Obstétrique
Accouchement dans l’eau : est-ce sans danger ?
Pour les femmes dont la grossesse est à faible risque, le fait d’accoucher dans l’eau n’augmente pas le risque de complications.
Au Royaume-Uni, on estime que jusqu'à 60.000 (9 %) bébés naissent chaque année dans l'eau, selon les données de l'université de Cardiff. "Certaines sages-femmes et médecins craignent que les accouchements dans l'eau soient risqués. Il a été rapporté que les nourrissons pouvaient tomber gravement malades, voire mourir, après un accouchement dans l'eau, et que les mères étaient plus susceptibles d'avoir d'importantes pertes de sang", a déclaré Julia Sanders, qui travaille dans l’établissement gallois.
Analyser les dossiers de 87.040 femmes enceintes qui ont accouché dans l’eau
Mais est-ce réellement dangereux de donner naissance à son enfant dans un bassin d'eau tempérée ? Afin d’en avoir le cœur net, elle a décidé de mener une étude avec son équipe pour examiner la sécurité des accouchements dans l'eau au Royaume-Uni. Dans le cadre de ces travaux, ils ont examiné les expériences d'accouchement des femmes enceintes ayant eu une grossesse sans complication et qui étaient immergées dans l'eau pendant le travail pour plus de confort et pour soulager la douleur. Au total, les dossiers de 87.040 mères qui ont accouché dans l’eau entre 2015 et 2022 ont été passés en revue. Les auteurs ont examiné les taux de déchirures graves subies par les femmes, le nombre de bébés ayant besoin d'antibiotiques ou d'aide pour respirer dans une unité néonatale, ainsi que les taux de décès des nourrissons.
Donner naissance à son enfant dans l'eau est aussi sûr qu’accoucher hors de l'eau
Selon les données, certaines femmes ont dû sortir du bassin d'eau tempérée pour des soins médicaux supplémentaires ou pour atténuer davantage la douleur. Ces dernières attendaient leur premier enfant. Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté qu’environ la moitié des patientes étant dans un bassin pendant le travail ont accouché dans l’eau. D’après les résultats, environ une femme sur 20 devant maman pour la première fois et une mère sur 100 ayant son deuxième, troisième ou quatrième bébé avait une déchirure grave. L’équipe a également constaté qu’environ trois bébés sur 100 avaient besoin d’antibiotiques ou d’aide pour respirer dans une unité néonatale après la naissance, et que les décès de bébés étaient rares. Mais les taux de ces complications et d’autres étaient comparables pour les naissances dans et hors de l’eau. Les recherches ont montré que les taux de césarienne étaient faibles, avec moins de 6 % pour les mères donnant naissance pour la première fois et moins de 1 % pour les mères ayant leur deuxième, troisième ou quatrième bébé.
"L’étude a trouvé des preuves convaincantes que pour les femmes dont la grossesse est à faible risque, il n’y pas de risques supplémentaires pour le bébé. (…) Il est également rassurant de voir que les sages-femmes détectent des problèmes potentiels pendant l’accouchement et leur conseillent de sortir de l’eau, afin que les mères et leurs bébés puissent bénéficier d’une surveillance et de soins appropriés", ont conclu Chris Gale, néonatologiste, et Rachel Plachcinski, représentante des parents au sein de l’équipe d’étude et ancienne enseignante prénatale.