Question existentielle
Que se passe-t-il dans le corps 5 minutes après la mort ?
Les cinq minutes qui suivent une mort ne sont pas un fleuve tranquille. La mort réserve bien des surprises et même si le cerveau est "éteint", certaines parties du corps fonctionnent encore. On vous explique pourquoi.
Qu’est-ce qu’il y a après la mort ? Voilà une question enfantine, bien difficile à répondre. On pourrait penser qu’il ne se passe pas grand chose et que la mort consiste en une extinction lente du cerveau. Bien au contraire, ce qu’il se passe est en réalité assez animé. Le neurologue Eelco Wijdicks, ancien président de la division de neurologie des soins intensifs à la Mayo Clinic et auteur du livre Brain Death, interrogé par Discover Magazine, a tenté d’apporter un éclairage. Regardons cela étape par étape.
Même si le cerveau meurt, le cœur peut continuer à battre
Durant les premières minutes post-mortem, les cellules cérébrales peuvent survivre. Le cœur peut continuer à battre sans son approvisionnement en sang. Le foie, s’il est sain, peut même continuer à décomposer l'alcool. Et si un médecin vous frappe la jambe au-dessus de la rotule, vous seriez probablement capable de donner un coup de pied réflexe. En résumé, les signes de vie persistent en vous, mais sans vous.
Mais comment cela est-il possible, qu'est-ce qui continue de fonctionner sans le cerveau, sans le cœur et les poumons, ou sans les trois ?
Sans votre cerveau, la respiration s'arrête, tout comme la régulation de la pression artérielle. Mais le cœur et le système gastro-intestinal ont leurs propres stimulateurs cardiaques indépendants qui continuent à fonctionner pendant un certain temps. Ces derniers laissent en marche le foie et les reins pendant une brève période avant que les organes ne soient privés de sang.
Cependant, même au point de pression artérielle nulle - c'est-à-dire sans circulation - la fonction électrique persiste. "Vous pouvez faire un électrocardiogramme, affirme Eelco Wijdicks. L'électrocardiogramme montrera qu'il y a encore quelque chose qui se déclenche." Au niveau du cerveau par contre, c’est plus compliqué. La fonction cérébrale après une insuffisance cardiaque ou pulmonaire est beaucoup plus incertaine. La tension artérielle résiduelle et la fonction respiratoire peuvent signifier que les neurones individuels du tronc cérébral continuent de s'activer. Très rapidement, cependant, à l'intérieur de la boîte étanche de votre crâne, les cellules cérébrales qui constituaient vos pensées et vos souvenirs commencent à gonfler sans accès à leur approvisionnement en sang. Lorsque la pression au-dessus ou au-dessous rompt et détruit le tronc cérébral, toute activité possible cesse. La bonne nouvelle est que personne n'est témoin de l'apparition de ses propres lésions cérébrales. "Lorsque votre tension artérielle chute précipitamment, vous devenez inconscient, explique le neurologue. Vous ne remarquez rien." Pourtant, même après avoir retiré une personne sans circulation sanguine d'un ventilateur, les chirurgiens transplanteurs attendent jusqu'à cinq minutes avant d'opérer. La pause est leur façon de garantir que toutes les dernières fonctions cérébrales sont terminées, et qu'elles ne reprendront jamais, souligne Wijdicks. Selon lui, les signes les plus surprenants de la vie après la mort sont les mouvements involontaires médiés par la moelle épinière. Ceux-ci comprennent le levage des bras, la flexion des doigts et des mouvements brefs et lents des membres supérieurs provoqués par des stimuli extérieurs ou un changement d'oxygénation. Les patients en état de mort cérébrale en attente d'une greffe peuvent montrer une réponse motrice physiologique plus de 24 heures après la mort, ce qui surprend et effraie parfois même les médecins. La plus rare et la plus célèbre de ces réponses est le “signe de Lazare”, lorsque les bras de quelqu'un se lèvent brièvement puis se croisent sur la poitrine. Malheureusement pour ceux qui aimeraient avoir la vie éternelle, même si le cœur, le cerveau, le système gastro-intestinal, la colonne vertébrale et d'autres sources de nos signes de vie sont semi-autonomes, leurs interconnexions et leur interdépendance l'emportent sur tout. Sans soutien artificiel, quand l'un s'en va, les autres suivent rapidement et l’on meurt définitivement.Qu'est ce qu'il se passe dans le cerveau quand on meurt ?
Les mouvements involontaires des morts peuvent même surprendre les médecins