Antibiorésistance
La résistance aux antibiotiques tue 1,27 millions de personnes dans le monde chaque année
Les nourrissons, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladie grave sont les plus à risque face à la résistance des bactéries aux antibiotiques.
Il faut agir contre la résistance aux antibiotiques. La revue The Lancet publie, ce jeudi 23 mai, une série d’articles pour appeler à lutter contre l’antibiorésistance afin d’éviter des millions de décès. Selon l’une des études publiées, les infections par des bactéries résistantes aux antibiotiques provoquent 1,27 millions de décès, chaque année, dont plus de la moitié seraient évitables.
Bactéries résistantes aux antibiotiques : il faut protéger les plus vulnérables
"La nouvelle série souligne à quel point les bébés, les enfants, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques sont les plus vulnérables à l’antibiorésistance, car ils courent un risque plus élevé de contracter des infections bactériennes en général", préviennent les experts dans un communiqué. Un tiers des décès de nouveaux-nés dans le monde sont causés par des infections et la moitié d’entre eux par une septicémie. "De plus en plus, les bactéries ou les champignons qui causent ces infections ne répondent plus aux antibiotiques les plus facilement disponibles", alertent les auteurs du texte.
Pour les personnes âgées et celles atteintes de pathologies chroniques, l’antibiorésistance compromet certaines procédures courantes comme les transplantations d’organes, les chimiothérapies, le traitement du diabète ou de certaines maladies pulmonaires. Nour Shamas, pharmacienne et membre du groupe de travail de l'OMS sur les survivants à l’antibiorésistance, cite un exemple personnel : "Ma mère a développé une infection causée par une bactérie résistante aux médicaments dans ses reins et ses voies urinaires après avoir subi une intervention chirurgicale à l’hôpital, raconte-t-elle. Au Liban, comme dans de nombreux pays, notre système de santé est mal préparé à protéger les patients contre l’antibiorésistance."
Comment agir contre la résistance des bactéries aux antibiotiques ?
Or, les articles publiés dans The Lancet montrent qu’il est possible d’agir pour réduire le nombre d’infections et de décès. "L’amélioration et l'expansion des méthodes existantes de prévention des infections, telles que l'hygiène des mains, le nettoyage et la stérilisation réguliers des équipements dans les établissements de santé, la disponibilité de l'eau potable, un assainissement efficace et l'utilisation de vaccins pédiatriques, pourraient prévenir plus de 750.000 décès associés à l’antibiorésistance", concluent ces travaux.
La mise en place de ces différentes actions doit permettre d’atteindre trois objectifs en 2030 : une réduction de 10 % de la mortalité due aux bactéries résistantes, une réduction de 20 % de l’utilisation inappropriée d’antibiotiques chez l’humain et une réduction de 30 % chez les animaux.
Repenser le financement du développement de nouveaux antibiotiques
Pour y parvenir, les auteurs soulignent qu’il faut trouver de nouvelles façons de financer ces recherches. "Le modèle traditionnel de développement de médicaments, qui dépend de la probabilité de profits élevés pour motiver les investissements, ne fonctionne pas pour les antibiotiques", soulèvent-ils. Or, seul un accès équitable à des médicaments efficaces permettra d’agir durablement contre l’antibiorésistance. "Si l’accès et l’accessibilité financière ne sont pas garantis, le grand nombre de décès dus à des infections bactériennes résistantes se poursuivra sans relâche", prévient le professeur Ramanan Laxminarayan, président de One Health Trust et chercheur à l'Université de Princeton, aux États-Unis.