Longévité

Espérance de vie : l’activation de certaines cellules cérébrales fait vivre plus longtemps

Une étude montre que des cellules cérébrales communiquent avec le tissu adipeux pour produire du combustible cellulaire et aident ainsi à lutter contre les effets du vieillissement.

  • Par Sophie Raffin
  • Diamond Dogs/istock
  • 12 Jan 2024
  • A A

    Des chercheurs de la faculté de médecine de l'université de Washington à Saint-Louis pourraient avoir trouvé la clé pour vivre plus longtemps. En étudiant des souris, ils ont identifié une voie de communication reliant le cerveau et les tissus adipeux du corps qui joue un rôle essentiel dans la production d'énergie dans tout le corps. Leurs travaux, publiés dans la revue Cell Metabolism, suggèrent que la détérioration progressive de cette dernière contribue à l’augmentation des problèmes de santé liés à l’âge. Protéger cette voie de communication permettrait ainsi de ralentir les effets du vieillissement.

    Des neurones et le tissu adipeux blanc au cœur du vieillissement

    L’équipe a remarqué qu’un ensemble spécifique de neurones, situés dans le noyau dorsomédial de l'hypothalamus, produisent une protéine appelée Ppp1r17. Lorsque cette dernière est présente dans le noyau, les neurones sont actifs et stimulent le système nerveux sympathique, qui régit la réaction de combat ou de fuite du corps. Ce mécanisme est bien connu pour avoir des effets étendus dans l'organisme, notamment en provoquant une augmentation du rythme cardiaque et un ralentissement de la digestion.

    Par ailleurs, cela déclenche une chaîne d’événements conduisant le tissu adipeux blanc stocké sous la peau et dans la région abdominale à libérer entre autres une enzyme nommée eNAMPT. Cette dernière prend la direction de l’hypothalamus et permet au cerveau de produire du carburant pour son fonctionnement.

    "Cette boucle de rétroaction (reliant le cerveau et les tissus adipeux du corps, NDLR) est essentielle pour alimenter le corps et le cerveau, mais elle ralentit avec le temps. Avec l’âge, les chercheurs ont découvert que la protéine Ppp1r17 a tendance à quitter le noyau des neurones et que, lorsque cela se produit, les neurones de l’hypothalamus envoient des signaux plus faibles. Avec moins d’utilisation, le câblage du système nerveux à travers le tissu adipeux blanc se rétracte progressivement et ce qui était autrefois un réseau dense de nerfs interconnectés devient clairsemé. Les tissus adipeux ne reçoivent plus autant de signaux pour libérer les acides gras et l'eNAMPT, ce qui entraîne une accumulation de graisses, une prise de poids et moins d'énergie pour alimenter le cerveau et les autres tissus", expliquent les auteurs dans un communiqué.

    Protéine Ppp1r17 : une espérance de vie augmentée de 7 %

    Pour vérifier leurs découvertes, les scientifiques ont étudié des souris modifiées pour que cette voie de communication continue d'être active – et ainsi produire la protéine Ppp1r17 après avoir atteint un certain âge. Ils ont alors remarqué que ces rongeur étaient plus actifs physiquement, montraient des signes de vieillissement retardé et vivaient plus longtemps que les animaux chez lesquelles cette même voie de communication ralentissait progressivement dans le cadre du vieillissement normal.

    En moyenne, la durée de vie maximale d'une souris de laboratoire typique est d'environ 900 à 1.000 jours, soit environ 2,5 ans. Si les rongeurs témoins sont, en effet, morts à l’âge de 1.000 jours, les animaux modifiés ont vécu 60 à 70 jours de plus. Cela représente une augmentation de leur durée de vie d'environ 7 %. Chez l’humain, une telle hausse sur une vie de 75 ans se traduirait par environ cinq années supplémentaires. Les souris modifiées étaient également plus actives et semblaient plus jeunes (un pelage plus épais et plus brillant). Ce qui suggère qu’une action sur cette voie de communication pourrait permettre de vivre plus longtemps, mais aussi en meilleure santé.

    Enzyme eNAMPT : vers un traitement anti-âge ?

    Les chercheurs poursuivent leurs travaux pour étudier les moyens de maintenir la boucle de rétroaction entre l'hypothalamus et le tissu adipeux et ainsi trouver des applications à leur découverte.

    "Nous pouvons envisager une éventuelle thérapie anti-âge qui implique la livraison d'eNAMPT de diverses manières", explique le Professeur Shin-ichiro Imai, auteur principal de l’étude. "Nous avons déjà montré que l'administration d'eNAMPT dans les vésicules extracellulaires augmente les niveaux d'énergie cellulaire dans l'hypothalamus et prolonge la durée de vie chez les souris. Nous sommes impatients de poursuivre notre travail en étudiant les moyens de maintenir cette boucle centrale de rétroaction entre le cerveau et les tissus adipeux du corps d'une manière qui, nous l'espérons, prolongera la santé et l’espérance de vie."

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----