Cardiologie
Maladie cardiaque : les femmes devraient-elles remplacer le lait par cet aliment ?
Consommer du lait non-fermenté augmenterait le risque de maladie cardiovasculaire pour les femmes. À l’inverse, intégrer des yaourts au régime alimentaire le réduirait.
Si vous êtes une femme et que vous buvez régulièrement du lait, il vaudrait mieux changer vos habitudes. Selon une étude parue dans BMC Medicine, consommer du lait non-fermenté augmente le risque de maladie cardiaque chez les femmes. En revanche, remplacer ce laitage par des yaourts pourrait le réduire.
Quels sont les effets de la consommation de lait sur le risque cardiaque ?
Dans cette étude, des chercheurs de l’université d’Uppsala en Suède se sont intéressés aux liens entre la consommation de lait et le risque de cardiopathie ischémique (CCI) et d'infarctus aigu du myocarde (IDM). "La CCI est l'un des principaux facteurs de mortalité chez les adultes à l'échelle mondiale, et il existe une incertitude quant aux effets des produits laitiers sur le risque de CCI", préviennent-ils. Karl Michaëlsson, auteur principal de cette étude, et son équipe ont mené leurs travaux grâce aux données de plus de 100.000 personnes, dont près de 60.000 femmes. La période de suivi s’étendait de 1987 à 2021 : au total, 17.896 cas de cardiopathie ischémique, dont 10.714 cas d'infarctus du myocarde, ont été recensés. En plus des informations sur leur état de santé, les chercheurs ont contrôlé d’autres facteurs comme la consommation d’alcool et de tabac ou encore la présence d’autres pathologies, comme le diabète. Les participants ont indiqué le nombre de produits laitiers qu’ils consommaient chaque jour, répartis entre les fermentés, comme le yaourt et le kéfir, et les non-fermentés, comme le lait.
Consommation de produits laitiers et maladie cardiaque : des risques accrus observés uniquement chez les femmes
"Chez les femmes, la consommation de plus de 300 millilitres par jour de lait non fermenté était associée à un risque accru de cardiopathie ischémique, avec un risque accru de 5 % à 400 millilitres, de 12 % à 600 millilitres et de 21 % à 800 millilitres, concluent les auteurs. Une relation similaire a été observée chez les femmes pour le risque d'infarctus aigu du myocarde." Chez les hommes, aucune association entre le risque de cardiopathie ischémique et la consommation de lait non-fermenté n'a été observée. "Le remplacement d'une consommation quotidienne de 200 millilitres de lait non fermenté par du lait fermenté a suggéré qu'il y avait une diminution de 5 % du risque de cardiopathie ischémique et de 4 % du risque d'infarctus du myocarde chez les femmes", poursuivent les chercheurs suédois.
Des liens entre produits laitiers et maladie cardiaque à confirmer
Ils supposent que la consommation de grandes quantités de lait non-fermenté pourrait affecter les niveaux d'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) et de facteur de croissance des fibroblastes 21 (FGF21). Or, ces deux protéines cardiométaboliques ont pour rôle de réguler la pression et le débit sanguins.
Cette étude devra être complétée par d’autres travaux, car plusieurs limites demeurent. D’abord, les auteurs rappellent que les participants étaient principalement scandinaves, "ce qui pourrait limiter la généralisabilité des résultats de l'étude à d'autres populations". Aussi, il s’agit d’une étude observationnelle, ce qui ne permet d’établir une relation de cause à effet entre la consommation de lait non-fermenté des femmes et la cardiopathie ischémique.