Enquête en France

Hôpital : les téléphones portables sont des nids à virus

Les téléphones portables utilisés à l’hôpital pourraient participer à la prolifération de virus, selon les résultats d’une enquête menée en France.  

  • Par Caroline Delavault
  • Epictura/Zneb076
  • 21 Jun 2016
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    À l’hôpital, l’usage du téléphone portable est précieux. Successeur en titre du « bip », il permet aux infirmiers et aux médecins d’être contactés rapidement. Mais selon les conclusions de travaux menés par le Laboratoire des Agents Infectieux et de l’Hygiène du CHU de Saint-Etienne, les professionnels de santé pourraient, à leur insu, participer à la prolifération de virus au sein de l’hôpital. Et parfois même, lorsqu’ils poussent la porte de chez eux. Comme le révèlent les chercheurs, 38,5 % des appareils mobiles sont contaminés par des virus, à l’instar des gastro-entérites et des métapneumovirus.

    Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont collecté – entre janvier et mars 2013 – les téléphones portables utilisés quotidiennement par 114 personnels de santé. Les scientifiques ont prélevé les traces présentes sur les smartphones. Les équipes médicales avaient, précédemment, répondu à un questionnaire portant sur leur utilisation du téléphone. 

     

    Un constat peu surprenant 

    Résultat : les virus ARN étaient présents sur 38, 5 % des téléphones portables. Ils peuvent provoquer diverses maladies humaines telles que la grippe, l'hépatite C, la poliomyélite ou encore la rougeole. Trente-neuf des cent téléphones étaient contaminés par des rotavirus – soit la contamination la plus importante.
    « Le métapneumovirus, un cousin du virus RSB qui donne des tableaux respiratoires qui peuvent être graves, a été relevé sur quelques téléphones, indique à Pourquoidocteur l’auteur de l’étude, Sylvie Pillet, pharmacienne biologiste et virologue au CHU de Saint-Étienne.
    « Plusieurs études antérieures, poursuit-elle, avaient montré que des bactéries étaient présentes sur les téléphones portables, mais la présence de virus était encore inconnue. Nous avons, grâce à une technique appelée PCA (qui permet de détecter le génome d’un virus : Ndlr) trouvé la présence sur 39 téléphones de rotavirus, connus pour provoquer des gastro-entérites qui peuvent être graves, notamment chez les enfants », explique la pharmacienne. Le rotavirus, particulièrement résistant, « persiste sur les jouets des enfants comme sur les poignées de portes. Il s’attrape en ville mais aussi à l’hôpital, ce qui complique les choses.

    « Cependant, aucun virus grippal n’a été détecté », ajoute Sylvie Pillet. « Nous n’étions pas étonnés de voir que des virus étaient présents sur les téléphones portables, confie la spécialiste. Nous savons qu’ils ne sont pas nettoyés assez fréquemment. »

    Des mesures d’hygiène peu respectées 

    « La majorité des travailleurs de santé utilisent leur téléphone portable à l’hôpital. Toutefois, il est surprenant de voir que 20 % d’entre eux avouent ne pas respecter les règles d’hygiène que ce soit avant ou après l’utilisation de leur téléphone », souligne l'autre auteur de l’étude, Elisabeth Botelho-Nevers. L’enquête révèle également que les portables sans fil étaient désinfectés et nettoyés plus souvent dans les services adultes que dans les services pédiatriques. 

    Au regard de ce constat préoccupant, « il est important de rappeler l’importance de se laver les mains très souvent : quand nous raccrochons et avant de procéder aux soins des patients », rappelle Sylvie Pillet. Les médecins, comme les infirmiers, peuvent être amenés à utiliser leur téléphone personnel au travail, « ils s’exposent donc eux-mêmes à des risques d’infections »,  conclut la spécialiste.

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