Communiqué du ministère de la Santé
Suppression de lits à l'hôpital : les directeurs se réjouissent du démenti
Le ministère de la Santé dément les informations sur un plan de suppression de 16 000 lits à hôpital. Les directeurs d'hôpitaux applaudissent.
Jolie passe d’armes entre le Figaro et le ministère de la Santé à coups d’articles et de communiqués. Le quotidien a publié ce mercredi une cartographie de suppressions de 16 000 lits d’hospitalisation répartis par région, censée illustrer un plan gouvernemental.
Faux, s’est insurgé le ministère de la Santé qui a « fermement » démenti, en indiquant qu’il s’agissait « de documents de travail de l’administration datés et qui n’ont par ailleurs jamais été pris en compte dans le plan d’économies du gouvernement ». Il n’en fallait pas plus à la Fédération hospitalière de France (FHF), voix commune des directeurs d’hôpitaux, pour s’engouffrer dans la brèche et féliciter le gouvernement pour son engagement.
« Cette position ministérielle acte une évolution très significative par rapport au plan triennal de maîtrise des dépenses de santé et à ses objectifs, notamment capacitaires, a estimé la FHF, dans un communiqué. L’approche par les lits est en effet depuis longtemps éculée et les responsables hospitaliers sont engagés au dépassement de ces logiques et à penser l’offre de soins en fonction des besoins de santé plutôt que des capacités », peut-on aussi lire.
Plan d’économies de 3 milliards d’euros
La FHF a donc sauté sur l’occasion pour exiger que des consignes soient données aux Agences régionales de santé (ARS) pour qu’elles interrompent les plans actuels de suppressions de lits. Elle appelle les hôpitaux à lui indiquer les consignes éventuelles données par les ARS dans ce sens. Elle annonce finalement qu’elle présentera des projets impliquant le personnel de soins.
Ce désaccord de philosophie fait suite au large plan d’économies engagé par le ministère de la Santé. Entre 2015 et 2017, il est censé faire réaliser 3 milliards d’euros d’économies aux hôpitaux français. Ils accusent un déficit annuel de 200 millions d’euros (chiffres 2014), et cumulent une dette de 11 milliards d’euros pour les seuls centres hospitaliers universitaires (CHU).
La solution de la chirurgie ambulatoire
L’un des volets d’action souhaité par le gouvernement, le développement de la chirurgie ambulatoire. Au lieu d’être hospitalisés, et pour les opérations qui le permettent, les patients sont admis le matin, subissent l’opération, et rentrent chez eux le soir. Le taux de ce type de chirurgie s’élevait à 40 % en 2012. Marisol Touraine avait alors fixé pour objectifs une opération sur deux en 2016 et deux sur trois d’ici 2020. D'ores et déjà, des retards ont été pris sur ce calendrier.
Un plan qui permet des économies matérielles, mais surtout sur le personnel. « Dans un établissement public de santé, les dépenses liées au personnel représentent 60 à 85 % des dépenses totales », peut-on lire dans un rapport de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Le Figaro annonce dans son article que presque un milliard d’euros sur les trois requis proviendrait d’économies sur la masse salariale. Ce que conteste le ministère.
De son côté, ce dernier rappelle sa volonté de maintenir les emplois. « Depuis 2012, les faits parlent d’eux-mêmes et démontrent que le gouvernement entend préserver les effectifs hospitaliers : il n’y a pas eu (et il n’y aura pas) de baisse d’effectifs, explique-t-il dans son communiqué. Au contraire, depuis 2012, près de 30 000 soignants et non soignants en plus ont été recrutés à l’hôpital. En 2016, ce sont ainsi 1,3 milliard d’euros de plus que le gouvernement a accordés aux établissements de santé français. »