Campagne vaccination
Grippe : le risque d’une pénurie de vaccins en pleine période épidémique
La campagne de vaccination contre la grippe qui doit débuter mardi 13 octobre fait face à une incertitude concernant les stocks. De nouvelles commandes ont été effectuées par anticipation mais, en pleine période de coronavirus, la demande est imprévisible.
La campagne de vaccination contre la grippe débute de mardi 13 octobre. Face à la similitude des symptômes entre une infection à la Covid-19 et à la grippe, les appels à se faire vacciner se sont multipliés. L’Assurance maladie a assuré avoir envoyé ou va envoyer des bons de prise en charge du vaccin contre la grippe à 15,8 millions de personnes jugés à risque : les plus de 65 ans, les femmes enceintes et tous ceux, enfants inclus, qui présentent une pathologie chronique. L'Académie de médecine a appelé à la rendre obligatoire pour toutes les personnes qui travaillent auprès des plus fragiles. La Haute Autorité de santé va, de son côté, lancer une vaste campagne pour inciter un maximum de personnes à se faire vacciner. En plus, des médecins et politiques ont également fait part de leur volonté de sensibiliser le plus de personnes possible.
Prioriser les receveurs du vaccin
Pour répondre à ces appels à étendre la vaccination contre la grippe, qui a concerné moins d’une personne à risque sur deux et à peine plus d’un personnel soignant sur trois, il faut disposer d’un stock de vaccins suffisant. Les pharmaciens d’officine ont augmenté leurs commandes de 20 % et, au cas où cela ne suffirait pas, les autorités sanitaires ont lancé un appel d’offres auprès de différents fabricants pour constituer un stock de réserve. L’année dernière ce sont plus de 10 millions de doses qui ont été vendues en pharmacien, selon le réseau d’officines Pharmastat. C’est près de 6 millions de moins que la totalité des personnes qui ont reçu des bons de prise en charge (15,8 millions de personnes) et des 310 000 soignants concernés. À cela peuvent s’ajouter tous ceux qui, par prévention, prennent la décision de se faire vacciner.
Pour répondre à cette problématique, l’Académie de pharmacie a appelé, dans un communiqué publié le 5 octobre dernier, à ce que “le vaccin contre la grippe soit délivré d’abord aux personnes prioritaires”. Même initiative pour le gouvernement qui a demandé, le 20 août dernier dans une lettre adressée à l’ordre national des pharmaciens, de “réserver, en début de campagne, et cela jusqu’au 30 novembre, les doses de vaccins aux personnes ciblées dans les recommandations vaccinales”. La peur de la pénurie est réelle puisque comme le précise Claire Roger, directrice de l’unité vaccins chez GSK France, au Monde : “Le marché de la grippe est basé sur un système de précommandes passées par les pharmaciens et les collectivités entre décembre et mars, soit sept mois minimum avant le début de la vaccination.”
Une association confirmée dans 39 pays
Un lien entre vaccin contre la grippe et l’augmentation du décès des personnes les plus âgées pourrait bien remettre en cause la campagne vaccinale. Le 18 juin dernier, un rapport réalisé par un médecin espagnol, le docteur Juan F. Gastón Añaños, du service de pharmacie de l’hôpital espagnol de Barbastro, affirme qu’un lien existe entre le vaccin contre la grippe saisonnière et les décès des personnes les plus âgées après une infection à la Covid-19. Depuis sa publication, ce rapport a été supprimé avant d’être re-publié sans que les modifications apportées soient précisées.
Une étude publiée le 1er octobre dans la revue PeerJ a montré une corrélation entre le taux de vaccination contre la grippe et les décès de personnes âgées du fait de la Covid-19 dans 39 pays. Les personnes âgées qui ont été vaccinées contre la grippe sont davantage décédées de la Covid-19 que celles qui ne l’ont pas été. Les auteurs ont précisé que d’autres recherches sont nécessaires pour expliquer ces résultats qui ne relèvent que de l’observation.