Psychologie
Anxiété : les soucis d’argent augmentent la souffrance physique
Les personnes subissant, ou anticipant, des difficultés financières seraient plus sujettes aux douleurs physiques, selon une étude américaine.
Le chômage, la crainte d’un licenciement ou de ne pas pouvoir payer ses factures affectent le moral, mais aussi le corps. Une étude réalisée par l’Université de Virginie, aux Etats-Unis, publiée dans Psychological Science montre que les personnes confrontées à des difficultés financières seraient plus sujettes aux douleurs physiques.
Aux Etats-Unis, les dépenses annuelles liées à la douleur ont été multipliées par dix en vingt ans, pour atteindre 635 milliards de dollars en 2008. Les cas d’addiction aux antalgiques sont également en nette hausse (+50% entre 2006 et 2012). Cette tendance est corrélée à une chute du pouvoir d’achat des classes moyennes américaines, qui présentent de plus en plus de difficultés financières. Les chercheurs ont alors étudié un éventuel lien de causalité entre les deux.
Une consommation supérieure de 20%
Plusieurs études avaient déjà montré qu’il existait un lien clair entre détresse psychologique et douleur physique, les deux phénomènes engageant des processus cérébraux similaires. Eileen Chou, responsable de l’étude, et son équipe, ont alors comparé les achats d’antalgiques de 33 720 ménages. Les chercheurs sont parvenus à mettre en évidence une surconsommation de 20% chez ceux dont les deux adultes étaient au chômage, par rapport à ceux dont au moins l’un des deux travaillait.
A travers une autre série d’expériences, ils ont également étudié l’impact de l’incertitude professionnelle (zone d’habitation à l’économie peu dynamique, risques de licenciement) sur la résistance à la douleur, en calculant le temps pendant lequel lex sujets pouvaient gardé leurs mains plongées dans un seau d’eau glacée. Cet angle d’approche plus subjectif a mis en évidence le lien entre le sentiment d’insécurité financière, donc la peur d’un avenir incertain, et la douleur.
Stress et anxiété
« L’interprétation subjective de la sécurité économique personnelle a des conséquences qui vont au-delà, et qui sont plus significatives que la situation financière réelle », expliquent les chercheurs dans leur publication. Ainsi, des personnes s’inquiétant sur leur avenir, même sans raison valable, peuvent s’infliger une diminution de la tolérance à la douleur.
Le sentiment de perte de contrôle face à une situation financière compliquée, le chômage ou des risques de licenciement serait mis en cause dans le processus psychologique décrit par l’équipe du Dr Chou. Il provoque de l’anxiété, de la peur et du stress, déjà identifiés comme des facteurs déterminants d’un accroissement des douleurs physiques.