation. En revanche, Pfizer a annoncé être capable de livrer davantage que prévu, à un niveau qui compense presque à lui seul les pertes des autres. L’ajout de ces doses, prélevées au niveau européen sur les 100 millions de doses en option prévues aux troisièmes et quatrièmes trimestres, devrait permettre aux États européens de se faire livrer au total plus de 200 millions de doses de ce vaccin au deuxième trimestre. Au début de l'été, un vacciné sur deux en France, soit presque 20 millions de personnes, pourrait l'être avec ce produit.