Etude

Prisons : les détenus sont plus à risque de mourir d'un cancer

Les personnes incarcérées ou récemment sorties de prison auraient plus de risque d’être atteintes d’un cancer et d’en mourir, comparativement au reste de la population, selon une étude. 

  • Par Diane Cacciarella
  • FooTToo/iStock
  • 18 Sep 2022
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    31 mars 2022, environ 85.136 détenus incarcérés, dont 3,59 % de femmes, d’après les dernières données disponibles. Le parc pénitentiaire français a une capacité opérationnelle de 60.619 places au 1er mars 2022, ce qui signifie qu’il y a plus de détenus que de places. Ainsi, la densité carcérale globale atteint 105,9 %.

    Une récente étude, publiée dans la revue PLOS ONE, s’est penché sur la santé en prison. Plus précisément, les chercheurs ont étudié le risque des détenus et des personnes récemment sorties de prison de développer et de mourir d’un cancer. 

    La mortalité par cancer chez les détenus représente 30 % des décès

    Le cancer est la principale cause de mortalité chez les personnes incarcérées, représentant environ 30 % de tous les décès, et pourtant la relation entre l'incarcération et l’espérance de vie avec un cancer n'a pas été complètement évaluée”, estime le Dr Emily Wang, principal auteur de cette étude.

    Lors de leurs travaux, les scientifiques ont comparé les données du registre des tumeurs du Connecticut, un État américain, avec celles du système correctionnel des adultes diagnostiqués avec un cancer invasif de 2005 à 2016 dans le même État. On parle de cancer invasif quand il s'est propagé hors des tissus dans lesquels il a pris naissance.

    Avec ces données, les chercheurs ont établi que le risque de décès lié au cancer à cinq ans était significativement plus élevé chez les personnes diagnostiquées pendant leur incarcération et celles récemment libérées - dans les douze mois suivant la sortie de prison - par rapport au reste de la population.

    Cancers du système gastro-intestinal, du poumon et de la prostate

    "C'est un appel à l'action, insiste le Dr Cary Gross, l’un des auteurs de cette étude. Les efforts de prévention et de traitement du cancer devraient cibler les personnes en prison et identifier pourquoi l'incarcération est associée à ces mauvais résultats".

    Autre enseignemet des scientifiques : les personnes diagnostiquées avec un cancer invasif pendant leur incarcération et dans l'année suivant leur libération étaient généralement plus jeunes, de sexe masculin et d’origine hispanique ou non-hispanique noir. Les cancers les plus courants chez les détenus étaient ceux liés au système gastro-intestinal, suivis des cancers du poumon et de la prostate, ainsi que de la leucémie et du lymphome.

    Les scientifiques avancent plusieurs raisons pour expliquer ce taux élevé de cancers chez les détenus : l'accès limité à des soins de qualité contre le cancer, aux soins palliatifs et la “faible considération portée aux déterminismes sociaux de la santé des patients, y compris le soutien social et la nourriture”.

    Faciliter l’accès aux soins pour prévenir le cancer

    Cette étude prouve donc un lien entre la mortalité par cancer et l’incarcération mais aussi le moment de la libération qui reste une période à jugée très à risque par les auteurs. Ils estiment que des efforts devraient être faits pour mieux suivre les personnes récemment sorties de prison en simplifiant l’accès aux soins, au dépistage mais aussi en les aidant sur d’autres aspects comme “le logement et la sécurité alimentaire, l'emploi et d'autres obstacles structurels auxquels sont confrontés ceux qui se réintègrent dans la société”, développe le Dr Oluwadamilola Oladeru, auteur principal. Une meilleure prise en compte des déterminismes sociaux pour, in fine, une meilleure prévention. 

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