Société
Le racisme engendre des répercussions sur la santé des personnes qui le subissent
De nombreuses études ont démontré que le racisme avait une influence considérable sur la santé psychologique et physique des personnes qui le subisse.
La mort de George Floyd, énième victime des violences policières perpétrées sur des personnes de couleur aux Etats-Unis, a soulevé un vent de contestations et ses mots “je ne peux plus respirer” sont devenus ceux d'une génération éprouvée par des siècles de discriminations raciales.
Outre l'indignation que suscite le meurtre de ce père de famille, il est important de rappeler que le racisme et les discriminations nuisent considérablement à la santé des personnes qui en sont victimes.
La somatisation des discriminations subies
En France, bien que les statistiques ethniques soient interdites, de nombreuses études ont rapporté les répercussions physiques et psychologiques liées aux discriminations raciales. Betel Mabille, formatrice et experte des questions liées au racisme et aux discriminations, explique dans un rapport que certaines personnes racisées somatisent les discriminations qu’elles subissent — la somatisation correspondant au fait qu'un problème psychique devient peu à peu physique.
On parle alors de maladies psychosomatiques, la majorité du temps provoquées par le stress et l'anxiété liés à une situation ou un événement traumatique. “Cela peut se traduire par des symptômes physiques : douleurs, éruptions cutanées, douleurs musculaires, douleurs articulaires, etc.”, détaille Betel Mabille.
Les agressions ou micro-agressions dont sont victimes certaines personnes racisées peuvent engendrer un stress constant, voire chronique et provoquer des maladies cardiovasculaires, digestives et/ou mentales (hypertension, ulcères, douleurs abdominales, problème de circulation sanguine, cancer, etc), les effets néfastes du stress sur la santé n'étant plus à prouver.
“Les personnes racisées ou vivant des discriminations de manière générale vont être constamment vigilantes et stressées car elles gardent en tête l’idée de subir une agression ou micro-agression, explique l'experte. En termes de santé mentale, ce stress peut se traduire par des états dépressifs, de l’anxiété, une faible estime de soi, de l’irritabilité, des troubles de l’alimentation, l’utilisation de substances ou encore de l’agressivité.”
Le racisme entraîne une réaction inflammatoire
La psychologue clinicienne April Thames a démontré dans l'une de ses études publiée sur le site de l'université de Cambridge (Royaume-Uni) que le racisme altère les performances neuropsychologiques des victimes et engendre une réaction inflammatoire, l'un des principaux moteurs de la maladie. “Un domaine relativement nouveau appelé génomique sociale montre comment la fonction des gènes — appelée expression génique ou génétique — est influencée par les conditions sociales”, explique-t-elle au site IflScience.
Certaines personnes “marginalisées” présentent une activité génétique anormale, selon la chercheuse, notamment au niveau de leur réponse immunitaire innée. “L'immunité innée est la façon dont le corps combat et réagit aux agents pathogènes étrangers. Le docteur Steve Cole [de l'université de Californie à Los Angeles, NDLR] a nommé ce modèle d'activité des gènes la ‘réponse transcriptionnelle à l'adversité’. Il fait référence à l'activité des gènes contrôlant l'immunité innée dans des conditions environnementales positives ou négatives.”
En outre, souffrir de racisme et/ou de discriminations peut entraîner des événements biochimiques complexes qui activent les gènes de l'inflammation et engendre une maladie.
Les conséquences sur la santé des enfants et des adolescents
En 2018, la revue scientifique JAMA Pediatrics a publié les résultats d'une étude portant sur les conséquences du racisme sur la santé des adolescents américains entre 2016 et 2017. Selon les chercheurs, le niveau de préoccupation autodéclaré concernant l'augmentation des discriminations raciales était associé à une consommation de substances illicites plus élevée et à un plus grand nombre de substances différentes consommées.
Les adolescents racisés avaient un risque plus élevé de faire une dépression (+11%) et 12% plus de risques de souffrir d'un trouble de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH), un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise par une inattention, de l'impulsivité et une hyperactivité. Ces symptômes constituent un vrai handicap, notamment pour l'apprentissage scolaire.
L'année suivante, l’American Academy of Pediatrics (AAP) alertait dans un rapport sur les effets sanitaires néfastes de la discrimination raciale à l'égard des enfants. Selon Jackie Douge, pédiatre du département de la santé du comté de Howard et co-autrice du rapport, le racisme affecterait la qualité de sommeil, l'estime de soi et la vision du monde des enfants qui en subissent.