Douleurs articulaires : elles ne sont pas toutes liées à l'arthrose
Les douleurs articulaires sont fréquentes (1 Français sur 3), en particulier lors du vieillissement, où elles sont souvent attribuées à l’arthrose, mais une enquête doit toujours être soigneusement menée afin d'en identifier la cause.
Des mots pour les maux
Une douleur articulaire simple s’appelle une « arthralgie ». Si la douleur s’accompagne d’un gonflement de l’articulation (hypertrophie de la membrane synoviale), c’est une « arthrite ».
Si une seule articulation est touchée, c’est une « mono-arthralgie » ou une « mono-arthrite ». Si plusieurs articulations sont atteintes, c’est une « oligo-arthralgie » ou « oligo-arthrite » (2 à 4 articulations touchées) ou une « polyarthralgie » ou « polyarthrite » (plus de 4 articulations atteintes).
L’arthrite se manifeste par un gonflement articulaire lié à une inflammation de la membrane synoviale (« synovite ») et/ou un épanchement de liquide (épanchement synovial ») ou de sang (« hémarthrose ») dans l’articulation. Si l’inflammation est secondaire à une infection de l’articulation par à une bactérie, on parle d’une « arthrite septique ».
Qu'est-ce qu’une douleur articulaire ?
Une douleur articulaire est une douleur liée à une atteinte d’un des composants de l’articulation : le cartilage (le tissu glissant qui recouvre les surfaces en contact des os d'une articulation), l’os sous le cartilage (« os sous-chondral »), la capsule articulaire (membrane qui enveloppe l’articulation), la membrane synoviale (revêtement qui tapisse l’intérieur de la capsule et qui sécrète le « liquide synovial »), les structures de type « ménisque » dans certaines articulations et les ligaments qui relient les muscles aux os.
En général, une douleur articulaire est réveillée aux mouvements, y compris lors des « mouvements passifs » (sans contraction musculaire) et doux de l’articulation. La douleur peut même limiter ce mouvement passif dans certains cas (fracture, ostéite). Il faut donc bien faire attention à ce que les muscles soient complètement décontractés pour éliminer tout réveil d’une douleur qui serait sinon d’origine musculaire ou tendineuse (lors de la contraction réflexe des muscles).
Différents processus peuvent affecter ces structures articulaires, comme un traumatisme articulaire, une inflammation ou une infection de l’articulation (arthrite infectieuse), qui est une cause redoutée de douleurs articulaires. Mais les douleurs sont plus souvent dues à une inflammation de la membrane synoviale, dans le cadre d’un rhumatisme inflammatoire ou d’une autre maladie auto-immune, à un dépôt intra-articulaire de microcristaux qui provoque des arthrites aiguë à « corps étranger » (goutte et pseudo-goutte), à un infarctus de l’os (« ostéonécrose ») situé sous le cartilage (os « sous-chondral ») et surtout à l’arthrose, dont les causes sont multiples (le vieillissement n’est qu’un facteur favorisant) et qui est sans doute la cause la plus fréquente de douleurs articulaires chez le sujet âgé.
A quoi sont dues les douleurs articulaires ?
Différents processus peuvent affecter les composants d’une articulation et donner des douleurs articulaires.
• Après un traumatisme, les douleurs d’une articulation sont le plus souvent dues à une entorse (étirement des ligaments) ou à une rupture ligamentaire, mais elles peuvent aussi être dues à une « fracture articulaire », c’est-à-dire une fracture qui touche les surfaces de glissement des pièces osseuses de l’articulation et qui compromet l’avenir de cette articulation.
Dans certain cas, il s’agit d’une simple contusion du cartilage liée à un choc direct, mais cette contusion peut être secondairement à l’origine d’une « chondropathie », une lésion du cartilage qui peut faire le lit de l’arthrose.
L’avis rapide d’un médecin est indispensable, de même que l’intérêt d’une exploration radiologique.
• En contexte d’infection, de plaie infectée ou de fièvre, il faut absolument penser à une infection de l’articulation. Cette infection articulaire est liée, soit à une bactérie (arthrite bactérienne à streptocoque ou à staphylocoque essentiellement), soit à un virus (arthrite virale avec un virus de la grippe, de l’hépatite, un Parvovirus B19, un virus de la dengue ou le Chikungunya).
L’arthrite bactérienne est une urgence médicale : il faudra isoler le germe responsable, le plus souvent au moyen d’une ponction de l’articulation avec analyse bactériologique du liquide articulaire, puis laver et immobiliser l’articulation en plus la prescription d’un traitement antibiotique adapté sur le germe isolé lors de la ponction articulaire.
• Un tableau très proche de l’arthrite infectieuse est celui de l’arthrite à microcristaux, dont la goutte est le représentant le plus connu. La réaction brutale et très inflammatoire de l’articulation est liée à un dépôt de « microcristaux d’acide urique » dans l’articulation, en cas « d’hyperuricémie ». La goutte est une affection familiale liée à un défaut d’élimination de l’acide urique et elle peut toucher les hommes et les femmes du milieu de la vie.
Mais chez le sujet plus âgé, il existe une « pseudo-goutte », ou « chondrocalcinose articulaire aiguë » ou CCA, qui est liée, elle, à la présence de cristaux de « pyrophosphate de calcium » dans l’articulation. Les cristaux sont retrouvés dans le liquide articulaire prélevé lors de la ponction articulaire et les radiographies des poignets, des genoux et des hanches révèlent des images de « calcifications » des cartilages articulaires et des ménisques. On peut en rapprocher les arthrites survenant lors d'une surcharge en fer ou « hémochromatose » (qui peut elle-même s'associer à une chondrocalcinose articulaire)
• Un rhumatisme inflammatoire se traduit par des douleurs inflammatoires, c’est-à-dire nocturnes et réveillant le malade en deuxième partie de nuit avec un enraidissement articulaire matinal (dérouillage matinal) qui s'estompe ensuite dans la journée et lors des mouvements.
Il existe de nombreux types de rhumatisme et c’est la répartition des atteintes articulaires qui orientera vers la polyarthrite rhumatoïde, qui touche préférentiellement les petites articulations des mains et des pieds, ou vers d’autres rhumatismes comme la spondylarthrite, qui touche des articulations plus proximales des membres et la colonne vertébrale. Le rhumatisme psoriasique touche néanmoins, à la fois les petites articulations distales des mains (mais plutôt les inter-phalangiennes distales) et la colonne vertébrale.
• Dans certaines circonstances, après un traumatisme ou une chirurgie, mais parfois sans raison (en particulier chez le diabétique), peuvent apparaître des douleurs mixtes d’une articulation et de son environnement, avec douleurs diurnes et nocturnes, augmentées à l’effort et au simple effleurement. Il peut s’agir d’un « Syndrome Douloureux Régional Complexe », anciennement appelé « algoneurodystrophie ». Il s’agit d’un dérèglement du système nerveux qui contrôle normalement, et de façon inconsciente, les différentes adaptations nécessaires de la circulation sanguine et lymphatique dans la vie quotidienne.
• Rarement, une tumeur osseuse, ou une métastase osseuse, peut se révéler par une douleur articulaire, en particulier si elle est localisée au contact de l’articulation.
Dans certains cas, il peut s’agir d’un « syndrome paranéoplasique », c’est à dire qu’une tumeur, située à distance de l’articulation, va sécréter des substances à l’origine d’un œdème inflammatoire et de douleurs des mains essentiellement.
• Dans certaines population, il faut évoquer une maladie périodique peut être responsable d’une atteinte d’une seule articulation, en particulier le genou ou la cheville. Il s’agit d’une maladie familiale touchant surtout les juifs sépharades et qui commence presque toujours avant 20 ans. De la même façon, un saignement articulaire peut se voir au cours des anomales familiale de la coagulation comme l'hémophilie.
• Enfin, certains médicaments peuvent provoquer des douleurs des articulations. C’est le cas des anti-aromatases, dans le cancer du sein et, plus rarement, des médicaments contre le cholestérol (statines qui donnent surtout des myalgies).
• Lorsque la douleur est nettement aggravée par l’effort et calmée par le repos, il s’agit d’une douleur « mécanique » qui correspond le plus souvent à une arthrose, après un traumatisme chez le sujet jeune, ou d’origine familiale chez le sujet âgé.
Chez le sujet jeune, en effet, l’arthrose n’est pas si rare et elle peut être liée à une lésion du cartilage après un choc direct (chondropathie post-traumatique) ou à une lésion d’un ménisque dans le genou.
A noter que lors des poussées inflammatoires, la douleur d’arthrose peut adopter un caractère plus matinal, voire nocturne, mais généralement, l’aggravation de la douleur à l’effort est le caractère le plus patent.
• Plus anecdotiques sont les arthrites à corps étranger, par exemple après piqûre d’oursin ou piqûre d’une épine végétale. Il faut cependant les rechercher systématiquement en cas de mono-arthrite car seul le retrait du corps étranger permettra la disparition de la réaction inflammatoire à corps étranger qui provoque l’arthrite inflammatoire.
Avec quoi peut-on confondre une douleur articulaire ?
Il est facile de confondre une douleur articulaire avec une douleur liée à l’atteinte des structures qui entourent l’articulation (douleurs péri-articulaires) comme les tendons des muscles qui s’attachent sur l’os autour de l’articulation, les bourses qui séparent et protègent les structures les unes des autres (« bursites ») ou les muscles. Celles-ci sont plus fréquentes dans certaines articulations (épaules, coudes, hanches) mais elles peuvent s'y associer.
Une atteinte de l’os sous l’articulation peut donner une douleur articulaire exagérée par le mouvement et partiellement calmée par une immobilisation de l’articulation liée à la douleur. Cela se voit chez l’adulte au cours des ostéonécroses qui sont des infarctus de l’os, notamment à la hanche, au genou et aux épaules. Le diagnostic en est difficile car la radiographie reste normale pendant quelques semaines. Il peut également s’agir d’une infection de l’os, ou ostéite aiguë, en particulier chez l’enfant, mais le siège de la douleur est plutôt sous l’articulation de l’os, dans la région métaphysaire (qui est la jonction entre l’articulation et la partie longue de l’os, ou diaphyse).
Dans certains cas, ce sont des dépôts de microcristaux autour des articulations qui peuvent donner une pseudo-arthrite. C’est par exemple le cas dans la maladie des calcifications tendineuses multiples, qui se manifeste pas des douleurs aiguës des articulations, comme une pseudo-goutte, mais sans atteinte articulaire proprement dite.
Certains rhumatismes inflammatoires sont en réalité des atteintes péri-articulaires. Il en est ainsi de la « pseudopolyarthrite rhizomélique », ou PPR, qui est en réalité une inflammation des vaisseaux sanguins des muscles, ou « vascularite », et qui donne des douleurs inflammatoires avec une raideur matinale prédominant à la racine des membres (prédominance « rhizomélique »). Dans certains cas, la PPR peut s’associer à une atteinte inflammatoire des artères issues de la partie proximale de l’aorte (« maladie de Horton »).
Mais il faut aussi se méfier des douleurs d’origine neurologique qui peuvent se projeter au niveau d’une articulation. La douleur « projetée » est liée à des particularités de l’innervation neurologique, et c’est aussi un piège classique pour les médecins. C’est souvent le cas à l’épaule où une douleur d’irritation de la 5ème racine cervicale au cou se projette au niveau du moignon de l’épaule, mais on voit aussi des douleurs de la région de l’épaule en cas de tumeur du sommet du poumon ou même d’un épanchement de liquide dans le bas de l’enveloppe qui entoure le poumon (la plèvre). A noter, qu’une irritation de la racine nerveuse de la 3ème lombaire ou une souffrance de la partie antérieure de l’articulation de la hanche peut se projeter et s’exprimer uniquement au niveau de la région de la face antérieure du genou.
Enfin, un piège classique au pied et au membre inférieur chez le sportif, ou la personne qui reprend un entraînement sportif, est la fracture de fatigue, qui parfois siège près de l'articulation. Le diagnostic en est difficile car la radiographie reste normale pendant quelques semaines et c'est l'IRM qui fera le diagnostic. De la même façon, certaines maladies métaboliques osseuses (hypovitaminose D, hyperparathyroïdie) sont responsable de fractures de fragilité qui peuvent se manifester sous forme de micro-fissures au bassin ou à la hanche.
Quand faut-il consulter en urgence ?
Il est nécessaire de consulter en urgence lorsqu’il existe des arguments en faveur d’une infection, lorsque la douleur est insupportable, particulièrement en cas de goutte, ou en cas de douleur survenant dans les suites d’un traumatisme.
• La consultation est urgente s’il existe des arguments pour une infection (arthrite infectieuse ou arthrite septique) : atteinte d’une seule articulation, porte d’entrée infectieuse (plaie cutanée, infection dans une autre partie du corps, geste médical invasif sur les voies urinaires…), douleur intense, gonflement et rougeur de l’articulation, avec une fièvre et des frissons. L’infection fait courir un risque important et précoce pour l’articulation (risque de lésions irréversibles du cartilage), et un risque vital pour la personne, car la bactérie (et l’infection) peut diffuser à d’autres parties du corps (cœur, cerveau, poumon, foie…). Le diagnostic différentiel est constitué par les arthrites à microcristaux et parfois la maladie des calcifications tendineuses multiples.
• En cas de traumatisme, il est essentiel d’éliminer une fracture articulaire qui pourrait s’aggraver avec le maintien de l’utilisation de l’articulation. Cette circonstance « post-traumatique » impose l’immobilisation et/ou la mise en décharge, ainsi qu’une éventuelle réparation chirurgicale en urgence. Les ostéonécroses qui touche l'os sous-chondral d'une surface articulaire sur un os portant sont moins urgentes car l'os reste solide quelques jours.
• En cas de goutte, ou de pseudo-goutte, l’application d’une poche de glace en association aux antidouleurs est nécessaire.
Pour les autres douleurs, le délai de consultation peut être allongé de quelques heures ou quelques jours, à condition de prendre des médicaments anti-douleurs et de ne pas forcer sur l’articulation.
Comment s’orienter devant des douleurs articulaires ?
Toutes les affections citées au chapitre des causes peuvent donner des douleurs plus ou moins invalidantes, mais le degré d’urgence de la prise en charge n’est pas le même.
Il convient donc d’orienter la recherche de la cause en fonction du contexte, du degré de gravité immédiate et d’éliminer en urgence une infection. Puis, après l'avoir éliminé et écarté ce qui n’est pas une douleur articulaire. Le raisonnement s’orientera en fonction du nombre d’articulations douloureuses.
L’interrogatoire, l’examen clinique, quelques examens biologiques et une radiographie de l’articulation permettent de s’orienter, mais c’est la ponction de l’articulation et l’analyse du liquide qui est souvent très instructive.
A quoi penser devant une douleur d’une seule articulation ?
En cas de douleur touchant une seule articulation (douleur mono-articulaire), surtout si elle est très inflammatoire, la priorité est toujours d’éliminer une arthrite d’origine infectieuse puisqu’il s’agit d’une urgence diagnostique et thérapeutique. Le caractère aigu et mono-articulaire de la douleur doit faire évoquer systématiquement une arthrite septique car une arthrite septique bactérienne est presque toujours mono-articulaire. C’est encore plus évocateur si s’associent à la douleur articulaire de la fièvre et des signes généraux (frissons et tremblements).
• Il faut savoir que les infections à virus peuvent donner des arthrites avec de la fièvre, de même qu’une polyarthrite rhumatoïde très évolutive ou une maladie de Still. La ponction articulaire pour analyser le liquide de l’articulation est donc essentielle.
• Une arthrite microcristalline, comme la goutte, est également mono-articulaire le plus souvent, au moins à la phase initiale et chez l’homme. C’est donc la principale maladie qui ressemble à une arthrite septique et il est absolument nécessaire de l’éliminer : la ponction articulaire est impérative et si elle retrouve des microcristaux à l’examen microscopique immédiat, il y a de fortes chances pour que ce soit une goutte ou une pseudo-goutte. Le liquide articulaire sera mis systématiquement en culture pour éliminer définitivement une arthrite septique, mais il sera possible de soulager très vite le malade avec un traitement efficace dont il serait dommage de se priver vu l’intensité habituelle des douleurs. On peut en rapproche l'hémochromatose, une maladie de surcharge en fer qui peut se présenter comme une arthrose ou une chondrocalcinose avec lesquelles elle est souvent associée. Un piège diagnostic est la maladie des calcifications tendineuses multiples car le dépôt de cristaux d'hydroxyapatite extra-articulaire peut être en voie de résorption du fait de la réaction inflammatoire et l'image radiologique être très discrète.
• La maladie périodique peut être responsable d’une atteinte d’une seule articulation, en particulier le genou ou la cheville. Il s’agit d’une maladie familiale touchant surtout les juifs sépharades et qui commence presque toujours avant 20 ans. Elle s’associe de plus à des accès de fièvre « pseudopalustre » (avec de grandes oscillations), des crises douloureuses au ventre, qui sont souvent au premier plan, et des éruptions sur la peau sous forme de plaques rouges qui ressemblent à un érysipèle.
• Un saignement à l’intérieur de l’articulation, ou « hémarthrose », peut se voir à la suite d’un traumatisme (rupture ligamentaire ou fracture articulaire), chez l’hémophile au cours d’une traumatisme minime ou même sans traumatisme, en cas de chondrocalcinose articulaire chez le sujet âgé, en cas d’arthropathie nerveuse (diabète, lèpre) ou d’affection tumorale de la synoviale (synovite villo-nodulaire ou synovialome malin). C’est la ponction articulaire qui fait le diagnostic.
• Certaines arthroses, en particulier les arthroses post-traumatiques peuvent toucher une seule articulation. C’est le cas après un choc direct sur le cartilage, après une lésion d’un ménisque ou une déchirure des ligaments pivots du genou qui conduisent à une « laxité du genou », avec des mouvements anormaux qui peuvent conduire à une arthrose plusieurs années après le traumatisme initial.
• Tous les rhumatismes inflammatoires, la sarcoïdose, les angéites et les connectivites (lupus,...) peuvent aussi commencer par une douleur d’une seule articulation. Enfin, les arthrites à corps étrangers (piquants d’oursins ou épines de rosiers ou de plante épineuses) sont à évoquer dans les circonstances particulières.
• Le rhumatisme articulaire aigu, les leucémies aiguës et la drépanocytose réalisent surtout des polyarthrites aiguës mais peuvent commencer par une mono-arthrite aiguë.
A quoi penser devant une douleur de plusieurs articulations ?
• Il faut se souvenir que certaines douleurs polyarticulaires peuvent aussi être de causes infectieuses. C’est plus rare, mais il en est ainsi au cours des infections à gonocoque (« arthrite gonococcique »), au cours des infections des valves du cœur (endocardite), de la syphilis ou de la brucellose.
La polyarthrite gonococcique touche surtout les femmes jeunes avec des pertes blanches (leucorrhées). Elle a un début brusque, oligo-articulaire et asymétrique, touchant préférentiellement les poignets, les genoux et les chevilles.
L’endocardite s’accompagne généralement d’un souffle au cœur, avec une grosse rate et des atteintes de la peau (nodosités d’Osler).
Une syphilis secondaire peut se manifester par une polyarthrite aiguë. Il existe alors d’autres signes, et en particulier des tâches roses ou rouges, qui font évoquer la maladie : roséole, plaques muqueuses, éruption papulo-maculeuse de la paume des mains et une perte de cheveux (« alopécie ») en clairière. Une fièvre importante avec des sueurs nocturnes très abondantes qui obligent le malade à changer ses draps et son pyjama dans la nuit en association à des polyarthralgies est évocatrice de la brucellose.
• Mais, en général, le caractère oligo- ou polyarticulaire (moins de 5 ou plus de 4 articulations atteintes) est donc plutôt évocateur d’un rhumatisme inflammatoire : il faut s’intéresser à la répartition des douleurs selon les articulations et à l’horaire où la douleur est maximale dans la journée car celui-ci est très indicatif de la cause.
L’horaire où la douleur est maximale est très important : En effet, il existe les douleurs qui sont majorées aux mouvements et calmées par le repos, ces douleurs prédominent donc dans la journée et le soir et elles sont appelées « douleurs mécaniques » : c’est typiquement le cas de l’arthrose, en dehors des phases de poussée inflammatoire. L’arthrose peut toucher quelques articulations (cumulation de traumatisme ou arthrose secondaire à une atteinte microcristalline). L’arthrose peut toucher plusieurs articulations des mains (inter-phalangiennes proximales et distales) en cas de « polyarthrose » à caractère familial (antécédents familiaux d’arthrose des mains).
Il existe aussi des douleurs qui réveillent le malade la nuit ou au petit matin et s’accompagnent d’une raideur articulaire importante le matin, avec un « dérouillage matinal » de l’articulation, plus ou moins prolongé : ce sont les « douleurs inflammatoires » que l’on retrouve au cours des rhumatismes inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde (mais aussi au cours de certaines poussée importantes d’arthrose).
Le nombre et la localisation des articulations atteintes peuvent alors être évocateurs (atteinte oligo- ou polyarticulaire). La polyarthrite rhumatoïde est l’exemple typique du rhumatisme inflammatoire qui débute souvent par une atteinte articulaire inflammatoire symétrique des petites articulations des mains et des pieds, tout en respectant les articulations distales des doigts (« interphalangiennes distales »). Le lupus peut se manifester aussi par une polyarthrite aiguë, de même que d’autres connectivites et les vascularites.
A l’inverse, les spondylarthropathies, et en particulier le rhumatisme psoriasique, se caractérisent par des atteintes oligo-articulaires asymétriques, qui peuvent toucher les grosses articulations des membres. Ces atteintes articulaires sont généralement associées à des douleurs de la colonne vertébrale (le rhumatisme psoriasique peut aussi atteindre les interphalangiennes distales des doigts). Le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter est une forme de spondyloarthrite qui débute brutalement après une infection aiguë des intestins (diarrhée infectieuse) ou une infection génitale (« urétrite » avec atteinte du gland = « balanite circinée »).
La goutte peut aussi être polyarticulaire, en particulier chez la femme mais, chez le sujet âgé, il faudra aussi évoquer une chondrocalcinose articulaire : les calcifications articulaires sur les radiographies et la ponction articulaires font le diagnostic.
Les antécédents familiaux peuvent orienter vers différentes formes d’arthrites ayant un certain caractère familial comme la goutte polyarticulaire et les spondylarthropathies (spondylarthrite ankylosante ou rhumatisme psoriasique).
L’existence de douleurs tendineuses associées, en particulier au niveau du talon (« talalgie »), est très évocatrice d’une spondyloarthrite.
Le rhumatisme articulaire aigu, ou RAA, n’est quasiment plus vu en France en dehors de cas d’importation (populations immigrées). Il se manifeste traditionnellement par des polyarthrites migratrices avec atteintes cutanées (nodosités de Meynet) et cardiaques (péricardite et atteinte des valves). S’y associent une fièvre avec un syndrome inflammatoire et une sérologie streptococcique dont la fiabilité est faible. Le RAA apparaît dans les suites d’une angine à Streptocoque A bêta-hémolytique dont le prélèvement et l’identification lors de l’angine est un argument majeur.
Dans certains cas les articulations touchées sont variées et peu évocatrices, mais l’existence de signes associés, par exemple sur la peau (éruptions cutanées), au niveau du cœur, du cerveau ou du rein, est très évocatrice d’une classe de maladies que l’on appelle « connectivites », et en particulier d’un lupus.
• Enfin, dans certains cas, les douleurs font mal la nuit et le matin, mais sont aussi aggravées aux mouvements et à l’effort. Elles font donc mal en permanence avec une aggravation à l’effort et ce sont donc les « douleurs mixtes » : l’exemple type est l’algoneurodystrophie ou « syndrome douloureux régional complexe ». Tous ces caractères sont importants pour poser le diagnostic.
Comment faire le diagnostic de douleurs articulaires ?
• Le médecins interrogera soigneusement le malade sur ses antécédents (antécédents personnels et familiaux, goutte, infection, geste médical invasif…) et les médicaments déjà pris pour d’autres maladies.
Il s’intéressera au contexte de survenue des douleurs articulaires (traumatisme, infection…), à leur répartition anatomique, à leurs caractères (intensité, horaire, facteur d’aggravation et de sédation) et il pratiquera un examen médical complet.
• En fonction du contexte, les examens seront axés sur la recherche d’une fracture, d’une infection ou d’un rhumatisme, mais si l’articulation est gonflée, une ponction du liquide articulaire (ponction articulaire) doit être réalisée pour analyser le liquide de l’articulation (examen cytobactériologique du liquide articulaire avec mise en culture et recherche de microcristaux).
Une prise de sang est souvent nécessaire pour rechercher différents paramètres biologiques témoignant de la présence ou de l’absence d’une infection (NFS, VS, CRP), et d’une maladie spécifique (transaminases dans l’hépatite virale, sérologies virales et bactériennes,…). En cas d’arthrite septique, du sang sera prélevé pour mise en culture (hémocultures).
Des radiographies de l’articulation douloureuse seront généralement demandées et ce, d’autant plus en urgence, que l’on suspecte une fracture ou une lésion traumatique de l’articulation.
Dans les rhumatismes inflammatoires ou les connectivites, d’autres examens immunologiques seront demandés, ainsi qu’une échographie ou une IRM de l’articulation douloureuse.
Une IRM, ou une scintigraphie osseuse, peuvent être demandées en cas de suspicion d’algodystrophie, d’ostéonécrose ou d’une tumeur ou une métastase osseuse.
Comment prendre en charge ses douleurs articulaires ?
• En cas de traumatisme, de signe d’infection ou de douleur insupportable, il faut voir un médecin en urgence.
En attendant le médecin et dans tous les autres cas, quelques moyens simples peuvent vous permettre de se soulager.
• Après un traumatisme ou en cas d’articulation chaude et douloureuse, le repos de l’articulation malade permet un soulagement partiel, mais indispensable et dont l’efficacité est renforcée par l’application de glace.
Cette application de glace est réalisée à l’aide d’un sac en plastique étanche rempli de quelques glaçons (par exemple sac à congélation), mais en interposant une serviette pour protéger la peau. L’application de glace peut être réalisée trois fois par jour pendant quelques minutes sur l’articulation inflammatoire. Il faut éviter de s’endormir avec cette poche de glace sur la peau en raison du risque de lésion de la peau due au froid prolongé.
• Un médicament antidouleur simple comme le paracétamol peut avoir un intérêt pour soulager la douleur en complément du repos. Il peut être utilisé à la dose de 1000 mg, 3 à 4 fois par jour, chez l’adulte.
Quels traitements pour les douleurs articulaires ?
A l’issue de l’examen du médecin et avec les examens complémentaires, le diagnostic est souvent fait, ou quasi fait, et un traitement spécifique est indiqué.
• Dans les arthrites septiques, l’articulation sera ponctionnée avec un lavage articulaire, puis immobilisée et une antibiothérapie sera débutée qui sera ensuite ajustée sur les résultats de la culture.
• En cas d’arthrite microcristalline, le traitement sera anti-inflammatoire (colchicine avec anti-inflammatoire non-stéroïdien) et antidouleur (antalgique), parallèlement à une immobilisation et à l’application de poches de glace. Il est possible de soulager avec des injections intra-articulaires de corticoïdes (infiltration intra-articulaire de corticoïdes), en particulier s'il n'y a qu'une ou 2 articulations à soulager.
Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont efficaces et peuvent être utilisés en l’absence de contre-indication (ulcère gastrique, insuffisance cardiaque ou rénale, traitement anticoagulant).
• En cas de rhumatisme inflammatoire, le traitement sera anti-inflammatoire et antalgique en attendant l’efficacité d’un traitement dit « de fond » (actif contre la maladie), qui sera instauré d’emblée mais dont l’efficacité ne se fera qu’en quelques semaines.
En cas d’atteinte d’un nombre limité d’articulations, il est également possible d’envisager une infiltration intra-articulaire de corticoïdes. La mise en décharge de l’articulation atteinte n’est pas obligatoire.
• En cas d’arthrose en poussée inflammatoire, le traitement est basé sur la mise au repos de l’articulation associée à un traitement anti-inflammatoire et antalgique. La mise en décharge de l’articulation atteinte peut se discuter à la hanche et au genou en cas de poussée inflammatoire.
En cas d’atteinte d’un nombre limité d’articulations, il est également possible d’envisager une infiltration intra-articulaire de corticoïdes. En cas d’arthrose en dehors d’une poussée, le traitement fait appel aux antidouleurs simples et à la rééducation avec apprentissage de l’économie articulaire.
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