Arythmie
L’IA pourrait aider à prévenir la mort subite de l'adulte
Des chercheurs français et américains ont développé une intelligence artificielle qui permet d’identifier les patients à risque de présenter une arythmie grave pouvant provoquer un arrêt cardiaque dans les deux semaines.
- Par Sophie Raffin
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- Arkadiusz Warguła/istock
Chaque année, plus de 5 millions de personnes dans le monde meurent d’un arrêt cardiaque survenu sans signe précurseur identifiable. Les professionnels de la santé appellent ces décès inattendus : la mort subite d’origine cardiaque.
Un grand nombre d’entre eux pourraient être évités grâce à l’intelligence artificielle, selon des chercheurs de l’Inserm, de l’Université Paris Cité, et de l’AP-HP et des scientifiques américains.
Leurs travaux ont été publiés dans la revue European Heart Journal, le 30 mars 2025.
Mort subite : l’IA détecte les arythmies graves
Pour mettre au point un algorithme capable d’anticiper les arythmies, des troubles inexpliqués du rythme du cœur pouvant conduire à un arrêt cardiaque fatal, les équipes ont travaillé sur un réseau de neurones artificiels, développé par des ingénieurs de l’entreprise Cardiologs en collaboration avec l’Université Paris Cité et l’université d’Harvard.
"Concrètement, cet algorithme imite les fonctions du cerveau humain, avec pour objectif d’améliorer la prévention de la mort subite d’origine cardiaque", explique le communiqué de l’Inserm. Afin de nourrir l'algorithme, plusieurs millions d’heures de battements du cœur issues de 240.000 électrocardiogrammes ambulatoires recueillies dans six pays (États-Unis, France, Royaume-Uni, Afrique du Sud, Inde et République tchèque) ont été analysés.
Grâce à l’IA, les scientifiques ont identifié de nouveaux signaux faibles annonçant un risque d’arythmie. Ils se sont surtout penchés sur "le temps nécessaire à la stimulation électrique et à la relaxation des ventricules dans le cœur pendant un cycle complet de contraction et de relaxation cardiaque".
Une détection quasi totale des patients sans risque
Lors des essais réalisés pour cette étude, l’algorithme est parvenu à détecter les patients à risque dans 70 % des cas, et ceux sans risque dans 99,9 % des cas.
"Nous nous sommes rendu compte qu’il était possible d’identifier, sur l’analyse de leur signal électrique pendant 24 heures, les sujets susceptibles de développer une arythmie cardiaque grave dans les deux semaines qui suivent. Ce type d’arythmie, s’il n’est pas pris en charge, peut évoluer vers un arrêt cardiaque fatal", explique Laurent Fiorina, premier auteur de l’étude et chercheur au sein du laboratoire Paris – Centre de recherche cardiovasculaire.
Arythmie grave : une technologie qui pourrait être intégrée dans les montres connectées
Des recherches sont encore nécessaires pour améliorer et tester l’efficacité de l’IA développée. Toutefois, les auteurs de l’étude assurent que leur algorithme est prometteur. Il pourrait servir à surveiller les patients à risque à l’hôpital, et même par la suite être intégré à des dispositifs "comme les holters ambulatoires qui mesurent la pression artérielle pour mettre en évidence les risques d’hypertension, voire à des montres connectées".
"Ce que nous proposons ici, c’est un changement de paradigme dans la prévention de la mort subite, souligne Eloi Marijon, directeur de recherche à l’Inserm au sein du laboratoire Paris – Centre de recherche cardiovasculaire. Jusqu’à présent, nous essayions d’identifier les patients à risque sur le moyen et long terme, mais nous étions incapables de prédire ce qui pouvait se passer dans les minutes, les heures ou les jours précédant un arrêt cardiaque. Aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, nous sommes capables de prédire ces événements à très court terme et, potentiellement, d’agir avant qu’il ne soit trop tard.""Il est essentiel que cette technologie soit évaluée dans des essais cliniques avant de pouvoir être intégrée à la pratique médicale, ajoute Laurent Fiorina. Mais ce que nous avons déjà montré, c’est que l’intelligence artificielle a le potentiel de transformer radicalement la prévention des arythmies graves."
