Anxiété
Comment la pollution de l’air joue avec nos émotions
L’exposition à la pollution de l’air pourrait altérer les régions du cerveau contrôlant les émotions et favoriser le risque d’anxiété et de dépression, selon une méta-analyse.
On sait depuis des années que la pollution de l’air a des effets néfastes sur notre santé physique, favorisant le risque de troubles cardiovasculaires et de pathologies respiratoires comme l’asthme. Mais ce n’est que récemment que les scientifiques commencent à en lister les conséquences sur notre cerveau et notre bien-être mental. D’après une nouvelle méta-analyse, publiée dans la revue NeuroToxicology et repérée par le média indépendant The Conversation, respirer un air vicié pourrait notamment nous rendre plus malheureux.
Plus de troubles mentaux si on respire un air pollué
Dans le cadre de leurs travaux, la chercheuse en psychiatrie Clara Zundel et son équipe de l’université de Wayne State (Etats-Unis) ont compilé plus de cent études menées sur des animaux et des humains et portant sur les effets de la pollution de l’air extérieure sur la santé mentale et plus précisément les trois principales régions du cerveau qui régulent les émotions : l’hippocampe, l’amygdale et le cortex préfrontal.
Ils ont constaté que 73 % des études montraient que les symptômes de troubles mentaux étaient plus élevés chez les volontaires humains et les modèles de rongeurs qui avaient été exposés à des niveaux de pollution atmosphérique supérieurs à la moyenne, mais aussi à des niveaux considérés comme "sûrs" par les normes américaines de l’Environmental Protection Agency. Pire : 95 % des recherches ont révélé des changements physiques et fonctionnels significatifs dans les régions cérébrales de régulation des émotions chez les personnes exposées à des niveaux accrus de pollution de l'air.
La pollution de l’air à l’origine de changements d’humeur et d’anxiété ?
En cause : "Les polluants atmosphériques, comme les particules ultrafines des gaz d’échappement des véhicules, qui affectent le cerveau soit directement, en se déplaçant du nez jusqu’au cerveau, soit indirectement, en provoquant une inflammation et des réponses immunitaires altérées dans le corps qui peuvent ensuite traverser le cerveau", peut-on lire dans un communiqué des chercheurs. D’après eux, ces changements physiologiques pourraient être à l’origine de changements d’humeur et rendre les personnes plus susceptibles de développer de l’anxiété, voire de souffrir de dépression.
Ce n’est pas la première fois que des travaux font le lien entre pollution atmosphérique et mal-être psychique. Selon diverses études, respirer un air vicié serait ainsi responsable de troubles mentaux graves chez les enfants, de symptômes dépressifs chez les adolescents, ou encore d’anxiété parmi la population générale. A l’heure où neuf personnes sur dix sont exposées à un air pollué, selon l’Organisation mondiale de la santé, les chercheurs appellent les autorités à réglementer davantage les émissions de carbone. En particulier pour assurer le bien-être des enfants, dont le cerveau n’est pas encore totalement développé et qui est donc plus sensible aux ravages des particules fines.