Rhumatologie
Goutte : diminution des dépôts cristallins en échographie parallèlement aux crises
Une étude norvégienne montre que le traitement hypouricémiant sur 5 ans réduit significativement les dépôts articulaires de cristaux d'urate monosodique détectés en échographie chez les patients atteints de goutte, en parallèle à une réduction des crises, soulignant l'importance d'une prise en charge prolongée.
- Md Ariful Islam/istock
L'arthropathie goutteuse est caractérisée par des dépôts de cristaux d'urate monosodique (ou acide urique) à la surface des articulations et des tendons, entraînant crises inflammatoires douloureuses et lésions articulaires. L'échographie, sensible pour détecter ces dépôts sous forme de double contour, de tophus et d’agrégats, est un outil précieux pour le suivi de la maladie.
L'étude prospective NOR-Gout, a évalué l'évolution de ces dépôts chez 209 patients sous traitement hypouricémiant sur une période de cinq ans. Les résultats principaux, présentés au congrès ACR Convergence 2024, montrent une diminution significative des dépôts d’acide urique non seulement durant la première année de traitement hypouricémiant intensif, mais aussi lors du suivi par les médecins généralistes entre la deuxième et la cinquième année.
Un suivi prospectif après une étude randomisée aux objectifs
L'étude a inclus majoritairement des hommes (95,5 %), âgés en moyenne de 56,4 ans, avec une durée moyenne de goutte de 7,9 ans. Le taux moyen d'acide urique sérique (AUS) est passé de 500 μmol/L au départ à 312 μmol/L à un an, se maintenant entre 325 et 337 μmol/L jusqu'à cinq ans. Les scores échographiques de double contour, tophus et agrégats ont diminué significativement (p < 0,001 pour toutes les lésions).
À deux ans, 70,9 % des patients n’ont plus de double contour à l'échographie, proportion augmentant à 83,2 % à cinq ans. Pour les tophus, ces pourcentages sont de 33,1 % à deux ans et 62,7 % à cinq ans, et pour les agrégats, de 7,6 % à 23,6 %.
Entre la première et la deuxième année, 26,6 % des patients ont rapporté au moins une crise de goutte, chiffre réduit à 15,4 % entre la deuxième et la cinquième année, indiquant une meilleure tolérance et efficacité du traitement sur le long terme.
Le suivi prospectif d’une étude randomisée aux objectifs
Les données proviennent de l'étude NOR-Gout, qui a inclus des patients avec goutte prouvée par cristallographie et une uricémie > 360 μmol/L. Durant la première année, un suivi intensif a permis d'ajuster le traitement hypouricémiant pour atteindre une uricémie cible (< 360 μmol/L, ou < 300 μmol/L en cas de tophus), avec des évaluations échographiques régulières. Par la suite, les patients ont été suivis par leur médecin généraliste, avec des visites d'étude à deux et cinq ans.
L'évaluation échographique, selon le score semi-quantitatif OMERACT, comprenait l'examen bilatéral de plusieurs articulations et tendons. Ces résultats suggèrent que même lors du suivi en médecine générale, le maintien d'un traitement hypouricémiant efficace permet une réduction continue des dépôts d’acide urique. Ils soulignent l'importance d'une observance thérapeutique à long terme et le rôle clé des généralistes dans la prise en charge de la goutte. Les perspectives incluent une amélioration de l’adhérence au traitement avec l’échographie et la corrélation entre la disparition des dépôts et la réduction des symptômes et de l’amélioration de la fonction articulaire.
Des conséquences pratiques
Un traitement hypouricémiant prolongé, bien suivi et aux objectifs réduit significativement les dépôts de cristaux d’acide urique détectés par échographie, et cette diminution semble associée à une réduction de la charge de la goutte.
Au-delà, il est possible que la visualisation de la régression des images échographiques améliore l'engagement des cliniciens et l’adhérence au traitement des patients, deux éléments essentiels pour prévenir les récidives et les lésions articulaires.