Santé et environnement
Les produits chimiques ménagers réduisent vos chances d'être enceinte
L’exposition aux phtalates, un perturbateur endocrinien présent dans certains produits chimiques ménagers, impactent les hormones féminines de la reproduction, ce qui diminue les chances de tomber enceinte, selon une étude.
En France, environ un couple sur huit consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La baisse de la fertilité peut venir de différents facteurs d’après l’Assurance Maladie : l’âge, la consommation de tabac, de drogues ou d’alcool, le mode de vie (sédentarité, surpoids, alimentation), l’exposition aux polluants et aux perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des substances qui altèrent la production de certaines hormones, comme les parabènes, le bisphénol A ou encore les phtalates.
Les phtalates présents dans de nombreux produits chimiques ménagers
Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’université du Massachusetts Amherst, aux États-Unis, montre que l'exposition à certains produits chimiques ménagers contenant des phtalates peut réduire les risques de tomber enceinte.
Dans leurs travaux, publiés dans la revue Environmental Health Perspectives, ils démontrent le rôle particulièrement néfaste des phtalates. La plupart sont classés comme étant des "substances toxiques pour la reproduction" selon Santé Publique France. Ils sont notamment présents dans les plastiques mous et donc dans certains produits chimiques ménagers.
"Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens omniprésents et nous y sommes exposés quotidiennement", explique Carrie Nobles, principal auteur, dans un communiqué.
Pour mesurer l’impact de l’exposition aux phtalates sur la reproduction, les scientifiques ont analysé les données de 1.228 participantes au cours de six cycles menstruels au moment où elles essayaient de tomber enceintes. Celles qui ont réussi ont été suivies tout au long de leur grossesse.
Les phtalates impactent les hormones de la reproduction
Dans l’organisme, les phtalates sont décomposés en métabolites qui sont ensuite évacués par l’urine. Ainsi, en analysant ce liquide, les chercheurs ont observé la présence de 20 métabolites de phtalates dans les échantillons d’urine prélevés lors de l’inscription des participantes à l’étude. “À mesure que l’exposition augmentait, nous constations de plus en plus d’effets” sur le délai pour tomber enceinte, note Carrie Nobles.
Les scientifiques ont aussi observé que les femmes les plus exposées avaient des taux d'œstradiol plus faibles et des hormones folliculo-stimulantes plus élevées tout au long du cycle menstruel, ce qui joue un rôle important dans l'ovulation et le délai pour tomber enceinte. Autrement dit, l’exposition aux phtalates impacte les hormones de la reproduction.
"Ce profil – œstradiol faible et hormone folliculo-stimulante élevée – est quelque chose que nous observons chez les femmes souffrant d'insuffisance ovarienne, qui peut survenir avec l'âge ou en raison d'autres facteurs, souligne Carrie Nobles. L'ovulation ne se produit tout simplement plus aussi bien qu'avant."
Autre constat : les participantes les plus exposées aux phtalates présentaient des niveaux plus élevés d’inflammation et de stress oxydatif, ce qui peut entraîner des lésions des organes et des tissus et, finalement, des maladies.
Pour les auteurs, il faudrait revoir la réglementation car l’omniprésence des phtalates a un impact sur la fonction reproductive des femmes.