Semaine de sensibilisation à la SEP
Sclérose en plaques : "Augmenter l'inflammation par un surpoids n'est pas une bonne idée !"
La sclérose en plaques est une maladie inflammatoire qui nécessite une attention particulière à la manière de composer son assiette… Régime anti-inflammatoire de mise !
C’est à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, qu’Isabelle Sylvestre, diététicienne spécialisée en maladies inflammatoires (endométriose, syndrome de l’intestin irritable…) mais aussi dans le traitement de l’obésité, du surpoids et des maladies cardiovasculaires, a accueilli notre rédaction.
Pourquoi docteur : En tant que diététicienne, quelles directives recevez-vous dans le cadre de la sclérose en plaques ?
Isabelle Sylvestre : Dans le cas de la sclérose en plaques, il n'y a pas vraiment d'études précises qui vont vous donner des directives. Même si vous regardez les recommandations de la Haute Autorité de Santé en termes de nutrition, il n'y a pas grand-chose pour la sclérose en plaques. Les recommandations, cela va être d'avoir une alimentation équilibrée... Des recommandations qui sont pour l'ensemble de la population.
Qu’est-ce qu’une alimentation équilibrée ?
Une alimentation équilibrée quelque part, c'est une alimentation à tendance anti-inflammatoire. C'est une alimentation qui est diversifiée, variée, où il y a des fruits, des légumes, donc des fibres par les fruits et les légumes. Cela passe aussi par des produits céréaliers de bonne qualité, par des légumineuses. Donc après, peu de viande mais plus de poisson, de l'huile d'olive, des acides gras.
Une sorte de régime méditerranéen ?
Ce terme d'alimentation méditerranéenne, à la fois est bien parce que cela permet quelque part de cadrer un peu l'alimentation et que cela parle un petit peu aux gens, mais d'un autre côté, il peut y avoir quand même un poil de dérive. On peut facilement se dire “allez on y va, on surconsomme, je mets de l'huile d'olive partout, voilà je mange méditerranéen, je mange libanais, on mange des fritures”... Ça, c’est non !
Dans le cas de la sclérose en plaques, il faut protéger tout ce qui est neurologique donc il faut beaucoup d’oméga-3.
Que préconisez-vous, alors ?
Des fruits, des légumes pour les antioxydants. Dans le cas de la sclérose en plaques, il faut protéger tout ce qui est neurologique donc il faut beaucoup d’oméga-3.
Où retrouve-t-on trouve les oméga-3 ?
Dans les petits poissons gras : sardines, maquereaux, harengs... Dans les gros poissons aussi de types saumon et thon, mais il y a un petit bémol avec eux car ce sont des poissons prédateurs qui mangent les plus petits et qui se chargent alors plus en mercure. On peut aussi en trouver dans les huiles végétales : huile de lin, huile de chanvre, huile de cameline, huile de noix, huile de noisette et huile de colza. Tout cela de préférence bio et de première pression à froid. Après, nous en retrouvons aussi dans les fruits à coque, les oléagineux. Mais il faut les consommer non grillés et non salés, sinon les oméga-3 sont modifiés. Et il faut également éviter la cacahuète parce que l'arachide est inflammatoire.
L'objectif n’est pas non plus de surconsommer, de surmanger les fruits et les légumes.
Les fruits et légumes, c'est à volonté ?
Alors les fruits et légumes c'est à volonté. Je dirais que l'objectif n’est pas non plus de surconsommer, de surmanger les fruits et les légumes, parce que si on apporte trop d'aliments à son organisme, automatiquement on va créer un excès de masse grasse. L'excès de masse grasse est pro-inflammatoire. Donc dans le cadre de la sclérose en plaques, augmenter l'inflammation par un surpoids n'est pas une bonne idée ! Pour l'équilibre, on met l'équivalent de la moitié de l'assiette en légumes le midi et le soir, et concernant les fruits, c'est deux à trois portions par jour.
Et quels sont les aliments à bannir ?
Tout ce qui va être ultra transformé, tout ce qui va contenir beaucoup d'additifs et des acides gras saturés parce que cela c'est pro-inflammatoire.
Il faut revenir à une alimentation "terre à terre", l'alimentation de nos grands-parents, la moins transformée possible.
Dans quels aliments retrouve-t-on ces acides gras saturés ?
Dans la viande rouge : bœuf, veau, porc, agneau. Plus dans les produits laitiers crus que les produits laitiers écrémés qui en contiennent moins. On peut tout de même consommer du beurre cru dans des proportions raisonnables, car il contient des vitamines liposolubles qu'on ne trouve pas facilement ailleurs. Par contre, une fois chauffé dans la poêle, il devient beaucoup moins intéressant. Une fois encore, il faut essayer de donner la priorité à un beurre bio, car sa qualité va être meilleure : il y aura moins d'additifs, il n'y aura pas toutes ces choses qui peuvent faire grimper l'inflammation.
Un conseil diet' pour nos lecteurs ?
Dans le cadre de la sclérose en plaques et dans le cadre de toutes les pathologies, le petit truc à garder en tête c'est qu’il faut revenir à une alimentation "terre à terre", l'alimentation de nos grands-parents, la moins transformée possible.