Mélanine

Comment le teint de la peau peut affecter les effets des médicaments

La mélanine, le pigment responsable de la couleur de la peau, peut influencer l'efficacité des médicaments, selon des chercheurs, qui appellent à des essais cliniques plus inclusifs.

  • Par Stanislas Deve
  • PeopleImages / istock
  • 11 Oct 2024
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    La couleur de la peau semblerait avoir une influence sur l’efficacité des traitements. D’après une étude publiée récemment dans la revue Human Genomics, les pigments de mélanine dans la peau pourraient agir comme une "éponge" pour certains médicaments, affectant la vitesse à laquelle les principes actifs atteignent leur cible.

    L’interaction entre la mélanine et certains composés médicamenteux

    Les chercheurs à l’Université de Californie à Riverside (Etats-Unis) expliquent dans un communiqué : "Notre recherche montre que la mélanine, le pigment responsable de la couleur de la peau, a une affinité surprenante avec certains composés médicamenteux. Cette interaction pourrait remettre en question les posologies standards, puisque les teintes de peau varient considérablement d'une personne à l'autre."

    Certains médicaments peuvent ainsi se lier aux pigments de la peau, ce qui pourrait retarder leur absorption ou modifier leur efficacité. Un exemple parlant est celui de la nicotine, dont l'affinité avec la mélanine a été largement observée par les scientifiques. Cela soulève notamment des questions sur l'efficacité des patchs anti-tabac chez les personnes à peau plus foncée : "Est-ce que les fumeurs à la peau plus pigmentée bénéficient autant de ces patchs de nicotine pour arrêter de fumer que les autres ?"

    Plus d'essais cliniques incluant la diversité des humains

    Mais selon les chercheurs, la pigmentation de la peau n'est qu'un exemple. Des variations génétiques parmi les différents groupes ethniques peuvent en effet conduire à des réponses aux traitements très différentes, affectant jusqu’à 20 % des médicaments. "Pourtant, notre compréhension moléculaire de ces différences reste très limitée." Autant de problématiques qui devraient inciter les sociétés pharmaceutiques à mener "des essais cliniques plus inclusifs", avec davantage de "patients issus de la diversité", afin de repenser les processus de développement des médicaments.

    "Aujourd’hui, les médicaments sont le plus souvent testés sur un ou quelques modèles de cellules humaines provenant principalement de donneurs d'origine nord-européenne,
    expliquent les chercheurs. Les médicaments sont ensuite expérimentés chez des rongeurs, puis, si les tests sont concluants, on passe à des essais cliniques. Mais les médicaments sont-ils prêts à être administrés à un groupe diversifié de patients alors qu’ils n'ont pas été testés d'abord, par exemple, sur des modèles de cellules d’humains de différentes origines ? Sauteriez-vous à l'élastique d'un pont si vous saviez que l’élastique n’a pas été testée pour votre catégorie de poids ? Peu probable. Alors pourquoi est-ce actuellement possible avec les médicaments ?"

    En guise de solution dans l’immédiat, l’équipe de scientifiques propose notamment de tester les médicaments sur des modèles de peau humaine 3D comportant des niveaux variés de pigmentation. Ces modèles permettraient aux laboratoires pharmaceutiques d'évaluer l'interaction des médicaments avec différentes teintes de peau avant de mener des essais cliniques. "La pigmentation cutanée doit être davantage un facteur pris en compte dans les estimations de sécurité et de dosage", insistent les chercheurs.

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