Etude menée chez le rat
L'exposition à la pollution de l'air augmente le risque d'obésité
Après avoir respiré l'air pollué de Pékin durant plusieurs semaines, des rats de laboratoire ont développé du cholestérol, une dyslipidémie et une insulinorésistance.
Pathologies respiratoires, maladies cardiovasculaires, cancers… La liste des conséquences sur la santé de la pollution de l’air ne cesse de s’allonger. Et à en croire une étude américaine parue jeudi 18 février dans le FASEB Journal, l’obésité et les troubles métaboliques associés pourrait bientôt s’y ajouter.
Des chercheurs de l’université de Duke (Caroline du Nord, Etats-Unis) ont en effet découvert qu’une exposition chronique à une atmosphère polluée augmente le risque d’obésité, de diabète de type 2 et de dyslipidémie (excès de cholestérol ou de triglycérides) chez le rat.
Pour parvenir à ces observations, les chercheurs ont étudié des rats femelles gestantes entre 3 et 8 semaines. Certains de ces cobayes de laboratoire ont été exposés à l’air pollué de la capitale chinoise Pékin, tandis que les autres ont respiré un air filtré. Au bout de 19 jours seulement, les premiers effets de la pollution se sont faits ressentir : les femelles exposées ont présenté une inflammation des poumons et du foie, ainsi qu’un poids 10 % plus important que celui des rats ayant respiré un air pur.
Une exposition prolongée nefaste
Les chercheurs ont ensuite exposé les ratons et leurs mères. A 8 semaines, les bébés rats ayant respiré l’air pollué pesaient bien plus lourds que les autres animaux. Après cette exposition continue, les scientifiques rapportent que tous les rats ont présenté une augmentation des marqueurs biologiques de l’inflammation sur les parois des vaisseaux sanguins ainsi que dans les bronches.
Par ailleurs, les analyses sanguines révèlent que les rats exposés à une atmosphère polluée étaient atteints de dyslipidémie et d’insulinorésistance. Leur taux de « mauvais cholestérol » et de lipides sanguins étaient 50 % plus élevés que celui des rats en bonne santé. Leur taux de cholestérol total est presque multiplié par deux. Enfin, la mesure de l’insulinorésistance, un marqueur du diabète de type 2, montre qu’elle est bien plus élevée chez les rats ayant respiré un air pollué que leurs compères ayant respiré un air filtré.
Selon les auteurs, tous ces paramètres suggèrent qu’une exposition prolongée à la pollution de l’air induit un dérèglement métabolique qui pourrait conduire à une obésité. « Cette pathologie est devenue un problème majeur de santé publique, affirme Jim Zhang, professeur de santé environnementale à l’université de Duke. Aussi, si nos résultats sont confirmés chez l’humain, des mesures pour limiter la pollution de l’air devront rapidement être mises en œuvre. »