Headbanging

Victime d'une lésion cérébrale en écoutant Motörhead

Un homme de 50 ans a été victime d'un hématome sous-dural à force d'avoir secoué la tête lors d'un concert de Motörhead. De telles séquelles ne seraient pas rares.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Deux spectateurs pratiquent le headbanging lors d'un festival (Peter Klaunzer/AP/SIPA)
  • 04 Jul 2014
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    Il a trop secoué la tête sur Ace of spades… et fournit un cas clinique pour le moins atypique. Ce 3 juillet, dans The Lancet, des médecins allemands rapportent l’origine inattendue d’un hématome sous-dural chronique (saignement du cerveau) : le patient s’était rendu, un mois plus tôt, à un concert de Motörhead et y a pratiqué le « headbanging. »

    Des risques pour les artères et la nuque

    Le headbanging est une pratique qui consiste à secouer la tête sur le rythme d’une musique rock. Il est apparu en 1968, lors d’un concert de Led Zeppelin. Il n’a pas cessé d’évoluer depuis, accompagné de son lots de légendes. Il causerait, selon les versions, des AVC, des pertes d’audition ou de conscience… Il est déjà prouvé que, trop violent, le headbanging peut entraîner des dissections de l’artère carotide, des entorses aux cervicales… et même des fractures de l’odontoïde, une extrémité osseuse du cou. 

    En janvier 2013, un patient quinqagénaire s’est présenté au service de neurochirurgie de l’Ecole de médecine de Hanovre (Allemagne). Il souffrait de maux de têtes qui s’empiraient depuis 2 semaines. Le scanner révèle un hématome sous-dural, mais impossible d’en trouver l’origine. Aucun détail anormal n’émerge de son dossier médical. Mais un mois plus tôt, il s’était rendu à un concert de Motörhead, et y avait pratiqué le headbanging.

    L’homme devient donc le premier cas documenté, mais bien d’autres ont certainement souffert en silence, estime le Dr Ariyan Pirayesh Islamian, qui décrit ce cas clinique : « Bien qu’il y ait peu de cas documentés d’hématomes sous-duraux, l’incidence pourrait être plus élevée, car les symptômes de ce type de blessures sont souvent silencieux sur le plan clinique, ou entraînent un léger mal de tête qui se guérit spontanément », analyse-t-il. « Ce cas confirme la réputation des concerts de Motörhead, des concerts de rock’n’roll les plus hardcores de la planète, et prouve aussi que la vitesse entraînante de leur musique et le risque potentiel de headbanging expose les fans à des blessures au cerveau. »

    Moon River plutôt que Highway to Hell

    En 2008 déjà, l’édition de Noël du British Medical Journal consacrait un article aux effets du headbanging. Deux médecins s’étaient rendus à des concerts de Motörhead, Ozzy Osborne et Skid Row. Le groupe de Lemmy Kilmister - Motörhead - est connu pour son rythme infernal… et sa réputation est confirmée par les observations du BMJ : pour secouer la tête sans risque, il ne faudrait pas dépasser 130 battements par minute. En moyenne, un morceau de rock en contient 146... et ce groupe de métal atteint les 220 !

    Pour un headbanging sans risque, les chercheurs prodiguent deux conseils aux métalleux. La première semble improbable : recourir à des équipements de protection des cervicales, du type minerve. La seconde, un peu plus réalisable : secouer la tête sur des tempos plus lents ou sur chaque seconde. Ils appellent aussi les organisateurs de concerts à mettre en place des conseils de prévention… Leur dernière suggestion s’apparente davantage à un prêche dans le désert : plutôt que de jouer le légendaire Highway to Hell sur scène, AC/DC pourrait proposer Moon River... thème du film Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's).

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