Santé cardiovasculaire

Déconfinement : inquiétante hausse des maladies cardiovasculaires chez les femmes

Les cardiologues observent une inquiétante hausse des maladies cardiovasculaires depuis la levée du confinement, notamment parce que les gens refusaient de consulter un spécialiste à cause de l'épidémie de Covid-19.

  • Par Anaïs Col
  • monstArrr_/iStock
  • 27 Mai 2020
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    Nombre de Français ont déserté les services médicaux pendant le confinement, de peur d'être infectés par la Covid-19. Selon un récent sondage Ipsos, 51% d'entre eux ont renoncé à au moins une consultation médicale en ville ou à l'hôpital et 46% ne se sont pas rendus à un rendez-vous prévu avec leur médecin généraliste (28%) ou spécialiste (26%).

    Une tendance que l'on observait chez les patients atteints de diabète (52% contre 51% pour l’ensemble des patients chroniques), de cancer (51%), de maladie respiratoire (52%) ou encore d’hypertension artérielle (51%). 

    Des maladies cardiovasculaires non traitées

    Malheureusement, les conséquences commencent à se voir, notamment chez les cardiologues qui font face à une hausse inquiétante des maladies cardiovasculaires, notamment chez les femmes. Interrogé sur Europe 1 début avril, le professeur Pierre Amarenco, neurologue à l'hôpital Bichât, à Paris, avait précisé que la baisse des admissions pour AVC, AIT ou encore infarctus était “de l’ordre de 50 à 70%” en Île-de-France. 

    Les personnes qui ont des symptômes d'infarctus attendent une journée, voire une semaine, avant d'appeler le 15 alors que nous n’avons que 3 heures pour sauver le muscle cardiaque !”, s'inquiétait également la professeure Claire Mounier-Vehier, cardiologue, chef du service de Médecine vasculaire et HTA au CHU de Lille, dans un communiqué de la fondation Agir pour le Cœur

    Depuis la levée du confinement, les cardiologues observent une hausse des infarctus du myocarde et des AVC chez les femmes. "Les femmes sont plus sensibles que les hommes aux facteurs de risques classiques, expliquait-elle à France Bleu le 26 mai. Pendant le confinement, elles ont vécu la sédentarité, elles ont moins bien mangé, probablement plus fumé pour les fumeuses. Il y a eu un stress lié au télétravail ou à la précarité. Il faut aussi faire l'école à la maison pour les enfants, et s'occuper de la maison. C'est un véritable cocktail pour provoquer des accidents cardiaques.”

    L'importance d'agir dans les trois heures

    Communément appelé “crise cardiaque”, l’infarctus du myocarde correspond à la destruction partielle du muscle cardiaque, due à l’obstruction d’une artère qui alimente le cœur en sang, et donc en oxygène. Il s'agit d'une situation d'extrême urgence nécessitant une prise en charge rapide. “Si un infarctus n'est pas pris en charge dans les trois heures, le muscle cardiaque est mort”, alerte la spécialiste. En France, 80 000 infarctus du myocarde sont recensés chaque année et environ 10% des victimes décèdent dans l’heure.

    Comme le souligne l'Inserm, “grâce aux progrès thérapeutiques, à la vitesse d’intervention du Samu (à condition de l’appeler rapidement) et à la disponibilité accrue d’unités de cardiologie interventionnelle opérationnelles 7j/7 et 24h/24, le taux de mortalité à 30 jours a chuté de 10,2% en 1995 à 2,1% en 2015.” 

    Malheureusement, la crise sanitaire à laquelle nous faisons face et les mesures de confinement ont modifié la tendance : “Les infarctus catastrophiques, qu'on voyait dans le temps où on ne soignait pas la cardiologie, on en reçoit un à deux par semaine en ce moment, déplore Claire Mounier-Vehier. Donc en fait, c'est une bombe à retardement. On a l'impression de revenir à la préhistoire de la cardio.”

    Les signes qui doivent alerter

    Les symptômes cardiovasculaires qui doivent alerter et inciter à composer le 15 de toute urgence sont : 

    - une pression thoracique (ou une douleur aiguë dans la poitrine qui irradie dans le bras gauche, le dos et la mâchoire)

    - des palpitations

    - un essoufflement soudain

    - un sentiment de gêne, d'angoisse

    - des nausées et/ou des vertiges

    - une fatigue persistante

    Rappelons que les fumeurs, les personnes sédentaires, sujettes au stress, souffrant d'hypertension, d'obésité, de diabète, ou encore d'hypercholestérolémie sont plus à risque de développer une maladie cardiovasculaire. Certaines prédispositions génétiques, l'âge et le sexe peuvent également entrer en ligne de compte.

    Les femmes ont quatre fois moins de risque de faire un infarctus que les hommes, avant la ménopause, précise l'Inserm. Mais la proportion de femmes jeunes qui en sont victimes a toutefois tendance à s’accroître, notamment en raison de l'augmentation du tabagisme et de l’obésité dans cette population. Après la ménopause, les risques sont équivalents pour les deux sexes.”

     

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