Apnée du sommeil (SAOS) : altération de la vigilance et risque pour le cœur

Publié le 02.05.2019
Mise à jour 09.10.2023
Apnée du sommeil (SAOS) : altération de la vigilance et risque pour le cœur
Perboge/iStock

L’apnée obstructive du sommeil (SAOS) est caractérisée par la survenue anormalement fréquente d’arrêts respiratoires pendant la nuit. Elle est due à des épisodes d’obstruction des voies respiratoires de l’arrière-gorge et survient en général chez les personnes en surpoids et qui ronflent de façon importante. Le risque est cardiovasculaire.

Apnée du sommeil (SAOS) : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est aussi appelé syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS).
L’apnée est l’arrêt complet de la respiration.
L’hypopnée est une réduction du passage de l’air pendant l’inspiration.

Qu'est-ce que l’apnée du sommeil ?

L’apnée du sommeil est caractérisée par des interruptions involontaires de la respiration pendant le sommeil. Ces arrêts respiratoires durent plus de 10 secondes et atteignent parfois plus de 30 secondes. Ils peuvent se répéter plus de 30 fois par heure de sommeil.
Les pauses respiratoires provoquent un manque d’oxygène entraînant un court réveil. La respiration reprend alors pour s’interrompre à nouveau un peu plus tard. Le sommeil est donc de mauvaise qualité.

Quelles sont les causes de l’apnée du sommeil ?

Dans la majorité des cas, l’apnée du sommeil est provoquée par une obstruction des voies respiratoires, dans l’arrière-gorge.
Elle est causée par un relâchement des muscles de la gorge, qui gênent le passage de l’air et peuvent l’empêcher totalement. On parle alors de syndrome d’apnées obstructives du sommeil.
Plus rarement, les apnées du sommeil sont dites « centrales » car le cerveau ne commande plus correctement la respiration. Elles surviennent dans certaines maladies neurologiques ou cardiaques graves, par exemple après un accident vasculaire cérébral.

Quelles sont les complications de l’apnée du sommeil ?

Le syndrome d'apnées du sommeil est associé à de nombreuses maladies, comme une obésité, un syndrome métabolique (obésité abdominale et troubles métaboliques). Mais il est désormais démontré qu’il peut augmenter le risque d’hypertension artérielle ou de diabète de type 2. Par ailleurs, il peut entraîner des complications cardiaques nocturnes, liées essentiellement à l’hypoxémie et à l’activation du système nerveux sympathique : hypertension artérielle systémique (HTA), hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et arythmies cardiaques.
Le SAS est également un facteur de risque indépendant d’HTA diurne et d’HTAP diurne, et probablement de maladie coronarienne et d'accident vasculaire cérébral.
Les effets du SAOS sur la fonction du ventricule gauche du cœur sont mal connus.

Apnée du sommeil (SAOS) : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer un SAOS ?

La plupart des signes révélateurs du SAOS surviennent la nuit au cours du sommeil. Ils sont donc décrits par le ou la partenaire.
• Des ronflements importants.
• Des arrêts respiratoires avec reprise bruyante de la respiration.
• Un sommeil agité.
• Des sensations d’étouffement.
Dès le réveil, une sensation de fatigue s’installe avec l’impression que le sommeil n’a pas été réparateur.
Cette fatigue perdure pendant la journée avec des épisodes de somnolence et même d’endormissement qui perturbent l’activité professionnelle. Il existe également des difficultés de concentration et parfois des maux de tête.

Comment faire le diagnostic de SAOS ?

Les signes nocturnes et diurnes, en particulier des ronflements et une fatigue importante, alertent le médecin qui demande la réalisation d’un enregistrement du sommeil, l’examen qui confirme le diagnostic. Deux méthodes d’enregistrement sont disponibles :
• La polygraphie ventilatoire : cet examen se déroule à domicile, le patient récupère l’appareil au Centre du sommeil. Il existe différents modèles d’appareillages qui mesurent généralement les variations de pression dans les voies aériennes supérieures, le flux et les mouvements respiratoires. Il peut aussi enregistrer les ronflements et mesurer l’oxygénation du sang.
• La polysomnographie : c’est l’enregistrement complet du sommeil qui est réalisé au laboratoire du Centre du sommeil ou à domicile. Il recueille de nombreux paramètres :
- l’activité électrique du cerveau, mesurée grâce à l'électroencéphalogramme ou « EEG ».
- le tonus des muscles, mesuré par l'électromyogramme ou « EMG ».
- les mouvements des yeux, recueillis par l'électro-oculogramme ou « EOG ».
- La respiration; grâce à un capteur naso-buccal et à des capteurs sur le thorax.
- Le rythme cardiaque via l'électrocardiogramme ou « ECG ».
- Le taux d'oxygène sanguin au cours de la nuit.
Cet examen permet de connaître le temps de sommeil, sa composition en cycles et les anomalies respiratoires, cardiaques ou neurologiques. Le nombre, la durée et la gravité des apnées sont objectivés avec précision.

Comment s’évalue l’importance du SAOS ?

Elle s’évalue en nombre d’apnées/hypopnées par heure de sommeil. C’est l’indice d’apnées/hypopnées (IAH).
• Entre 5 et 15 : apnée du sommeil légère.
• Entre 16 et 30 : apnée du sommeil modérée.
• Supérieur à 30 : apnée du sommeil sévère.

Quels sont les facteurs favorisant l’apnée du sommeil ?

Les hommes sont plus souvent atteints de SAOS, surtout après 45 ans. L’obésité favorise ce trouble, ainsi que la consommation de tabac et d’alcool et l’obstruction nasale.
La prise de certains médicaments comme les somnifères et les anxiolytiques peut être responsable d’un SAOS.
Enfin, certaines anomalies des voies respiratoires sont parfois en cause, et il existe une prédisposition génétique à l’apnée du sommeil.

Faut-il consulter en urgence ?

La découverte de pauses respiratoires pendant le sommeil ne nécessite pas de soins en urgence. Le médecin traitant doit d’abord être consulté. D’après l’importance des symptômes, il prescrit un enregistrement polysomnographique.

Apnée du sommeil (SAOS) : TRAITEMENT

Quel est le traitement de l’apnée du sommeil ?

• Règles d’hygiène de vie : le traitement commence par l’application de règles simples : perdre du poids en cas de surpoids, cesser de fumer, éviter l’alcool et les somnifères, pratiquer un exercice physique régulier.
Il n’existe pas de médicament pour soigner l’apnée du sommeil. En cas d’obstruction nasale d’origine allergique, une prise en charge par un médecin peut améliorer les apnées.
Le fait de dormir sur le dos favorise les apnées, il est donc conseillé de dormir sur le côté, certains vêtements à porter la nuit empêchent de se remettre sur le dos pendant le sommeil.
Orthèse d’avancée mandibulaire
C’est un appareil qui se met en place dans la bouche pendant la nuit. L’objectif est d’augmenter l’espace entre la langue et l’arrière-gorge en poussant la mâchoire inférieure en avant. Il est indiqué en cas de SAOS léger à modéré, et si l’anatomie du patient le permet. La denture doit être en bon état. Il est fait sur mesure et sa prescription est faite par un médecin ORL.
• La ventilation en pression positive continue (PPC ou C-PAP)
C’est le traitement qui a fait la preuve de la meilleure efficacité. Une pompe insuffle de l’air dans les voies nasales de façon continue via un tuyau relié à un masque fixé sur le nez pendant la nuit. Cet appareil est aussi appelé C-PAP pour Continuous Positive Airway Pressure. Il peut provoquer un certain inconfort au début du traitement, qui tend à disparaître après quelques semaines d’accoutumance. Les effets positifs sur la vigilance diurne se font sentir après quelques semaines de traitement suivi toutes les nuits.
Les appareils de PPC ont fait beaucoup de progrès. Ils sont maintenant silencieux, d’un encombrement réduit et sont transportables facilement, lors d’un voyage par exemple.
• La chirurgie : dans certains cas particuliers, en cas d’échec de la PAP, un traitement chirurgical peut être proposé. Par exemple, une chirurgie du nez et des sinus, une amygdalectomie chez les enfants, ou, en cas d’obésité importante, une intervention de chirurgie bariatrique.

Quelle est l'évolution de l’apnée du sommeil ?

Un traitement bien suivi améliore la somnolence et la sensation de fatigue. En revanche, un malade non ou mal soigné verra son état s’aggraver progressivement. La qualité de vie s’altère et la somnolence peut provoquer un accident du travail ou de la route.
De plus, certaines maladies sont associées à l’apnée du sommeil et peuvent se manifester à plus ou moins long terme : des maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle, l’insuffisance coronarienne, l’infarctus et les troubles de rythme cardiaques. Un diabète de type 2 est aussi fréquemment lié au SAOS.
Le traitement de l’apnée du sommeil par CPAP a été associé à une amélioration de l’hypertension artérielle et du diabète de type 2, mais il ne suffit généralement pas à guérir seul ces affections.
Le risque cardiovasculaire des personnes ayant un syndrome d’apnées obstructives du sommeil n’est pas diminué par la ventilation en pression continue positive (infarctus du myocarde ou accident cardiovasculaire) dans une grande étude australienne, mais il n’est pas exclu que cet effet ne soit pas avéré chez les malades qui suivent le mieux ce traitement.

Apnée du sommeil (SAOS) : PREVENIR

Comment peut-on prévenir l’apnée du sommeil ?

La prévention du SAOS passe par le respect de règles de vie simples. Tout d’abord, le contrôle du poids par des mesures diététiques et la pratique régulière d’une activité physique. Car surpoids et apnée du sommeil sont souvent associés.
Il faut éviter le tabac, l’alcool, les médicaments somnifères et ceux contre l’anxiété qui aggravent les apnées.
Enfin, l’obstruction nasale, en particulier d’origine allergique, doit être traitée car elle favorise les apnées.

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