599 cas en Afrique de l'Ouest
Virus Ebola : la menace se rapproche de l'Europe
« L'épidémie de virus Ebola est actuellement hors de contrôle en Afrique », alertait récemment un responsable des actions MSF. L'OMS évoque même l'arrivée possible de cas isolés en Europe.
Les Européens doivent-ils s'inquiéter du virus Ebola qui sévit actuellement dans trois pays d'Afrique ? Le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est resté prudent : « Je doute qu’il y ait une grosse épidémie d’Ebola sur ce continent. Il pourrait y avoir des cas isolés de personnes qui ont voyagé en Afrique de l'Ouest avant l’apparition des symptômes. » Mais pour Daniel Epstein, « un voyageur malade qui arriverait en Europe n’infecterait pas des centaines de personnes, comme la grippe peut le faire. Rappelons qu’il faut des contacts très proches pour attraper le virus, des contacts avec le sang, les fluides corporels de malades. L’Ebola se transmet sexuellement », a-t-il rajouté.
La réactviité des autorités sanitaires
Côté français, la tonalité se veut plus rassurante, comme l'a expliqué récemment à la rédaction de pourquoidocteur le Dr Sylvain Baize, responsable du centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales au laboratoire P4 Pasteur-Inserm de Lyon. Pour ce dernier qui a découvert le virus le premier dans son laboratoire, la menace d'une épidémie en France est « très faible ».
« Le risque que le virus arrive en France n'est pas nul mais il reste vraiment très limité nous avait-il confié. L'hypothèse qu'un patient malade ou en phase d'incubation prenne l'avion avec le virus Ebola est peu probable. Parce que la maladie reste pour le moment limitée dans une zone très reculée du pays. De plus, cette pathologie a une survenue très brutale. Le patient est très vite malade, donc alité, et pas en mesure de voyager. »
Enfin, ce scientifique confiait avoir confiance en la réactivité des autorités sanitaires françaises au cas où un patient infecté arriverait sur le sol français: « Il ne faut pas avoir trop de crainte car les mesures mises en place actuellement par les pouvoirs publics visent à éviter tout risque de contamination. Ces mesures de précaution sont en général efficaces. Parmi elles, l'isolement automatique du passager malade pendant le vol est nécessaire. Enfin, lors d'une fièvre suspecte à l'arrivée, ces patients seront également pris en charge et isolés des autres voyageurs. Cependant, pour ces derniers, les chances de survivre sont infimes. Le virus actuel ne connaît ni vaccin, ni traitement efficace. Conséquence, dans 90 % des cas le patient décède. »
L'OMS convoque une réunion à 11 Etats début juillet
Et ce taux de létalité (nombre de personnes qui, ayant contracté une maladie, meurent de cette maladie) très élevé frappe de plein fouet l'Afrique de l'Ouest actuellement. Là-bas, le bulletin publié ce mercredi par l'Institut de veille sanitaire (InVS) fait état de la plus importante épidémie d'Ebola jamais enregistré sur ce continent en termes de nombre de cas, de décès rapportés (599 cas et 338 décès), et du nombre de foyers actifs.
Pour cette raison, l’OMS a appelé cette semaine à prendre des « mesures drastiques ».
« Il ne s’agit plus d’une épidémie spécifique à un pays mais d’une crise sous-régionale qui requiert une action ferme des gouvernements et des partenaires », a déclaré le Dr Luis Sambo, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, dans le dernier communiqué de l'Organisation.
Parmi les premières pistes annoncées, l'OMS recommande donc « d'impérativement intensifier les efforts de riposte, promouvoir la collaboration transfrontalière et le partage d’informations sur les cas suspects et les contacts, conformément aux lignes directrices de l’OMS, et mobiliser tous les secteurs de la communauté afin de garantir un accès sans entrave aux zones affectées. C’est de cette manière que l’on pourra enrayer efficacement l’épidémie », concluait-elle.