Alcool, tabac, drogue, écrans...
Addictions : les jeunes peu conscients des risques
Les jeunes ont tendance à minorer les risques du tabac, de l’alcool des drogues et des écrans. Du côté des médecins généralistes, la prévention concerne surtout le tabac mais reste encore trop faible pour l’alcool et le cannabis.
La pandémie, les mesures restrictives et l’augmentation du télétravail ne sont pas sans conséquence sur les addictions des Français. Parfois, reconnaître une addiction peut être difficile, notamment chez les jeunes qui ont tendance à minimiser les risques liés au tabac, à l’alcool, la drogue ou même aux écrans. C’est ce que montre un sondage mené par Ipsos pour le groupe d’assurances la Macif sur des jeunes de 16 à 30 ans.
Un cocktail de substances
Chez les jeunes, la substance la plus consommée est l’alcool puisque 84% des interrogés indiquent en boire. Derrière, se trouve le tabac (56%) et le cannabis (36%). Enfin, il y a les drogues dures dont la prise régulière concerne 5% des jeunes. Mais ce n’est pas tout puisque le sondage a également évalué l’addiction liée aux écrans et les résultats révèlent que 41 % des jeunes interrogés déclarent passer plus de 6 heures par jour devant.
L’usage de ces différentes substances peut s’additionner et entraîner une poly-consommation. “Quand on prend une drogue dure, systématiquement, on boit de l’alcool et on fume”, insiste Adeline Merceron, responsable de l’activité santé chez Ipsos. Ce cocktail de substances peut poser problème et empêcher de sortir du cercle vicieux de la consommation. “Il peut y avoir interaction entre les substances, relève Cécile Masset, médecin scolaire à l’université catholique de Lille. Quand on va essayer de vous sevrer, il risque d’y avoir transfert de dépendance ; par exemple, si un jeune arrête l’alcool, il va fumer davantage.” Les écrans aussi sont présents dans ce mélange puisque la prise régulière de produits est corrélée à une augmentation du temps passé devant ceux-ci.
Des conséquences minimisées
Ce que le sondage met principalement en lumière c’est le manque de conscience des risques encourus par les adolescents. “On sait qu’au niveau des addictions, c’est à l’adolescence que tout se joue, assure Emmanuel Petit, en charge de la prévention à la Macif. De toute façon, ils vont tester ces substances, donc autant leur donner les clefs de compréhension pour le faire dans un environnement sécurisé.” Il apparaît à travers ce sondage que la perception du risque est relativement élevée pour les drogues dures mais baisse drastiquement pour le tabac et le cannabis tandis que l’alcool et les écrans paraissent banalisés. “Souvent, ces jeunes ont une illusion de contrôle, ajoute Jessica Sautron, psychologue et thérapeute spécialiste de la famille. Mais la prise de conscience intervient au moment d’une faillite, : une séparation, un retrait de permis, la perte d’un travail.”
Sans attendre le long terme, la consommation de ces substances a des conséquences à court terme chez les jeunes. Le sondage révèle que 52 % des jeunes ont perdu le contrôle d’eux-mêmes au moins une fois au cours des 12 derniers mois, après avoir consommé une de ces substances. Et un sur cinq au moins dix fois dans l’année. Les résultats révèlent que 14% sont du fait du cannabis, 7 % de drogue dure et 61 % des écrans interactifs. Cela entraîne beaucoup de bad trips, de l’échec scolaire et professionnel pour 30 %, et un isolement pour 27 %. Enfin, pour 20 %, cette consommation, généralement festive, provoque des pensées suicidaires, 29 % des agressions physiques et sexuelles, et 14 % un accident de circulation.
Le travail préventif des généralistes varie selon les substances
En parallèle de ce sondage, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de publier deux études sur les opinions et pratiques des médecins généralistes libéraux en matière de prévention. En première ligne concernant la prévention, il apparaît dans ces recherches que les médecins font quasiment systématiquement ce travail préventif sur les risques liés à la consommation de tabac mais avec plus de parcimonie concernant l’alcool et le cannabis. Dans les chiffres, 66% d’entre eux font ce repérage pour chacun de leurs patients pour le tabac mais cela tombe à 43% pour l’alcool et chute à 24% pour le cannabis.