Succession de Margaret Chan
Philippe Douste-Blazy : un candidat médecin à la tête de l'OMS
L’ancien ministre de la Santé est candidat à la direction générale de l’Organisation Mondiale de la Santé. Il met en avant son CV fourni dans la santé publique.
Un poste se libère à Genève. Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cèdera son siège de directeur général en mai prochain. Un candidat s’est déjà déclaré à sa succession : Philippe Douste-Blazy. Le Français a officialisé sa candidature dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. Son argument de campagne : « Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où 2 milliards d’êtres humains n’ont pas accès aux médicaments et aux vaccins essentiels. »
Ce combat, il le mène déjà depuis une décennie à travers sa fonction de président d’Unitaid.
Franchise d’un euro
Philippe Douste-Blazy l’affirme au JDD : il brigue la direction de l’OMS avec le « soutien total » de François Hollande. Ce poste signerait son retour sur le terrain de la politique pour cet ancien ministre des Affaires étrangères et de la Culture, après plus de dix ans d’absence mais pas d’inaction. Pour justifier sa candidature, il fait en effet valoir son CV pour le moins fourni dans le domaine de la santé. Depuis sa dernière prise de fonction politique, il n’a pas chômé dans ce secteur.
Philippe Douste-Blazy est issu d’une formation médicale : interne à Toulouse (Haute-Garonne), il y a également exercé en tant que cardiologue. C’est aussi là-bas qu’il a obtenu le titre de professeur en médecine, en 1988.
Sa carrière médicale s’est progressivement intriquée avec la vie politique. Il est ainsi ministre de la Santé à deux reprises, de 1993 à 1995 et de 2004 à 2005. C’est lors de son second mandat qu’il entame une réforme de l’Assurance maladie, qui verra notamment l’apparition de la franchise à un euro.
Des financements innovants
Mais c’est sans doute à partir de 2007 que le CV de Philippe Douste-Blazy devrait s’attirer les faveurs de l’OMS. C’est à cette date qu’il devient le président d’Unitaid, fondée par la France et le Brésil grâce à la taxe sur les billets d’avion. L’organisation permettra de financer la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme à travers la prévention, le traitement et le diagnostic.
La taxe dite « Chirac » contribue à la moitié du budget de l’organisation, grâce aux différents pays qui l’ont adoptée. Philippe Douste-Blazy et ses collaborateurs en font un usage d’abord hésitant. La campagne Massivegood, censée permettre les micro-contributions à l’achat d’un billet d’avion, fait un flop total alors que 22 millions de dollars sont investis.
Le travail d’Unitaid s’avère toutefois payant : l’organisation parvient, avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, à réduire le prix des médicaments contre le Sida de 25 à 50 % dans 60 pays. En 2014, Philippe Douste-Blazy se lance dans la lutte contre la malnutrition à travers le projet Unitlife et convainc plusieurs chefs d’Etat africains d’y adhérer. Il consiste en un don de 10 cents par baril de pétrole vendu.
Autant de propositions innovantes qui lui ont sans doute valu son poste de Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies en charge des financements innovants pour le développement. Reste à savoir s’il jouera en sa faveur.