Drogues
Chemsex : vers une stratégie nationale de prévention ?
Une proposition de résolution a été votée à l’unanimité par les députés français pour renforcer la prévention autour de la pratique du chemsex, à savoir l’usage de drogues dans le cadre de rapports sexuels.

- Par Stanislas Deve
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- Marc Bruxelle / istock
Le chemsex, une pratique mélangeant consommation de drogues et relations sexuelles prolongées, inquiète de plus en plus les autorités de santé. En France, entre 100.000 et 200.000 personnes seraient concernées, mais les experts estiment ce chiffre largement sous-évalué. Longtemps associé aux communautés homosexuelles et aux fêtes parisiennes, le phénomène s’étend aujourd’hui à d’autres milieux et aux hétérosexuels. Face à cette réalité, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité, le 31 mars 2025, une proposition de résolution appelant à "une stratégie nationale de prévention".
Un phénomène en expansion
Le chemsex repose sur l’usage de substances psychoactives comme la cathinone de synthèse, la 3-MMC, la 4-MEC ou encore le GHB. Ces drogues euphorisantes, souvent accessibles via un simple clic sur Internet, permettent d’intensifier et prolonger les rapports sexuels. Mais elles entraînent de nombreux risques sanitaires : augmentation des infections sexuellement transmissibles, comas, overdoses et troubles psychologiques graves tels que la dépression et l’isolement.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2008 et 2013, cinq décès liés au chemsex ont été recensés en France. Ce nombre est monté à 19 entre 2014 et 2017, et des cas récents, comme celui survenu à Tourcoing en décembre 2024, témoignent de l’urgence de la situation.
"Le chemsex ne cesse de progresser en France", s'étendant aux hétérosexuels et touchant "nos métropoles, nos villes moyennes, nos communes rurales", a alerté la rapporteure macroniste Brigitte Liso au micro de l'Assemblée nationale. La députée plaide pour un renforcement de la prévention, une meilleure sensibilisation des acteurs de terrain et la mise en place d’un état des lieux épidémiologique plus précis.C’est officiel ! ???? L’@AssembleeNat a adopté ma proposition de résolution pour sensibiliser au #chemsex, un véritable enjeu de santé publique.
— Brigitte Liso (@brigitte_liso) March 31, 2025
Grâce à nos travaux et à la mobilisation de mes 129 collègues, la France se dote d’un véritable arsenal pour soutenir les victimes et… pic.twitter.com/5BfMitJaDC
De son côté, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé la préparation d'un "plan chemsex 2025", prévu pour septembre. Il a rappelé l’existence d’une expérimentation en cours dans six villes pilotes, offrant un accompagnement spécifique aux consommateurs, avec des spécialistes de la santé mentale, sexuelle et des addictologues.
Vers une stratégie nationale de prévention
Si le vote de l’Assemblée nationale symbolise une volonté politique forte, il ne contraint pas le gouvernement à agir. "Les résolutions n'ont pas de valeur contraignante, elles marquent l'expression d'un souhait ou d'une préoccupation", précise le site du Sénat.
Au sein de l’hémicycle, si la majorité des députés plaide pour une approche bienveillante et dénuée de jugement, certains, comme Jean-Pierre Taite (LR), insistent sur la responsabilité des consommateurs : "Il n’y a pas de drogues festives ou de drogues douces. La drogue, sous toutes ses formes, est un fléau sanitaire et sociétal que nous devons combattre."