Interview du week-end
Grossesse : pourquoi rester en mouvement aide à se préparer à l’accouchement
A l’occasion de la sortie de son livre "En mouvement pour l'accouchement !" (Solar éditions), la kinésithérapeute Mathilde Elind nous explique comment elle prend en charge ses patientes et pourquoi rester en mouvement tout au long de la grossesse aide les femmes à mieux se préparer à l’accouchement.
- Pourquoi Docteur : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Mathilde Elind - Au début de ma carrière, je m’occupais beaucoup de bébés ayant des problèmes congénitaux (torticolis, malformation des pieds ou des mains...). Je me suis donc demandé ce que je pouvais faire pour les aider, et j’en suis vite arrivée à la conclusion que pour que cela se passe mieux pour les enfants, il fallait d’abord que cela se passe mieux pour les mamans.
- Quel est le contenu de la préparation à l’accouchement que vous proposez aux femmes enceintes ?
L’idée est de proposer une formation physique à l’accouchement en complément de celle que font déjà les sages-femmes (dont je ne remets bien sûr absolument pas en cause les compétences !).
Le but est que la femme soit active et actrice pendant sa préparation, ce qui va lui permettre d’arriver le jour J avec un mental et une perception de la situation différente de ce qu’elle aurait pu avoir si elle ne s’était préparée que sur un plan théorique.
- Qu’est-ce qu’une préparation physique à l’accouchement permet d’éviter selon vous ?
Le but est surtout de faire de la prévention physique.
Même si on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer lors d’un accouchement, mon programme permet de diminuer le risque de déchirure ou d’épisiotomie, de faire durer le travail moins longtemps et de récupérer plus vite une fois que le bébé est né.
- Concrètement, quels types d’exercices physiques conseillez-vous aux femmes pour préparer leur accouchement ?
Cela peut par exemple être une posture de yoga qui favorise l’ouverture du grand bassin et le relâchement des lombaires. Voici son déroulé :
1/ Allongée sur le dos, ramenez les deux genoux vers vous et dirigez les plantes de pieds vers le ciel.
2/ Attrapez ensuite la tranche externe des pieds ou vos gros orteils.
3/ Maintenez la position durant une vingtaine de respirations complètes et lentes.
- Comment se déroulent vos séances ?
Je fais d’abord un premier bilan avec mes patientes pour connaître leurs antécédents et adapter mon programme en fonction.
Ensuite, concernant le travail du souffle, les femmes enceintes peuvent commencer quand elles veulent.
Après 34 semaines de grossesse, je leur propose d’abord deux séances par semaine de préparation du périnée, puis un cours sur les mouvements à faire pendant le travail et enfin une session sur la poussée.
Les séances durent entre 30 et 45 minutes.
- Pour les sportives, est-ce important de maintenir leur activité physique en parallèle de votre formation ?
Oui, si les médecins sont d’accord. Pratiquer un sport adapté à la grossesse est complémentaire avec mon programme de préparation à l’accouchement. Je conseille d’ailleurs aux grandes sportives de ne pas arrêter leur activité d’un coup lorsqu’elles tombent enceintes, car cela peut provoquer des douleurs.
- Peut-on rester en mouvement jusqu’à la fin de la grossesse ?
Oui, sauf s’il y a là encore une contre-indication médicale. Le yoga et la balnéothérapie sont par exemple très bien adaptés à la grossesse, et ce même dans les dernières semaines.
- Pouvez-vous préciser les choses à mettre en place au niveau du souffle ?
Tout à fait, car on se sert du souffle pour toutes les phases de la grossesse. Le travail de la respiration permet notamment de maintenir la sangle abdominale tonique, de mieux se concentrer pendant l’accouchement, d’aider le bébé à descendre au cours du travail et d’avoir une bonne oxygénation du couple mère/enfant lors de la naissance.
- Beaucoup de femmes ne savent pas où est le périnée avant d’accoucher. Incluez-vous un enseignement de l’anatomie féminine lorsque vous préparez vos patientes à l’accouchement, et si oui pourquoi ?
Oui, tout à fait. Avant de commencer ma séance de préparation, je vais montrer aux femmes sur un bassin en plastique où se trouve le périnée, où est-ce qu’on va masser cet organe, pourquoi on le fait, où passe le bébé au moment de l’accouchement, etc...
Cela permet aux femmes de sentir leur périnée tout en comprenant comment il bouge dans le bassin, et ainsi de mieux le relâcher pendant l’accouchement.
- Combien coûte ce type d'accompagnement ?
Ce sont des séances de kiné classiques qui, lorsqu’elles sont prescrites par un gynécologue ou un médecin généraliste, sont remboursées par la sécurité sociale.