Virus millénaire
On a daté l’apparition de la rougeole : il y a 2 500 ans !
Des chercheurs du Robert-Koch Institute, en Allemagne, ont étudié le poumon d'un patient décédé de la rougeole en 1912 et en ont conclu que le virus n’aurait pas 1 000 ans comme on le croyait jusqu’alors… mais près de 2 500 !
Maladie extrêmement contagieuse, la rougeole est responsable, selon les nouvelles estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) des États-Unis, de 140 000 décès dans le monde en 2018.
S’il n’existe à ce jour aucun traitement curatif, la rougeole est loin d’être une maladie récente : elle serait même plus âgée que Jésus-Christ ! C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par des virologues du Robert-Koch Institute, à Berlin. Dans la revue Science, ils expliquent avoir découvert que le virus ne date pas de la fin du IXe siècle comme on le pensait jusqu’alors, mais à 528 avant J.-C. environ.
L'essor des villes comme déclencheur
Comment ont-ils pu faire une rectification aussi importante, de plus de 1 000 ans ? Ils ont d’abord choisi de remettre en question la première description de la rougeole, qui remonte à un texte persan datant du Xe siècle. “Les textes médicaux anciens ne sont pas une source d’information très précise. Les descriptions cliniques sont très sommaires, et il est difficile de distinguer si un auteur parle de rougeole, de variole, ou d’une autre maladie”, estime Sébastien Calvignac-Spencer, virologue à l’Institut Robert-Koch, cité par Le Figaro.
Dérivée de la peste bovine, avec laquelle elle partage de nombreux génomes, la rougeole aurait en réalité fait son apparition il y a plus de 2 500 ans, au moment de l’apparition de grandes villes comptant des centaines de milliers d’habitants, notamment en Chine, en Inde, en Afrique du Nord et en Europe. Cela a permis au virus de circuler sans risquer de se retrouver dans une impasse, avec plus aucun hôte à infecter.
C’est la collection de poumons du Musée d’histoire médicale de Berlin qui a mis les virologues sur cette voie. Ils ont notamment analysé celui d’une fillette de deux ans décédée de la rougeole en 1912. Il s’agit à ce jour du plus vieux génome de virus de rougeole jamais analysé. Les chercheurs ont pu reconstituer l’arbre phylogénétique du virus en le comparant avec le génome d’autres virus actuels et de virus d’animaux. “La rougeole a probablement sauté plusieurs fois de l’animal à l’homme”, estime Sebastian Duchêne, co-auteur des travaux. Avant qu’il ne puisse finalement qu’infecter les humains et causer de grandes épidémies jusqu’aux années 1990.