Une structure cérébrale altérée

Schizophrénie : pourquoi les malades entendent des voix

Entendre des voix, c’est un des symptômes les plus courants de la schizophrénie. Il survient parce que les informations sont mal transmises dans le cerveau, selon une étude.

  • Par Audrey Vaugrente
  • SMOCK JOHN/SIPA
  • 06 Jun 2014
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    « Quand un homme parle à Dieu, on dit qu’il prie. Quand Dieu parle à un homme, on dit de ce dernier qu’il est schizophrène », a écrit le psychiatre hongrois Thomas Szasz. L’hallucination auditive est un des symptômes les plus courants de la schizophrénie. Ce 6 juin dans Science, une équipe américaine explique pourquoi les patients schizophrènes en souffrent souvent.

    Pour expliquer les mécanismes cérébraux de l’hallucination auditive, les chercheurs du St. Jude Children’s Research Hospital ont étudié des souris atteintes d’une maladie génétique humaine, connue sous le nom de syndrome de délétion du chromosome 22q11. Chez 30% des patients atteints de cette maladie, une schizophrénie se manifeste. Les souris affectées, comme les malades schizophrènes, souffrent de troubles de l’apprentissage et de la mémorisation.

    Un récepteur trop présent

    Si l’hallucination auditive est si courant chez les schizophrènes, c’est parce qu’il existe des problèmes dans le flux d’informations entre différentes structures cérébrales. L’impulsion nerveuse dans les neurones du thalamus auditif est réduite chez ces patients. En effet, le récepteur de la dopamine s’exprime trop et bloque les signaux qui doivent atteindre le thalamus auditif, ce qui favorise l’apparition d’hallucinations auditives, d’illusions et d’autres symptômes psychotiques.

    Grâce à cette étude, on comprend mieux comment agissent les antipsychotiques qui calment les hallucinations auditives : ils bloquent le récepteur de la dopamine. « Nous pensons qu’en réduisant le flux d’informations entre ces deux structures cérébrales qui jouent un rôle central dans le traitement d’informations auditives, on peut réduire l’état de stress et les autres facteurs associés qui déclenchent les « voix », qui sont le symptôme psychotique le plus courant de la schizophrénie », explique l’auteur correspondant, Stanislav Zakharenko. Mais les chercheurs espèrent surtout que ces découvertes aideront au développement de nouveaux médicaments aux mêmes bénéfices, mais avec moins d’effets secondaires.

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