Gastroentérite de l’enfant : une diarrhée aiguë virale et douloureuse
La gastroentérite de l’enfant est une maladie inflammatoire aiguë des intestins, à l’origine de nausées, de vomissements, de douleurs à type de crampes abdominales et de diarrhées. Le plus souvent secondaire à une infection par un virus, elle peut provoquer une déshydratation chez l’enfant.
Des mots pour les maux
La gastroentérite correspond à une inflammation aiguë de la paroi de l’intestin qui est aussi appelée « Gastro ».
Les gastroentérites les plus fréquentes sont surtout virales, l’hiver, et apparaissent en contexte épidémique.
Le risque principal est la déshydratation liée à la perte de fluides et, plus rarement, une « invagination intestinale aiguë ».
Qu’est-ce qu’une gastroentérite aiguë de l’enfant ?
La gastroentérite aiguë est essentiellement une diarrhée aiguë qui s’accompagne généralement de nausées, de vomissements, de douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») à type de crampes, généralement dans un contexte de fièvre, voire de déshydratation.
Une diarrhée est définie par des émissions de selles liquides ou pâteuses de couleurs variées qui sont : quotidiennes, trop fréquentes et trop abondantes (poids supérieur à 300 g/j). En pratique, on parle de diarrhée lorsqu'il y a plus de trois selles molles ou liquides par jour.
Une diarrhée aiguë dure en général moins de 8 à 10 jours. Elle est précédée d'un transit normal et ne récidive pas à court terme.
Quelles sont les causes de la gastroentérite aiguë ?
Les principales causes de la gastroentérite aiguë de l’enfant sont virales (rotavirus le plus souvent), bactériennes (la bactérie elle-même ou sa toxine), parasitaires ou médicamenteuses (antibiotiques).
Une gastroentérite aiguë chez l’enfant survenant l’hiver est le plus souvent virale et est alors très contagieuse. Les gastroentérites virales surviennent chaque année par épidémie en décembre-janvier-février.
Les enfants recevant des antibiotiques peuvent souffrir d'une diarrhée. Celle-ci est le plus souvent bénigne, peu abondante et transitoire. Elle est due, le plus souvent, à une diminution de la capacité de fermentation du côlon.
Comment attrape-t-on une gastroentérite ?
La gastroentérite infectieuse virale est très contagieuse et sa transmission se fait :
• Par contact direct avec une personne malade (les mains sont souillées de selles si elles ne sont pas lavées = infection « manu-portée »),
• Ou indirectement par ingestion d’aliments ou de l'eau contaminés par une personne malade ou par contact avec des objets sur lesquels se sont déposés de fines particules de selles des personnes malades.
La gastroentérite est donc favorisée par la vie en collectivité (écoles, garderies,…) et la restauration collective.
Comment une gastroentérite aiguë évolue-t-elle chez l’enfant ?
Des épidémies de gastroentérites à rotavirus surviennent chaque année, en particulier chez l’enfant, généralement en décembre-janvier-février.
La gastroentérite virale dure généralement moins de trois jours et ne réapparaît pas à court terme, alors que la diarrhée bactérienne peut durer jusqu'à deux semaines.
Au cours d’une gastroentérite aiguë, surtout si elle est accompagnée de vomissements et/ou de fièvre, la diarrhée peut se compliquer d’une déshydratation par perte de fluides. Le risque est particulièrement fréquent chez les nourrissons ou les enfants qui souffrent d’une maladie chronique.
Une complication rare mais grave des nourrissons et des jeunes enfants en cas de gastroentérite virale est la survenue d’une invagination intestinale aiguë. Il s’agit d’une occlusion intestinale qui se produit quand un segment intestinal pénètre dans le segment intestinal d’aval. C’est une urgence chirurgicale qui doit être suspectée en cas de survenue d’une douleur paroxystique brutale (« crise invaginante ») avec apparition et disparition « à l’emporte pièce ». Celle-ci est suivie par la répétition de ces douleurs paroxystiques séparées par des intervalles de temps libre, avec vomissement alimentaires, refus du biberon ou de l’alimentation, puis apparition de sang dans les selles (« rectorragies »).
Quels sont les signes de la gastroentérite aiguë ?
Dans la majorité des cas, la gastroentérite se manifeste par une diarrhée aiguë d'apparition brutale. En hiver, elle apparaît chez l’enfant en contexte épidémique.
Cette diarrhée se caractérise par une augmentation soudaine de la fréquence des selles (plus de trois selles en 24 heures), de couleur variable et de consistance modifiée (molles ou liquides). Il est possible de trouver des restes d’aliments non-digérés dans les selles de l’enfant.
La diarrhée peut s'accompagner de nausées, de vomissements, de douleurs du ventre (à type de « crampes abdominales »), d'une fièvre modérée et, rarement, de sang dans les selles.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Il faut consulter un médecin dans la journée :
• Dans tous les cas s’il s’agit d’un bébé de moins de 3 mois.
• Si le bébé vomit de manière répétée et ne prend plus son biberon.
• Si l’enfant ne mange plus et ne boit plus.
• En cas de déshydratation : bouche et langue sèche, sensation de soif, perte de poids, apparition d’un pli cutané (lorsqu'elle est légèrement pincée, la peau garde le pli et tarde à retrouver son aspect initial), faible émission d’urines qui sont concentrées, regardterne et yeux enfoncés.
• Si la diarrhée dure plus de 2 jours, si elle s’accompagne d’une forte fièvre et s’il existe du sang ou des glaires dans les selles.
Il faut consulter un médecin en urgence :
• Si la déshydratation dépasse 5 % du poids corporel et s’accompagne d’un pli cutané marqué et de troubles de la conscience (malaise, étourdissements…) et du comportement (agitation ou au contraire prostration et apathie), il s’agit d’une déshydratation sévère et il faut consulter en urgence.
• Si la diarrhée survient au retour d’un voyage en pays tropical, il faut également consulter en urgence afin de rechercher une crise de paludisme qui peut s’annoncer par une diarrhée aiguë.
Comment faire le diagnostic de gastroentérite ?
Lorsqu'un avis médical est nécessaire, le médecin traitant interroge les parents et l’enfant sur la fréquence, la consistance et le volume des selles.
Il est important de rapporter toutes les maladies chroniques éventuelles dont souffrirait l’enfant, ainsi que les médicaments qui ont été pris et les voyages récents qui ont pu être effectués.
Le médecin réalise ensuite à un examen général, essentiellement pour vérifier l'absence de déshydratation (perte de poids, pli cutané, bouche sèche) ou d’une affection associée.
C’est la notion de la survenue d’une diarrhée aiguë, associée aux signes usuels et en contexte épidémique, qui suffira pour poser le diagnostic.
Un examen bactériologique des selles est rarement utile, mais il sera demandé en cas de présence de sang dans les selles, de diarrhée sévère ou persistante, si une épidémie est suspectée ou si l’enfant revient d'un pays tropical.
Avec quoi peut-on confondre une gastroentérite aiguë ?
La gastroentérite est à différencier d’une toxi-infection alimentaire où la diarrhée liquide est brutale et s’accompagne de douleurs abdominales, de vomissements, rarement de fièvre et, très rarement, d’un état de choc. L'évolution est le plus souvent bénigne et spontanément résolutive en quelques jours.
Lorsqu’un enfant « fait ses dents » avec difficultés ou en cas d’otite ou de rhinopharyngite, peuvent parfois survenir des épisodes de diarrhée aiguë concomitante.
L'allergie alimentaire est un autre diagnostic différent de la gastroentérite. La diarrhée aiguë survient lors de la prise de l'aliment en cause et peut s’accompagner de signes allergiques (démangeaisons, urticaire, crise d’asthme, rhinite allergique…). Le traitement repose sur l'éviction de l'aliment.
Une diarrhée qui survient sous antibiotique n’est pas une gastroentérite. Il faut consulter en cas de diarrhée abondante qui retentit sur l'état général. Son diagnostic repose sur la mise en évidence du micro-organisme en excès et de ses toxines dans les selles.
La gastroentérite ne doit pas non plus être confondue avec un syndrome dysentérique. Celui-ci est défini par des évacuations glaireuses et sanglantes qui peuvent ne pas contenir de matières fécales. Ces évacuations s’accompagnent habituellement de douleurs abdominales à type de coliques s'achevant par une fausse envie pressante et impérieuse d’aller à la selle (« épreintes ») et d’une sensation de brûlure anale avec envie constante d’aller à la selle (« ténesme »).
Une diarrhée chronique dure en général des mois ou des années, mais le début d'une diarrhée chronique peut cependant être confondu avec une diarrhée aiguë.
Que faire en cas de gastroentérite ?
Dans la plupart des cas, la gastroentérite aiguë peut être prise en charge au domicile, en particulier si l’affection est récente et n’empêche pas de boire.
Lorsqu’un enfant souffre de diarrhée, le plus important est d’éviter la déshydratation et la perte de sels minéraux. Il ne faut donc jamais réhydrater un enfant avec de l’eau pure, car il pourrait mal le tolérer. Avant l’âge de dix-huit mois, tous les autres types de boissons (eau sucrée, sodas à base de cola, ou autres) sont inadaptés.
• Chez le nourrisson, il faut éviter de lui donner du lait maternisé pendant la diarrhée, en revanche, il est possible de l’allaiter. En l’absence d’allaitement, il faut lui donner seulement des solutés de réhydratation pendant six heures (à volonté). Il existe en pharmacie des solutés de réhydratation équilibrés et adaptés aux besoins des nourrissons. La solution préparée doit être conservée au réfrigérateur vingt-quatre heures au plus. On peut l’administrer froide car cela calme les vomissements. Il faut commencer en administrant 5 à 15 ml à chaque fois, plusieurs fois par heure, par petites gorgées ou à la cuillère.
Chez le bébé de 0 à 6 mois, on donne classiquement entre 30 à 90 ml par heure. De 6 mois à 2 ans, 90 à 120 ml par heure.
Si l’enfant recommence à vomir, il faut faire une pause de 30 à 60 minutes et recommencer la séquence depuis le début (toujours en donnant 5-15 ml à chaque fois).
Quand le bébé va mieux, il est possible ensuite d’utiliser un lait sans lactose pendant quelques jours.
• Chez l’enfant plus grand (2 ans et plus), il faut veiller à ce qu’il boive régulièrement et plus que d’habitude des boissons contenant du sucre et du sel (eau sucrée, bouillons de légumes ou solutés de réhydratation) pour compenser les pertes en eau et en sel liées à la diarrhée.
Si la diarrhée est un peu forte, il est aussi possible d’utiliser au départ une solution de réhydratation chez le jeune enfant : de 125 à 250 ml par heure par petites quantités.
Il est nécessaire ensuite de lui donner des repas plus petits, mais plus fréquents, composés d'aliments salés, riches en sucres et sans résidus qui ont un effet anti-diarrhéique (riz, pâtes, carottes cuites). À l'exception des bananes, il vaut mieux éviter les fruits et les légumes crus, les boissons glacées.
Les sodas ne sont pas vraiment contre-indiqués mais sont souvent mal tolérés. En voyage, quand on n’a rien d’autre, il est possible de les utiliser en améliorant leur tolérance en les dégazéifiant un peu.
Lorsque la diarrhée cesse, il faut réintroduire les aliments habituels progressivement, en trois à quatre jours.
Dans la plupart des cas, ces règles alimentaires sont suffisantes et les signes disparaissent en quelques jours.
Chez l’enfant, pour soulager les douleurs intestinales et limiter la diarrhée, il est possible de prendre en plus des médicaments disponibles sans ordonnance comme des pansements intestinaux (argiles) ou des ralentisseurs du transit.
Les diarrhées aiguës sont, la plupart du temps, d'origine virale et ne nécessitent pas d'antibiotiques. Le traitement antibiotique ne se justifie que si la cause bactérienne de la diarrhée a été établie par un examen de selles en laboratoire ou en cas de complication.
Dans de rares cas, la diarrhée peut entraîner une déshydratation et nécessiter une hospitalisation pour réhydrater le malade au moyen d’une perfusion ou en administrant de petites quantités de soluté de réhydratation sous contrôle médical.
Peut-on donner des anti-diarrhéiques chez l’enfant ?
La prise en charge de la gastroentérite aiguë de l’enfant consiste d'abord à prévenir la déshydratation et à éviter la contamination de l'entourage. En cas de diarrhée aiguë, deux types de médicaments existent :
Les plus simples à utiliser sont les « pansements intestinaux » (ou protecteurs intestinaux) qui vont tapisser la muqueuse intestinale ou absorber les gaz (« argiles »). Ils peuvent cependant diminuer l'effet d'autres médicaments qui seront pris par ailleurs en limitant leur absorption (bien lire la notice).
D’autres médicaments peuvent être utilisés avec prudence : plutôt que les ralentisseurs du transit (type lopéramide), on préfère utiliser désormais des anti-diarrhéiques antisécrétoires intestinaux (type racécadotril), en utilisant la forme pédiatrique. Ce dernier ne modifie pas les contractions de l'intestin, mais limite l’excrétion d’eau par la muqueuse intestinale et il diminue donc la fréquence des selles.
Dans la mesure où la diarrhée aiguë est une forme de défense de l’organisme pour éliminer les germes, ils doivent être utilisés avec prudence. En particulier, en cas de diarrhée avec du sang dans les selles, les ralentisseurs sont contre-indiqués et il faut consulter un médecin.
Comment éviter la gastroentérite en période d’épidémie ?
La gastroentérite est très contagieuse si elle est d’origine virale. Afin de limiter sa propagation à l’entourage, quelques précautions d'hygiène sont nécessaires :
• Il faut laver les mains de l’enfant fréquemment (avant de manger, après être allé aux toilettes...).
• Il faut ranger les brosses à dents séparément.
• Il faut nettoyer les toilettes avec un désinfectant, après chaque diarrhée.
• Il faut nettoyer les surfaces qui sont fréquemment touchées par l’enfant telles que les poignées de porte des toilettes, les lavabos.
• Les essuie-mains doivent être changés régulièrement.
• Il faut éviter de partager les verres et les couverts à table.
Chez le nourrisson et l’enfant, deux vaccins sont disponibles contre les virus responsables des gastro-entérites aiguës les plus graves de l’enfant (rotavirus). Le coût de ces vaccins n’est pas remboursé par l’Assurance maladie car certains experts considèrent qu’en France, la généralisation de ces vaccins se discute dans la mesure où il existe de très rares cas d’invagination intestinale aiguë qui ont été associé à la vaccination (comme à la gastroentérite). Dans la mesure où le nourrisson peut être hospitalisé en cas de déshydratation, le rapport bénéfice/risque ne serait pas aussi favorable en France que dans les pays en voie de développement où les possibilités de réanimation sont moins bonnes.
Combien de temps un enfant reste-t-il contagieux après une gastroentérite ?
En cas de contamination, sachez qu’il n’est pas bon de reprendre une activité collective trop tôt. Même après la fin des symptômes, il est encore possible de transmettre le virus, que se soit à la crèche, à l’école ou au travail.
L’assurance maladie recommande pour les gastro-entérites virales un arrêt de travail de trois jours, à adapter selon la sévérité des symptômes. Ces conseils sont basés sur les gastro-entérites virales les plus communes, à norovirus. Dans ce cas précis, le taux le plus élevé d’excrétion dans les selles survient 24 à 48 heures après que tous les symptômes ont disparu, et diminue ensuite rapidement. Certaines personnes ne seront donc plus contagieuses à partir de 24 heures. Mais pour être tout à fait certain de ne contaminer personne, tous les malades devraient reprendre leurs activités collectives 48 heures après fin des symptômes. Le délai de 48 heures est considéré comme particulièrement nécessaire pour certaines catégories de personnes plus à risque, comme celles qui préparent de la nourriture, le personnel de santé ou les enfants de moins de cinq ans vivant en communauté (crèches, groupes d’activités).
Concernant les gastro-entérites d’origines moins courantes (bactérienne ou parasitaire), les délais de contamination peuvent s’allonger considérablement (jusqu'à 100 jours pour les salmonelles.
La Haute Autorité de Santé précise : "le retour (ou la levée d’isolement) d’un sujet malade (enfant ou adulte) en collectivité n’est sous tendu à la prescription d’antibiotiques que de façon exceptionnelle (coqueluche, streptocoque du groupe A, shigelles...). Dans ces cas seulement, la collectivité peut demander à la personne ou sa famille la preuve que cet antibiotique a bien été prescrit (copie de l’ordonnance)." Les experts ajoutent : "par ailleurs, dans de rares cas, le retour en collectivité peut être subordonné à la production d’examens microbiologiques négatifs. Par contre, la collectivité est infondée à demander la fourniture d’un certificat de non contagion, que les médecins doivent s’abstenir de rédiger."
La gastroentérite aiguë en France
Le rotavirus est la cause la plus courante de diarrhée et de déshydratation chez l'enfant, en particulier dans les pays développés.
En France, une épidémie hivernale de gastroentérite à rotavirus est responsable de 1 à 2 millions de consultations en 8 semaines chez le généraliste.
Nous vous recommandons :
Le site de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie
http://www.snfge.org/content/diarrhee-aigue
La page gastroentérite sur la portail santé du Québec
Les lien de la gastroentérite sur Pourquoi Docteur
Intoxication alimentaire : une toxi-infection liées à un repas
https://www.pourquoidocteur.fr/Gastro-enterites---le-vaccin-anti-rotavirus-est-recommande--5425.html
Les vidéos de la gastroentérite sur Youtube
La démission du colon
https://www.youtube.com/watch?v=LYuOxj_CyEA
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