Alimentation
Les tisanes de fenouil sont maintenant déconseillées aux femmes enceintes et allaitantes
L’Agence européenne des médicaments (EMA) recommande aux femmes enceintes et allaitantes d’éviter la consommation de tisanes de fenouil à cause de l’estragole, un composant qui pourrait avoir des effets cancérigènes.
Depuis plusieurs générations, la tisane de fenouil est conseillée aux femmes enceintes et allaitantes, surtout pour stimuler la lactation. Mais cette astuce de grand-mère est désormais remise en cause. Dans un communiqué, l'Agence européenne des médicaments (EMA) indique qu’une consommation excessive pourrait être dangereuse pour la santé.
Les tisanes de fenouil contiennent un ingrédient avec des effets cancérigènes
Alors que de précédentes études, dont une publiée dans l'International journal of pediatrics, vantaient les mérites des tisanes de fenouil, des nouveaux travaux, rapportés par l’EMA et le Comité des médicaments à base de plantes (HMPC) montrent des “effets cancérigènes et génotoxiques [pouvant endommager l’ADN] de l'estragole", un composé organique aromatique du fenouil.
Ainsi, les recommandations sont de “0,05 milligramme d'estragol par personne par jour" maximum pour les adultes tout en soulignant que "dans la population générale, l'exposition à l'estragole doit être maintenue à un niveau aussi bas que possible." Mais c'est surtout pour les femmes enceintes et allaitantes que l’EMA conseille vivement d’éviter les tisanes de fenouil. "La sécurité pendant la grossesse et l'allaitement n'a pas été établie [...] En l'absence de données suffisantes, l'utilisation pendant la grossesse et l'allaitement n'est pas recommandée", indique l'instance de santé. Enfin, les enfants de moins de quatre ans doivent aussi éviter de consommer cette boisson.
Ce qui pose problème c'est le niveau d’estragol dans les tisanes en sachet, qui serait compris entre 241 à 2.058 microgrammes par litre. "La teneur en estragole est variable d'une plante à l'autre. Dans la majorité des cas, on n'atteindra pas des doses dangereuses mais le souci, c'est qu'on ne le sait pas, souligne Sylvie Michel, professeure et membre de l’Académie nationale de Pharmacie, à BFMTV.com. On sait que le risque est associé à une forte teneur mais on ne connaît pas cette teneur.”
Informer les femmes mais ne pas leur faire peur
Pour l'instant, seules l'Association nationale des sages-femmes libérales et l'association Information pour l'allaitement ont communiqué autour de cette question. En revanche, la Société française de gynécologie, le Collège national des sages-femmes de France et le Collège national des gynécologues et obstétriciens n’ont pas répondu à BFMTV.com car “aucun n'avait d'élément à ce sujet.” L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a indiqué ne pas être compétente pour cette question et a renvoyé vers "l'autorité compétente en France", soit l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, qui n'a pour l'heure, donné aucune réponse.
"Il ne faut pas faire peur à toutes ces femmes qui auraient consommé du fenouil, il faut avertir des risques mais sans faire peur", indique Eliette Bruneau, présidente de l'association nationale des sages-femmes libérales en France.