Covid-19

À quoi servent vraiment les tests sérologiques ?

Les tests sérologiques, qui permettent d'indiquer si une personne a développé des anticorps empêchant une réinfection, pâtissent du manque de connaissance sur le lien entre le niveau d'anticorps et la protection dont bénéficie la personne. Malgré cela, ces tests sont essentiels pour aborder au mieux le déconfinement et lutter contre la propagation du virus.

  • Par Jean-Guillaume Bayard
  • ElMiguelacho/iStock
  • 08 Jun 2020
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    Beaucoup de Français s’interrogent pour savoir s’ils ont ou non été infectés au Covid. Est-ce que la toux qu'ils ont eue au début du confinement était liée au coronavirus ? Si vous n'avez pas eu de symptôme mais qu'un ami l’a eu et que vous l'avez vu peu de temps avant, avez-vous été contaminé ? Pour répondre à ces différentes interrogations, une opération délivre un verdict: le test sérologique. Ces tests sanguins recherchent la présence d'anticorps indiquant si une personne a été confrontée à la Covid-19.

    Des tests déjà pratiqués sur le terrain

    Ces tests, officiellement remboursés par la Sécurité sociale depuis la semaine dernière, tiennent un rôle complémentaire dans le déconfinement et la lutte contre la propagation du coronavirus. L’absence de certitude sur l’immunité et la présence d’anticorps pour protéger contre une nouvelle infection en est la principale raison. “On ne peut probablement pas généraliser leur utilisation tant qu'on n'a pas plus d'informations sur la corrélation entre niveau d'anticorps et protection, et sur la durée de la protection”, confirme à l'AFP Christophe D'Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur, où a été évaluée la performance des tests homologués.

    Un flou sur l’immunité persiste mais n’empêche pas les professionnels de santé de réaliser ces tests sur le terrain. “Si un patient me demande : ‘Est-ce que j'ai été en contact avec le virus?’ Oui, je lui propose le test sérologique. Mais s'il me pose la question: ‘Est-ce que je suis immunisé?’ ou ‘Est-ce que je suis contaminant?’, je lui dis que je ne peux pas répondre…”, témoigne Hikmat Chahine, directeur médical du groupe de laboratoires biologiques Unilabs, à l’AFP. Dans les faits, ces tests sérologiques sont déjà pratiqués sans ordonnance depuis plusieurs semaines dans de nombreux laboratoires de biologie médicale, et certaines collectivités territoriales organisent des campagnes de dépistage, comme la ville de Nice, qui proposera à ses habitants un dépistage sérologique gratuit sur la base du volontariat à partir de mercredi. Certaines pharmacies en réalisent aussi, alors qu'elles n'y sont pour le moment pas autorisées.

    Même si la sérologie est positive, le principe de précaution prévaut

    La réalisation de ces tests répond aux connaissances sur le virus qui s’affinent jour après jour et tendent vers la confirmation qu’après une infection, un patient développe des anticorps qui le protège. Fin mai, une étude menée par l’Institut Pasteur et le CHU de Strasbourg a confirmé qu’un mois après leur guérison, les malades ont toujours des anticorps qui préviennent d'une réinfection. La notion d’immunité croisée est également apparue, selon laquelle de nombreuses personnes sont immunisées contre le SARS-CoV-2 grâce à des anticorps développés contre d'autres bactéries. Il existerait également une immunité cellulaire croisée entre le SARS-CoV-2 et les coronavirus du rhume mais cela ne garantie pas la présence d’anticorps.

    Si une personne est amenée à être positive au test sérologique, indiquant donc qu’elle possède des anticorps qui permettent a priori d’empêcher une nouvelle infection, cela ne signifie pas qu’elle doit oublier les mesures barrière et reprendre les mêmes habitudes qu’avant la pandémie. “Si ma sérologie est positive, est-ce que ça m'autorise à aller me balader dans les rues, dans les magasins sans masque? La réponse est non. On n'en sait pas encore assez”, prévient le professeur Pierre Tattevin, infectiologue au CHU de Rennes. C’est donc le principe de précaution qui prévaut. “Si vous serrez la main de quelqu'un qui est malade, même si vous-même ne tombez pas malade, vous pouvez ensuite serrer d'autres mains ou déposer du virus sur des surfaces et ainsi contaminer d'autres personnes”, a ainsi averti le ministre de la Santé, Olivier Véran.

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