Pollution

PFAS : un risque accru avec les fruits de mer ?

Une étude montre que si la consommation de fruits de mer présente des avantages pour la santé, elle peut être une source d'exposition aux PFAS sous-estimée, surtout pour les personnes qui en mangent beaucoup.

  • Par Sophie Raffin
  • AlexRaths/istock
  • 12 Avr 2024
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    Une nouvelle étude de l’université de Dartmouth risque d’inquiéter les amateurs des plateaux de fruits de mer. Selon les chercheurs, les personnes qui consomment fréquemment des coquillages, crustacés et poissons de mer pourraient être confrontées à un risque accru d’exposition aux per- et polyfluoroalkylées, plus connus sous le nom de PFAS.

    Il s’agit de composants chimiques utilisés dans de nombreux produits courants comme les emballages alimentaires, les textiles, les produits ménagers ou encore les mousses à incendies et soupçonnés d’être liés à une hausse du risque de cancer, à des anomalies fœtales, à un taux de cholestérol élevé ou encore à des troubles de la thyroïde, du foie et de la reproduction.

    Les travaux ont été publiés dans la revue Exposure and Health, le 12 avril 2024.

    Crustacés et poissons : un risque d'exposition aux PFAS

    Pour leur étude, les chercheurs ont mesuré les niveaux de 26 variétés de PFAS dans des échantillons d’espèces marines les plus consommées : morue, aiglefin, homard, saumon, pétoncle, crevette et thon. Ces derniers ont été achetés sur un marché de la côte de l'état américain du New Hampshire et provenaient de diverses régions.

    Selon les analyses réalisées, les crevettes et le homard ont enregistré les concentrations de PFAS les plus élevées avec des moyennes allant respectivement jusqu'à 1,74 et 3,30 nanogrammes par gramme de chair pour certains composés. Les concentrations de PFAS individuels dans d’autres poissons et fruits de mer étaient généralement inférieures à un nanogramme par gramme, précisent les auteurs.

    L’équipe a ensuite évalué la consommation de fruits de mer de 1.829 habitants du New Hampshire. L'enquête a révélé que les hommes de l'État américain mangent un peu plus de 28 g de produits de la mer par jour. Les femmes un tout petit peu moins. Toutefois, la consommation des deux sexes était 1,5 fois plus élevée que la moyenne nationale. Environ 95 % des adultes interrogés ont confié avoir mangé des fruits de mer au cours de l'année écoulée, et 94 % de ce groupe avaient mangé du poisson ou des crustacés au cours du mois précédent.

    Pour les chercheurs, ces données suggèrent que les personnes qui consomment beaucoup de fruits de mer peuvent être confrontées à un risque accru d'exposition aux PFAS. Toutefois, ils ne souhaite pas décourager les gens qui aiment ces produits.

    "Notre recommandation n'est pas de ne pas manger de fruits de mer : ils sont une excellente source de protéines maigres et d'acides gras oméga. Mais c'est aussi une source potentiellement sous-estimée d'exposition aux PFAS chez les humains", explique Megan Romano, auteure de l'étude. "Comprendre ce compromis risque-bénéfice pour la consommation de fruits de mer est important pour les personnes qui prennent des décisions en matière de régime alimentaire, en particulier pour les populations vulnérables telles que les personnes enceintes et les enfants", ajoute l’experte dans un communiqué.

    PFAS et fruits de mer : il faut établir des lignes directrices

    Pour la scientifique et ses collègues, il serait nécessaire que les autorités sanitaires établissent des réglementations et des politiques environnementales précises concernant les taux de PFAS dans les fruits de mer couramment consommés, comme il en existe pour le mercure. 

    "Les principales espèces de prédateurs telles que le thon et les requins sont connues pour contenir de fortes concentrations de mercure, nous pouvons donc utiliser ces connaissances pour limiter l'exposition. Mais c'est moins clair pour les PFAS, surtout si vous commencez à regarder comment les différents composés se comportent dans l'environnement", prévient Celia Chen, co-auteur de l’étude. 

    "L'établissement de directives de sécurité contribuerait à protéger les personnes particulièrement sensibles aux polluants", conclut Kathryn Crawford, première auteure des travaux.

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