Épidémie silencieuse

Pollution : comment mieux respirer à l’intérieur comme à l’extérieur ?

À l’occasion de son colloque annuel, la Fédération Française d’Allergologie liste les polluants, favorisant l’augmentation de la prévalence et de la gravité des allergies, et donne des conseils pour améliorer la qualité de l’air intérieur et extérieur.

  • Par Geneviève Andrianaly
  • JM_Image_Factory/iStock
  • 10 Mar 2023
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    Classées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au quatrième rang mondial des maladies chroniques, les allergies respiratoires touchent actuellement 18 millions de personnes en France. Selon l’autorité sanitaire, 50 % de la population sera affectée en 2050. Pour prévenir le développement des allergies, il convient de lutter contre les facteurs favorisant ce dérèglement du système immunitaire. Parmi elles, on retrouve la perte de la biodiversité, nos habitudes de consommation alimentaires ou la dégradation de l’environnement. Autre cause : la pollution dite "chronique". "Le fait de baigner dans un cocktail de polluants touche et abîme les organes. On sait maintenant que la pollution atmosphérique contribue au développement de l’asthme", signale Isabella Annesi-Maesano, professeur d’épidémiologie environnementale.

    Pollution de l’air extérieur : les particules ultrafines responsables des maladies respiratoires

    Lors du colloque annuel de la Fédération Française d’Allergologie, le 9 mars, elle rappelle les sources de la pollution de l'air extérieur : "les transports, l’agriculture (épandage, travail du sol), les habitations (chauffage) ou encore les catastrophes naturelles (incendie, éruption volcanique)". D’après l’experte, les pathologies cardiaques, respiratoires et métaboliques surviennent à cause de l’inhalation des particules ultrafines. "Ces dernières pénètrent dans les alvéoles pulmonaires et se retrouvent dans le sang. Elles ont un pouvoir inflammatoire important. Lorsque les femmes enceintes inhalent ces particules, cela a des conséquences sur le fœtus, qui aura plus de risques de souffrir d’une maladie chronique plus tard".

    Pour améliorer la qualité de l’air extérieur, des zones à faibles émissions mobilité ont été mis en place dans plusieurs villes françaises. Ces dernières limitent la circulation des véhicules les plus polluants. "Les anciennes voitures sont les plus nocives pour la santé. Elles appartiennent à des personnes ayant des revenus modestes, qui sont le plus souvent victimes de problèmes de santé", déclare Claire Pitollat, députée des Bouches-du-Rhône, membre de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. "On ne peut pas dire aux gens d’acheter des voitures neuves, si on ne leur offre pas d’autres moyens de mobilité", ajoute Françoise Schaetzel, conseillère municipale déléguée à la qualité de l'air et à la santé environnementale à la mairie de Strasbourg.

    Qualité de l’air : "on compte 5.000 polluants intérieurs"

    Selon Isabella Annesi-Maesano, la pollution de l’air intérieur est, tout comme la pollution de l’air extérieur, responsable de l’augmentation constante des allergies respiratoires. "On passe 90 % de notre temps dans des logements fermés, par exemple une école, les locaux d’une entreprise ou notre maison. Au total, on compte 5.000 polluants intérieurs", poursuit-elle. Dans la liste des sources de la pollution de l’air intérieur, on retrouve la combustion (tabac, cuisinière à gaz, chauffage), les aménagements (peinture, moquette, sols en PVC), les polluants extérieurs qui entrent dans les habitations, les polluants biologiques (poils de chat ou de chiens, acariens, personnes porteuses d’un virus) et les composés organiques volatils (COV) (benzène, l’acétone, le perchloroéthylène) qui sont classés comme cancérigènes.

    Afin d’accompagner les personnes allergiques à exclure ou limiter le contact de ces substances allergènes dans leur cadre de vie, Martine OTT, conseillère médicale en environnement intérieur, se rend au domicile ou sur le lieu de travail des patients après qu’un médecin ait posé un diagnostic d’une pathologie respiratoire en lien avec un polluant de l’environnement intérieur, par exemple l’asthme, la mucoviscidose, la toux chronique, la BPCO. Elle leur donne des conseils qui leur permettent de modifier leur environnement ou de changer leurs habitudes. "Je rappelle qu’il faut aérer souvent son logement, ne pas boucher les entrées d’air, avoir recours à des produits d’entretien moins irritants, une housse anti-acariens pour les matelas, un revêtement de sol lavable, ne plus fumer chez soi ou ne plus utiliser les parfums d’intérieur", détaille la conseillère.

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